Yossi Beilin traite les politiciens qui font l’éloge de Ben Eliezer d’hypocrites
L'ancien ministre souligne que le défunt ministre était ‘agressif’ et un ‘politicien destructeur’ et note son inculpation pour corruption
Se démarquant du flux d’éloges qui ont accompagné l’annonce du décès de l’ancien ministre de la Défense, Binyamin Ben-Eliezer, qui est décédé dimanche, l’ancien ministre Yossi Beilin a critiqué la politique du défunt – et a accusé ceux qui ne l’ont pas suivi d’être coupable d’ « hypocrisie », dans des interviews accordées dimanche soir et lundi matin.
Alors que la nouvelle était annoncée que Ben-Eliezer, qui souffrait depuis longtemps d’une maladie reinale, avait succombé à des complications suite à une dialyse de routine dimanche, les politiciens de tous bords ont publié des déclarations faisant référence à l’ancien général et homme d’État, qui s’est présenté une fois pour la présidence, en tant que « brave guerrier » et comme à quelqu’un qui aimait Israël.
Mais Beilin, qui a servi aux côtés de Ben-Eliezer dans le parti travailliste, ne se souvient pas de Ben-Eliezer comme un homme d’Etat raffiné mais comme d’ « un homme politique destructeur et agressif », dans une interview accordée à la Première chaîne dimanche soir.
« C’est une nuit triste, mais je ne suis pas prêt à participer au ‘on ne dit pas du mal des morts’ », a déclaré Beilin.
« C’était un homme politique qui n’aurait pas dû être candidat à la présidence d’un parti comme le parti travailliste », a-t-il estimé.
Ben-Eliezer, connu en Israël par son surnom Fuad, a été candidat à la présidence en 2014 et était considéré comme un candidat fort pour le poste essentiellement symbolique – et habituellement réservé aux politiciens bien-aimés au crépuscule de leur carrière – avant d’être contraint d’abandonner lorsque des rumeurs de greffe ont été soulevées.
Beilin a d’abord rencontré Ben-Eliezer en 1984. Suite à l’élection de cette année, Beilin a été nommé secrétaire du cabinet, tandis que Ben-Eliezer a servi à la Knesset en tant que membre de Yahad, un parti centriste, qui n’a pas fait long feu.
Quatre ans plus tard, Yahad a été dissous et aussi bien Beilin que Ben-Eliezer ont servi au sein du Parti Alignement, le prédécesseur du parti travailliste d’aujourd’hui.
Au cours des 15 années qui ont suivi, Beilin a ensuite occupé plusieurs postes ministériels, y compris le poste de ministre de la Justice et celui de ministre du Cabinet du Premier ministre, avant d’abandonner la vie politique en 2008. Ben-Eliezer a également été nommé à des postes ministériels mais il a connu son apogée en 2001 quand il a été nommé ministre de la Défense par le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon.
Toutefois, selon Beilin, ce n’était qu’une façade. « Sharon occupait réellement ce poste », a-t-il confié.
Les années de Ben-Eliezer dans la politique et l’armée israélienne ainsi que ses efforts visant à établir des relations entre Israël et le monde arabe font de lui une figure singulièrement populaire et bien considérée à la fois dans le hall du pouvoir d’Israël et ailleurs dans la région.
Mais pas pour Beilin, qui a dit de l’ancien général de Tsahal, qui a émigré en Israël de l’Irak en 1950, qu’il a gâché son service militaire et ses réalisations personnelles avec une carrière politique qui a pris fin avec un procès pour corruption.
« Je souhaite que les autres années, les années de son immigration et de son service militaire, étaient plus propres que ses années dans la politique israélienne », a déclaré Beilin, d’une voix monotone.
Yaakov Eilon, le présentateur du journal de la Première chaîne, a admis avoir été « choqué » par les propos de Beilin.
Lundi matin, l’ancien ministre de la Justice a été invité à parler au micro de la radio militaire afin de clarifier sa déclaration.
Dans l’interview à la radio, Beilin a refusé de revenir sur ses propose et a continué à accuser ses collègues de duplicité.
« [C’était] le vilain homme politique dans la politique israélienne », a déclaré Beilin.
« Dites-moi, n’avez-vous pas honte de vous-mêmes ? », a-t-il demandé à ses collègues politiciens de manière rhétorique.
La procédure pénale contre Ben-Eliezer a commencé en janvier 2015, lorsque le procureur général de l’époque, Yehuda Weinstein, a accepté une recommandation de la police d’inculper l’homme politique et dix de ses associés.
Ben-Eliezer a été inculpé en décembre par les procureurs d’Etat pour avoir prétendument exigé et reçu plus de 2 millions de shekels d’hommes d’affaires en échange d’actions qu’il aurait acquis en tant que fonctionnaire.
En mai, les procureurs de l’État ont proposé à Ben-Eliezer une négociation de plaidoyer visant à punir l’octogénaire, sans le forcer à purger une peine de prison. On lui a offert la possibilité de payer une amende de 11 millions de shekels au lieu de purger une peine de prison.