Yaïr Netanyahu évoque « la traîtrise » de l’armée dans la période qui a précédé le 7 octobre
Réagissant à l'ordre donné par la Haute-cour d'interrompre l'enquête sur Tsahal, le fils du Premier ministre a cité les informations qui avaient fait état de signalements et de consultations avant l'attaque, affirmant que son père n'avait pas été mis au courant
Le fils du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Yaïr, s’en est pris avec férocité à l’armée israélienne lundi, citant l’ordonnance intermédiaire émise par la Haute-cour de justice qui a sommé le contrôleur de l’État de suspendre l’ensemble de son enquête sur les manquements de l’armée et du Shin Bet en amont du 7 octobre – des échecs qui avaient empêché l’establishment de la sécurité israélienne d’anticiper et de prévenir en conséquence le massacre commis par le groupe terroriste du Hamas sur le sol israélien.
« Qu’est-ce qu’ils tentent de cacher ? S’il n’y a pas eu de traîtrise, alors pourquoi est-ce qu’ils ont si peur que des parties externes et indépendantes vérifient ce qui est réellement arrivé ? », a écrit le fils du Premier ministre sur X.
Les investigations menées par le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, ont suscité la controverse depuis l’annonce de leur lancement par le haut-responsable, au mois de décembre 2023. Des groupes de veille avaient déposé une requête auprès de la plus haute instance judiciaire d’Israël dénonçant cette initiative, affirmant qu’une telle enquête n’était pas du ressort du contrôleur de l’État et qu’elle était susceptible de porter atteinte aux capacités opérationnelles de l’armée israélienne.
Ils avaient aussi fait part de leurs inquiétudes face à la possibilité que ces investigations ne laissent de côté la responsabilité des politiques dans cette invasion dévastatrice. Tsahal et le Bureau du contrôleur de l’État avaient aussi fait part de leur opposition à cette enquête.
Dans son post, le jeune Netanyahu écrit qu’à « ce jour, aucune réponse n’a été apportée concernant la raison pour laquelle le Premier ministre n’a pas été tenu au courant de la discussion qui a eu lieu la nuit qui a précédé le 7 octobre ».
Une référence probable à une consultation téléphonique qui avait été lancée par le chef d’état-major Herzi Halevi, le 7 octobre vers cinq heures du matin, suite à un courriel qui avait été envoyé par une base militaire située à proximité de la frontière, pendant la nuit, qui avait averti qu’il y avait « certains signes qui émanent de Gaza ».
« Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas informé [le Premier ministre] du contenu qui figurait dans le rapport ‘Murs de Jéricho’ ? », a continué le jeune Netanyahu.
Un reportage paru au mois de décembre dans le New York Times avait prétendu que l’État juif avait obtenu le plan de bataille détaillé du Hamas plus d’un an avant le massacre – un document de 40 pages dont le nom de code était « Les murs de Jéricho ».
Le document avait fait état de tirs de barrage de roquettes, de drones détruisant des caméras de sécurité et les systèmes de défense automatisés, puis de terroristes franchissant la frontière côté israélien en parapente, en voiture et à pied – autant d’éléments qui avaient été au cœur de l’attaque du 7 octobre.
« Pourquoi les chefs de l’armée et des renseignements ont-ils toujours dit au Premier ministre que le Hamas était dissuadé d’attaquer Israël ? Où était l’armée de l’air le 7 octobre ? », poursuit Netanyahu dans sa publication.
Une publication qui se termine en statuant « qu’une commission d’enquête d’État » – une commission qui est réclamée par les groupes de veille – « est présidée par un juge de la Haute-cour de justice, avec pour conséquence qu’elle est presque toujours utilisée comme couverture par la gauche ».
Le système judiciaire est une cible fréquente de la droite de l’échiquier politique – et cela a été le cas en particulier de la part du gouvernement de Netanyahu qui avait tenté de limiter le pouvoir de la Cour suprême dans l’année qui avait précédé le début de la guerre. Une initiative qui avait suscité une controverse majeure et des manifestations à grande échelle d’Israéliens inquiets à l’idée que la justice ne perde définitivement son indépendance – et le pays sa démocratie.
Toujours polémique
Yaïr Netanyahu est connu pour ses publications provocatrices sur Internet, des provocations sur les réseaux sociaux qui lui ont valu les foudres de la justice.
Samedi, il avait partagé un post qualifiant les principaux responsables de la sécurité israélienne « d’erreurs fatales ».
Le mois dernier, il avait partagé une vidéo montrant un réserviste qui, le visage masqué, prêtait allégeance au Premier ministre tout en menaçant de mutinerie le chef d’état-major, Halevi, et le ministre de la Défense Yoav Gallant si Tsahal devait renoncer à son objectif de « victoire complète » contre le Hamas.
Au mois de décembre, il avait « liké » un post, sur les réseaux sociaux, qui accusait Halevi d’avoir lancé de facto un coup d’État militaire le 7 octobre, affirmant que le chef de Tsahal avait été averti au préalable de l’assaut meurtrier du Hamas et qu’il n’avait pas transmis cette information au Premier ministre.
Ces attaques ostensibles ne sont pas l’apanage du plus jeune fils de Netanyahu – ainsi, dimanche, le chef de gouvernement aurait lui aussi dit à ses ministres que « nous sommes un pays doté d’une armée, pas une armée dotée d’un pays ».
Yaïr Netanyahu, qui réside dorénavant près de Miami, serait parti en Floride, l’année dernière, après que le Premier ministre et son épouse Sara lui ont demandé de cesser ses publications sur les réseaux sociaux et de ne plus s’entretenir directement avec les députés ou avec les ministres – le fils du chef de gouvernement étant, à ce moment-là, largement accusé d’attiser les tensions en Israël et d’exacerber une crise diplomatique avec les États-Unis.
Yaïr Netanyahu a également été critiqué pour être resté aux États-Unis malgré le déclenchement de la guerre, alors que des dizaines de milliers d’Israéliens sont, eux, rentrés pour gonfler les rangs des plus de 360 000 réservistes qui ont été rappelés.