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Variant Delta : la menace d’un « été indien »

Les experts estiment que les campagnes de vaccination sont engagées dans une course contre la montre pour endiguer la nouvelle souche de la pandémie qui sévit dans le monde entier

Des personnels de santé portant une blouse et un masque regardent une manifestation "Open Texas" , état soumis au confinement en raison de la COVID-19, au Capitole de l'état du Texas, le 25 avril 2020. (Crédit : AP Photo/Eric Gay)
Des personnels de santé portant une blouse et un masque regardent une manifestation "Open Texas" , état soumis au confinement en raison de la COVID-19, au Capitole de l'état du Texas, le 25 avril 2020. (Crédit : AP Photo/Eric Gay)

Déjà responsable d’une reprise épidémique au Royaume-Uni depuis quelques semaines, le variant Delta, plus contagieux, pourrait provoquer un rebond à large échelle dès cet été si rien n’est fait pour le contrer précocement, avertissent spécialistes et autorités sanitaires.

Pour le moment, l’épidémie de Covid connaît une relative embellie avec un nombre de nouveaux cas rapportés dans le monde au niveau le plus faible depuis février et un nombre de décès en baisse, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Mais déjà plusieurs pays comme l’Indonésie, le Portugal, la Russie ou Israël connaissent une recrudescence de nouveaux cas, au moins en partie liée à la diffusion du variant Delta, et de nombreux autres craignent de leur emboîter le pas.

Identifiée pour la première fois en Inde, où elle s’est diffusée à partir du mois d’avril, cette sous-lignée du Sars-CoV-2 est désormais présente dans au moins 85 pays, selon l’OMS, à des proportions très variables.

En Europe, elle s’est d’abord diffusée très rapidement au Royaume-Uni, remplaçant en quelques semaines le variant Alpha, apparu fin 2020 dans le sud-est de l’Angleterre.

Le même scénario devrait se produire cet été dans le reste du continent: le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estime que le variant devrait représenter 70 % des nouvelles infections dans l’UE d’ici au début août et 90 % d’ici à la fin août.

Aux Etats-Unis, il est passé d’environ 10 % le 5 juin à 35 % des prélèvements positifs séquencés la semaine dernière. Une proportion comparable est observée en Israël.

Cette progression rapide s’explique par son « avantage compétitif » par rapport aux autres souches: on le juge 40 % à 60 % plus transmissible que le variant Alpha, lui-même plus contagieux que la souche dominante précédente, responsable de la première vague en Europe.

Une équipe de chercheurs français estime même cet avantage de transmission entre 50 % et 80 %, dans une étude non encore publiée à partir de données de la région parisienne.

Aussi, « tout relâchement au cours de l’été des mesures non pharmaceutiques qui étaient en place au début du mois de juin pourrait entraîner une augmentation rapide et significative du nombre de cas quotidiens dans tous les groupes d’âge », a prévenu mercredi l’ECDC.

Cette augmentation conduirait à une hausse des hospitalisations et des décès « qui pourrait atteindre les mêmes niveaux qu’à l’automne 2020 si aucune mesure supplémentaire n’était prise ».

Aux Etats-Unis, le conseiller scientifique de la Maison Blanche Anthony Fauci a également prédit mardi de « nouvelles poussées de l’épidémie », tout en estimant qu’elles devraient rester « localisées » et de moindre amplitude que les trois vagues précédentes.

Le président Donald Trump écoute le Dr Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases, qui s’exprime sur le Covid-19 en conférence de presse à la Maison Blanche, le 21 janvier 2021. (Crédit : AP/Alex Brandon)

« Seau d’eau sur le feu »

Face à cette menace, les autorités sanitaires appellent la population à « faire beaucoup mieux » en matière de vaccination, à l’instar du Premier ministre français Jean Castex, jeudi.

Car si, selon plusieurs études, les vaccins sont un peu moins performants contre le variant Delta que contre le variant Alpha et la souche historique, ils conservent un niveau d’efficacité élevé, à condition d’avoir reçu les deux doses.

Selon le vaccin, la protection est de 92 % à 96 % contre le risque d’hospitalisation et de 60 % à 88 % contre la forme symptomatique du Covid provoquée par le variant Delta, montrent des données des autorités britanniques.

Avec une seule dose, la protection contre la maladie est en revanche bien moindre (33 % selon l’étude britannique).

« Une dose ne suffit pas »: face au variant Delta « une vaccination complète est nécessaire pour protéger les plus vulnérables », martèle un document diffusé par l’ECDC à destination du grand public.

Ella, une Israélienne de 14 ans, se fait vacciner contre la cOVID-19 à l’aide du vaccin Pfizer/BioNTech dans un centre de la caisse d’assurance maladie Maccabi à Tel Aviv, le 6 juin 2021. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Augmenter la couverture vaccinale est donc nécessaire, mais sans doute pas suffisant, avertit l’épidémiologiste Antoine Flahault.

Au Royaume-Uni, « le rebond se fait essentiellement au détriment des personnes non encore vaccinées ». Mais « le niveau d’exigence de la couverture vaccinale minimum est plus élevé que ce qu’on pensait au départ ». Vu les réservoirs importants de non vaccinés, notamment les jeunes, « la stratégie vaccinale seule ne suffit pas », souligne-t-il auprès de l’AFP.

En effet, plus un virus est contagieux, plus le niveau de vaccination nécessaire pour atteindre l’immunité de groupe (le seuil au-delà duquel il ne parvient plus à circuler) est haut, explique à l’AFP Samuel Alizon, biologiste spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses.

Avec le variant Delta, les scientifiques s’accordent pour dire qu’il faudrait plus de 80 % de la population vaccinée, d’autant qu' »on ne peut plus trop compter sur l’immunité naturelle » des personnes ayant déjà contracté le Covid, car il y échappe au moins en partie.

Dans ces conditions, « jusqu’à ce que la plupart des personnes vulnérables soient protégées, nous devons maintenir la circulation du virus Delta à un niveau bas en adhérant strictement aux mesures de santé publique qui ont fonctionné pour contrôler l’impact des autres variants », a préconisé mercredi Andrea Ammon, directrice de l’ECDC.

Certains pays comme Israël ont déjà annoncé le retour de certaines restrictions, pour « prendre un seau d’eau et le verser sur le feu tant que celui-ci est encore limité », a justifié le Premier ministre Naftali Bennett.

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