Vente record d’un très ancien livre de prières juif lors d’enchères au Royaume-Uni
L'ouvrage, proposé aux côtés d'éditions de Harry Potter, s'est vendu 57 000 pounds. Richement illustré, il pourrait avoir appartenu au rabbin allemand du 18e siècle, Yaakov Emden
Un rarissime livre de prières juives, plusieurs fois centenaire, s’est vendu aux enchères beaucoup plus cher que prévu, à la grande surprise de ses vendeurs, qui l’avaient mis en vente « un peu par hasard », en plus d’une édition de Harry Potter.
Le volume avait été estimé entre 5 000 et 10 000 pounds, mais il s’est finalement vendu pour 57 000 pounds, 71 250 pounds toutes taxes et frais inclus.
Les vendeurs – Susan et Martin Wilson – sont des enseignants à la retraite originaires de Cumbria, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
Selon le site de vente Lancs Live, trois enchérisseurs étrangers se sont affrontés par téléphone, vendu le 5 septembre. Les informations disponibles n’ont pas permis d’identifier les soumissionnaires ou l’acheteur.
« Nous avons assisté à la vente, un peu incrédules », a déclaré Martin. « Nous n’en revenons pas. »
Les Wilson avaient en premier demandé à Hanson’s Auctioneer d’évaluer une édition de Harry Potter : l’ouvrage en hébreu n’a été présenté qu’en second rideau.
« Nous vendions une édition de Harry Potter avec Hansons et, un peu par hasard, nous avions pris avec nous ce livre de prières, pour le faire voir à leur expert des livres, Jim Spencer », a déclaré Martin à Fine Books and Magazine. « Il s’y est intéressé et a organisé une expertise ».
« On me l’a présenté en plus de ce qui était convenu », a confié Jim Spencer.
« Le vendeur était venu pour une édition de Harry Potter ».
« Avant de prendre congé, il a sorti un petit étui en cuir de son sac et m’a demandé si cela valait la peine d’y jeter un coup d’oeil. J’ai été bouleversé. C’est une pièce magnifique ».
Ilana Tahan, conservatrice principale des collections hébraïques et chrétiennes à la British Library, est venue examiner le livre.
Par ailleurs, « un homme venu de Londres est passé le voir et sa réaction a été incroyable », a déclaré Spencer.
« Il n’arrêtait pas de dire : ‘C’est d’une extrême importance.’ Il était réellement impressionné. Je n’avais jamais vu un client aussi subjugué ».
L’ouvrage appartenait à l’origine à l’oncle de Susan, qui vivait à Amsterdam, et son épouse en a hérité à sa mort. Elle est décédée l’été dernier, à l’âge de 98 ans, date à laquelle il est revenu à Susan.
« Nous pensons que c’est dans la famille depuis une cinquantaine d’années », estime Martin.
La première page de l’ouvrage comporte, en plus du titre, une illustration de Moïse avec les tables des Dix Commandements, accompagné de son frère Aaron en tenue de Grand Prêtre.
Il comprend des hymnes de Shabbat, la prière pour la nouvelle lune et des chants de louange.
Une inscription en hébreu dit que l’ouvrage a appartenu à Abraham ben (fils de) Meir Emden, en date du 13 du mois hébraïque de Shevat, 517 (ce qui signifie 5517 dans le système de date hébraïque), soit le 3 février 1757.
Il pourrait s’agir du petit-fils de l’éminent rabbin et talmudiste allemand Jacob Emden (1697-1776), mais cela reste à prouver.
Meir Emden (1717-1795) était lui-même rabbin et av beit din (juriste principal) à Constantine en Ukraine, selon les informations données par Fine Books and Magazine.