Yad Vashem distingue deux Justes originaires de la ville de Fougères
En 1943, le couple Joseph et Anna Sénéchal a recueilli Esther Kimel, Juive d’origine polonaise, et sa fille Anne-Marie, âgée de quelques mois
Joseph et Anna Sénéchal vont être reconnus comme Justes parmi les nations pour avoir sauvé une femme juive et son bébé pendant la Shoah.
Le mémorial de Yad Vashem va reconnaitre Joseph et Anna Sénéchal comme Justes parmi les nations à titre posthume. Cette distinction récompense les hommes et femmes non juifs qui ont protégé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale au péril de leur vie.
En 1943, le couple Sénéchal a recueilli Esther Kimel et sa fille Anne-Marie, âgée de quelques mois. Esther, Juive d’origine polonaise, avait fui Paris après l’arrestation de son mari Eugène. Des amis communistes du couple Kimel, Joseph et Jeanne Lefranc, ont alors aidé Esther et son bébé à fuir vers Fougères, en Bretagne, et les ont confiées à des parents chez qui elles ont vécu dans la clandestinité : les Sénéchal.
Après la libération en août 1944, Eugène est sorti de détention et les deux familles sont restées en contact jusqu’à la mort de Joseph en 1980.
Anne-Marie Kimel, le bébé sauvé, devenue Revcolevschi, a lancé des recherches pour retrouver les héritiers de la famille Sénéchal au début des années 2000. Grâce à un article paru en janvier 2021 dans la Chronique Républicaine, elle a finalement pu renouer le contact.
Ces retrouvailles ont permis à Anne-Marie d’entamer les démarches auprès du mémorial de Yad Vashem en France, puis à Jérusalem.
Elle a reçu la confirmation en décembre dernier que le couple serait reconnu comme Justes. Les noms de Joseph et Anna Sénéchal vont ainsi être inscrits sur le mur des Justes en Israël et au mémorial de la Shoah, à Paris. Cela porte le nombre de Justes parmi les Nations français à 4 208. Une cérémonie doit aussi se tenir à Fougères pour l’occasion.
Agrégée de lettres, Anne-Marie Revcolevschi a enseigné et travaillé pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et pour le ministère de l’Éducation nationale. Elle a dirigé la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2002 à 2009, alors présidée par Simone Veil et David de Rothschild. Elle a lancé et présidé de 2009 à 2017 le projet Aladin, qui œuvre à une meilleure connaissance mutuelle entre Juifs et musulmans. Elle a aussi eu des responsabilités dans diverses institutions juives de France, dont le comité Yad Vashem.