Israël en guerre - Jour 499

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Vacciné ! Et maintenant ? Un spécialiste israélien apporte des réponses

Nadav Davidovitch affirme que les nouvelles variantes rendent le retour à la normale encore plus difficile, mais apporte des conseils à une nation en quête d'immunité

Illustration : un petit-fils et sa grand-mère chez elle au Moshav Haniel, dans le centre d'Israël. Elle porte un masque par mesure de précaution contre la COVID-19. (Chen Léopold / Flash90)
Illustration : un petit-fils et sa grand-mère chez elle au Moshav Haniel, dans le centre d'Israël. Elle porte un masque par mesure de précaution contre la COVID-19. (Chen Léopold / Flash90)

Vous êtes Israélien, et vous êtes donc vacciné ou sur le point de l’être. Et maintenant ? Et qu’est-ce que signifie que le vaccin semble, d’après les dernières données, être efficace à 92 % ?

Avec la hausse des taux de vaccination et d’infection, les Israéliens ont de nombreuses questions. Et avec Israël en tête du classement du nombre de vaccinations par habitant, le reste du monde observe et s’interroge également.

Près de deux millions d’Israéliens ont reçu les deux doses de vaccin contre le coronavirus, et environ 3,3 millions ont reçu la première. Mais alors que le virus continue à faire rage et que le pays reste officiellement confiné, ce n’est – pour l’instant – pas la panacée que beaucoup espéraient.

Alors que beaucoup rêvaient qu’une semaine après leur deuxième injection, ils pourrait fêter cette protection vaccinale avec un verre de vin au restaurant ou lors d’une soirée dans un centre-ville animé, les personnes vaccinées célèbrent le début de cette immunité chez elles, l’endroit où elles sont bloquées depuis 11 mois.

Des travailleurs médicaux testent des personnes contre le coronavirus dans un drive-in de Lod, le 2 février 2021. (Crédit : Yossi Aloni / Flash90)

Le taux de transmission, c’est-à-dire le nombre moyen de personnes infectées par chaque patient porteur du virus, est remonté à environ 1 après être précédemment tombé en dessous de ce seuil crucial. (Tout taux supérieur à 1 signifie que le virus se propage de façon exponentielle.) Et les choses ne s’améliorent pas dans les hôpitaux : il y a 1 120 patients hospitalisés dans un état grave, soit 346 de plus que le nombre qui était considéré comme la ligne rouge à ne pas franchir pour que les services de santé fonctionnent correctement.

Tout cela laisse les Israéliens confrontés à une situation « très déroutante et frustrante », déclare l’épidémiologiste de premier plan Nadav Davidovitch, membre du comité consultatif formé par le responsable israélien de la lutte contre le coronavirus. Interrogé par le Times of Israël, il a abordé des questions que beaucoup de personnes vaccinées se posent actuellement.

Le professeur Nadav Davidovitch. (Autorisation de l’Université Ben Gourion du Néguev)

Il explique que le déploiement rapide du vaccin et sa grande efficacité sont définitivement une bonne nouvelle. Mais qu’en raison des variants qui se répandent rapidement, les Israéliens vaccinés ne peuvent pas bénéficier de ce qui ressemblerait à un retour à une vie normale, sans masque et distanciation sociale.

Davidovitch, professeur à l’université Ben Gourion et dirigeant du syndicat des médecins israéliens, affirme que, si les vaccins ont jusqu’à présent été efficaces contre les variants, ils ne permettent pas de considérer définitivement les personnes vaccinées comme à l’abri du virus.

Davidovitch a également fait écho à l’affirmation de la professeure Gili Regev-Yochay, directrice de l’unité d’épidémiologie des maladies infectieuses du Centre médical Sheba, selon laquelle, compte tenu des variants, Israël n’atteindra pas l’immunité collective tant que les vaccins ne seront pas approuvés pour les enfants. Actuellement, les vaccins ne sont administrés qu’aux individus de 16 ans et plus, bien qu’il soit question de les proposer à ceux âgés de 12 ans et plus à partir du printemps ou de l’été.

« Sans vacciner les enfants, nous n’atteindrons pas l’immunité collective », a déclaré Davidovitch. « Nous pensions que 60 à 70 % [de vaccinés dans la population] serait le chiffre cible pour une immunité collective. Mais les nouveaux variants apportent plus de transmissibilité, augmentant le seuil nécessaire pour l’immunité collective, qui pourrait maintenant être de
80 % ou même plus. »

« Étant donné qu’environ 30 % des Israéliens sont des enfants, nous n’y arriverons pas sans les vacciner », a-t-il ajouté.

Mais même une immunité collective ne conduirait pas à la fin de toutes les restrictions induites par le coronavirus, et Davidovitch pense que, avec les variants compliquant la situation, même les personnes vaccinées devront rester vigilantes.

Le gouvernement devrait publier prochainement des directives à suivre après le confinement, celui-ci devant se terminer ce vendredi à 7h. Il reste indéterminé si les nouvelles règles donneront ou non des privilèges aux personnes immunisées.

Mais alors que la population attend d’en savoir plus, Davidovitch apporte quelques réponses aux autres questions courantes que se posent les Israéliens immunisés.

The Times of Israël : Les premières données israéliennes suggèrent que les vaccins ont une efficacité d’environ 92 %. Les gens ne savent pas ce que cela signifie. Cela signifie-t-il que chaque personne vaccinée devrait s’attendre à ce que son immunité soit inefficace 8 % du temps ? Ou cela signifie-t-il que, pour quelques malchanceux de la population, le vaccin n’offre pas une protection significative ?

Nadav Davidovitch : Le second cas.

Parmi ces personnes, le vaccin offre-t-il quand même une quelconque protection ? Même s’il ne les empêche pas d’être infectées, réduit-il l’impact du virus ?

Oui, il semble que la protection contre la contraction d’un cas grave de la maladie ou la mort est très, très élevée. Il y en a probablement pour lesquelles le vaccin ne fonctionne peut-être pas du tout, et ce pour diverses raisons, mais c’est un très petit nombre.

Une infirmière prépare un vaccin dans un centre de vaccination contre la COVID-19 à Kiryat Ye’arim, le 25 janvier 2021. (Yonatan Sindel / Flash90)

Le pays souhaite désespérément un retour à la normale, mais cette perspective semble s’éloigner. Où en sommes-nous ?

Nous traversons une période tout à fait frustrante et déroutante. Nous avons entendu que les vaccins changeraient la donne, et ils le font, mais nous en apprenons toujours davantage sur leurs effets. Il est clair qu’ils sont très efficaces sur le plan personnel. Ils réussissent à très bien prévenir les sortes graves de la maladie et la mort. Seuls quelques individus ne restent pas protégés [malgré leur vaccination] et les effets indésirables après la vaccination sont relativement faibles – et sont bien tolérés par l’organisme.

Le vaccin semble être efficace sur les variants, peut-être moins efficace mais toujours efficace, même s’il y aura peut-être dans le futur un variant pour lequel ce sera peut-être moins vrai.

Mais le vaccin n’est pas la réponse à tout. L’immunité contre les vaccins n’est pas de 100 %. Et nous ne savons pas encore si les personnes vaccinées peuvent ou non encore transmettre le virus même si elles ne tombent pas malades. Cela est devenu une préoccupation plus grande au vu des variants que nous avons vu apparaitre, qui se propagent très rapidement.

Donc qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Nous devons encore être prudents. D’un autre côté, nous avons besoin d’un moyen pour revenir à une sorte de nouvelle normalité. La décision de ne pas exiger la mise en quarantaine des personnes vaccinées qui ont été exposées au coronavirus est valable.

Les directives du ministère de la Santé dans leur état actuel sont trop sévères pour les personnes vaccinées et je serais plus permissif et autoriserais certaines rencontres tout en demandant une limite. Je pense que le fait que les grands-parents puissent maintenant voir leurs petits-enfants serait acceptable, surtout lorsque ça se passe à l’extérieur, ainsi que d’autres scénarios.

Des grands-parents reçoivent la visite de leurs petits-enfants à Kfar Yona, le 21 avril 2020. (Chen Leopold / Flash90)

Qu’en est-il des réunions de famille ?

Nous devons éviter autant que possible les rassemblements de masse, en particulier dans des lieux clos. Les réunions familiales en plein air restent la meilleure possibilité. Mais ça peut aussi être convenable si toutes les personnes sont vaccinées et se réunissent dans une salle avec les fenêtres ouvertes.

Le hall d’arrivée vide de l’aéroport Ben Gourion, le 12 juin 2020. (Olivier Fitoussi / Flash90)

Un avis sur les voyages et l’idée de « passeports verts » ?

Les voyages internationaux resteront très problématiques pendant encore des mois en raison de la différence des taux de vaccination entre les pays et des variants. C’est ce qui explique l’hésitation sur la question d’un « passeport vert » [qui exempterait les personnes vaccinées et celles guéries du virus d’une quarantaine]. Mais si un tel avantage peut être une incitation à la vaccination, cela peut être un risque qui vaut la peine d’être pris, tout en introduisant des vaccins dans les pays peu développés ou en voie de l’être.

À quels autres changements pouvons-nous nous attendre ?

Le quotidien va changer et les personnes qui ont reçu leurs deux doses du vaccin vont pouvoir commencer à assister à de petits événements culturels, comme des petits concerts avec un contrôle à l’entrée, accessibles aux personnes vaccinées ou qui se sont rétablies du COVID-19, et aux autres qui auront subi un rapide test. Pour la prière, le plein air est toujours la meilleure option. L’idée de contrôle peut également fonctionner dans les synagogues, bien que les gens ne veuillent pas subir de tests durant Shabbat.

En une phrase, comment résumeriez-vous la façon dont les personnes vaccinées devraient se considérer, concernant le risque de contracter ou de transmettre la COVID-19 ?

Nous devons les traiter comme plus sûres, mais toujours avec une certaine prudence.

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