Yom Yeroushalayim : la police en état d’alerte maximale
Les groupes terroristes palestiniens ont menacé de "répondre" en cas de violences lors de la Marche des drapeaux ou si des participants se rendaient au Mont du Temple
La police israélienne est en état d’alerte dimanche à Jérusalem à l’occasion de la « marche des drapeaux », défilé marquant la conquête de la partie orientale de la ville par Israël, sur fond de craintes d’un nouvel embrasement.
L’an dernier, lors du jour prévu pour cette marche selon le calendrier hébraïque et après des jours de violences israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est, le groupe terroriste islamiste du Hamas avait lancé des salves de roquettes sur Israël, prélude à une guerre de 11 jours entre les deux camps.
Pour ce dimanche, la police s’est placée en état d’alerte et indiqué avoir mobilisé 3 000 officiers pour la marche qui doit débuter à 16H00 locales.
En outre, la police a annoncé qu’un certain nombre de rues de Jérusalem seront fermées à la circulation à l’approche de la Marche des drapeaux.
לקראת מצעד הדגלים בירושלים יחסמו לתנועה ב14 הרחובות:בצלאל, המלך ג'ורג', אגרון, קריב, שלמה המלך, בר לב, סולטן סולימאן וחטיבת ירושלים.
להלן מסלול המצעד. @IL_police @GLZRadio pic.twitter.com/j8g8XMZLL2— בני כבודי (@benikvodi) May 29, 2022
Les routes suivantes seront fermées à la circulation : Bezalel, King George, Agron, Yitzhak Kariv, King Solomon, Bar Lev, Sultan Suleiman et Hativat Yerushalayim.
Les groupes terroristes palestiniens ont menacé de « répondre » en cas de violences lors de la marche, voire si des participants se rendaient au Mont du Temple, le site le plus sacré du judaïsme et troisième lieu saint de l’islam.
« Nous n’allons pas hésiter à user de tous les moyens possibles pour stopper une (éventuelle) incursion sur nos sites sacrés. Israël en paiera le prix fort », a déclaré samedi à l’AFP Ghazi Hamad, un membre du bureau politique du Hamas, le groupe terroriste islamiste au pouvoir à Gaza qui dit combattre une « judaïsation » de ce site.
Alors que la matinée tendue du jour de Jérusalem a débuté, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a déclaré que « la résistance ne peut pas rester les bras croisés face aux abus de l’occupation ».
« [Israël] semble ne pas avoir bien compris les messages de la résistance », a déclaré Barhoum au réseau libanais al-Mayadeen.
Des affrontements mineurs ont eu lieu ce matin sur le Mont du Temple, point névralgique, entre la police israélienne et des émeutiers palestiniens.
Des centaines de Juifs prévoient de monter au sommet de la colline pour célébrer Yom Yeroushalayim, au cours duquel le lieu saint est passé sous contrôle israélien.
« La résistance a établi des équations claires selon lesquelles Jérusalem, Al-Aqsa et le sang palestinien sont des lignes rouges », a clamé Barhoum.
Mais Barhoum s’est abstenu d’émettre toute menace ou ultimatum concret, comme le Hamas l’a fait l’année dernière à l’approche de la guerre.
La Marche des drapeaux marque pour Israël la « réunification » de la Ville sainte après l’annexion, en 1967 de sa partie palestinienne. Son trajet historique passe par la Vieille Ville située à Jérusalem-Est, sans faire de crochet par le mont du Temple, au cœur des tensions israélo-palestiniennes.
Dimanche matin, des centaines de fidèles ont assisté aux prières du matin au mur Occidental. Les prières se sont déroulées sans incident majeur.
Le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir a expliqué dimanche sa décision de se rendre sur le Mont du Temple quelques heures avant la Marche des drapeaux, malgré les menaces du groupe terroriste Hamas.
« Cela augmente ma motivation. Que se passerait-il si le Hamas menaçait de fermer l’État d’Israël ? Aujourd’hui, c’est le Mont du Temple, demain la Porte de Naplouse, et puis peut-être aussi Jaffa, Lod et Tel Aviv », déclare le législateur à la chaîne publique Kan.
En arrivant sur place, Ben Gvir a réitéré le fait qu’il était en droit de se rendre sur le site.
« Au fil des années, chaque fois que nous vivons ici, ils disent que cela les dérange. Alors quoi, nous devrions retourner en Europe ? » a déclaré le député provocateur.
Test calculé ?
Malgré les pressions, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a assuré que la marche « se déroulera selon le trajet prévu, comme c’est le cas depuis des décennies », c’est-à-dire en passant par la Vieille Ville mais sans faire de détour par l’esplanade.
La marche est un « test personnel, voire un test de personnalité » pour M. Bennett, pour marquer sa différence par rapport à son prédécesseur, Benjamin Netanyahu, au pouvoir l’année dernière pendant la marche et la guerre, note le grand quotidien Yediot Aharonot.
« Netanyahu avait balbutié, hésité, pris une décision (d’autoriser la marche), pour ensuite se rétracter (sur le tracé) en raison des menaces du Hamas et nous avions eu malgré tout un barrage de roquettes (…) Bennett a opté pour une stratégie opposée, avec une politique calme et calculée (…) », poursuit le Yediot.
Quel est ce calcul ? « Que le Hamas n’a aucun intérêt à se lancer dans une nouvelle guerre (…) car il se focalise sur la reconstruction de Gaza », estime Shlomo Mofaz, analyste sécuritaire et ex-haut gradé du renseignement militaire israélien.
Au cours des derniers mois, Israël a accordé des milliers de permis de travail sur son territoire à des Palestiniens de Gaza, dont le salaire sert à redonner un souffle économique à cette enclave minée par un chômage endémique.
« Saper la stabilité sécuritaire menacerait ses efforts et les progrès (économiques) », a déclaré samedi soir en allusion au Hamas, le commandant israélien Ghassan Alian.
« Evitez l’escalade ! »
Si le Hamas n’a pas intérêt économiquement à causer une escalade, des violences à Jérusalem avec des blessés ou des morts palestiniens pourraient le pousser, ou d’autres groupes palestiniens armés comme le Jihad islamique, à passer à l’offensive, note M. Mofaz.
Autre élément en jeu : l’Iran, ennemi N.1 d’Israël et soutien du Hamas et du Jihad islamique.
Selon le New York Times, Israël a indiqué à Washington être responsable de la mort de Sayyad Khodaï, un important officier des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, tué par balles le 22 mai près de Téhéran.
« Peut-être qu’ils (les Iraniens) vont encourager (le Hamas ou le Jihad islamique) à briser la routine » et lancer des roquettes sur Israël, note M. Mofaz.
Le médiateur en chef de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a lui appelé Israéliens et Palestiniens « à faire preuve d’une retenue maximale » afin « d’éviter un nouveau conflit qui ne fera que plus de morts ».
« Le message de la communauté internationale est clair : évitez une nouvelle escalade. »