Zelensky à Sharansky: Israël, un des seuls pays qui peut aider à défendre notre ciel
Le président ukrainien a rencontré les membres du conseil d'administration du mémorial de Babi Yar à Kiev, et s'est engagé à ce que le gouvernement soutienne l'expansion du musée
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré mardi soir à Kiev Natan Sharansky, ancien ministre israélien et président du conseil d’administration du Mémorial de la Shoah de Babi Yar. Il a souligné l’importance pour Israël d’adopter une position ferme en faveur de l’Ukraine dans le cadre du conflit avec la Russie.
« Il a dit que la neutralité ne faisait qu’encourager un rapprochement entre la Russie et l’Iran », a déclaré Sharansky lors d’une conversation téléphonique avec le Times of Israel immédiatement après la réunion, qui a duré 20 minutes.
« Il a parlé de l’importance de protéger l’espace aérien et il a dit qu’Israël était l’un des rares pays qui pourrait être en mesure de protéger les Ukrainiens », a poursuivi l’ancien prisonnier de Sion.
Ces dernières semaines, alors que la Russie s’est de plus en plus appuyée sur des drones fabriqués en Iran dans ses attaques contre l’Ukraine, Kiev a intensifié ses pressions sur Israël, demandant à l’État juif de partager son expertise et sa technologie en matière de défense antiaérienne.
Le chef de cabinet de Zelensky, Andriy Yermak, n’a pas répondu à notre demande de réaction sur cette réunion de mardi.
Zelensky s’est entretenu pendant 45 minutes avec Sharansky, ancien responsable de l’Agence juive, et avec trois autres membres du conseil d’administration de Babi Yar. L’homme d’affaires ukrainien Victor Pinchuk était également présent lors de cette réunion tandis que l’ancien sénateur américain Joe Lieberman et le milliardaire américain Ronald Lauder y ont participé via Zoom.
Zelensky a assuré aux personnes présentes que son gouvernement continuerait à soutenir la construction d’un nouveau musée dans le ravin où quelque 34 000 Juifs avaient été fusillés en 1941, les corps ayant été ensevelis dans cette immense fosse commune.
Le projet prévoit l’ouverture d’un musée racontant l’histoire de la « Shoah par balles », au cours de laquelle près de deux millions de Juifs ont été abattus sur l’ancien territoire soviétique par les nazis et par leurs collaborateurs locaux. Le Conseil du mémorial de Babi Yar recueille actuellement des éléments permettant d’approfondir encore les connaissances sur ces crimes.

Selon Sharansky, le président ukrainien aurait ajouté que l’invasion russe donnait encore plus de sens à la commémoration de la Shoah, car « il faut parler des leçons de l’Histoire qui n’ont pas été apprises. »
Le Conseil avait décidé de se réunir à Kiev pour faire part de son soutien à l’Ukraine et c’est Zelensky lui-même qui a proposé de rencontrer le groupe.
Même si Zelensky semblait beaucoup plus fatigué que lors de sa dernier entretien avec Sharansky, qui avait eu lieu peu avant la guerre, « il n’y a pas de solennité ni de distance », a déclaré l’ancien président de l’Agence juive à propos du dirigeant ukrainien. « Il est vif. J’ai vraiment apprécié de parler avec lui. »
Aucun photographe officiel n’étant présent à la rencontre, c’est Yermak qui s’est porté volontaire.
Sharansky, né dans la ville ukrainienne de Donetsk, s’est rendu à Varsovie lundi avec sa conseillère, Naomi Ben Ami, ancienne ambassadrice d’Israël en Ukraine. Ils ont passé la nuit dans une ville située à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, avant de rentrer en Ukraine mardi matin en voiture.

Ils visiteront Babi Yar mercredi et se rendront dans les banlieues, témoins des derniers massacres russes. Ils iront notamment à Bucha.
Sharansky a déclaré que Kiev en guerre lui rappelait Israël, où « les soldats font désormais partie de la vie, devant les cafés et devant les restaurants. »
Sharansky soutient ouvertement l’Ukraine depuis que la Russie a envahi son territoire fin février, et il a exhorté les responsables israéliens à réexaminer leur politique de relative neutralité face au conflit.
La semaine dernière, il a participé, avec Yermak, à une vidéoconférence avec des dirigeants d’organisations juives, et il leur a demandé avec vivacité de faire pression sur Jérusalem de manière à ce que l’État juif fournisse des systèmes de défense antiaérienne à Kiev.
« Notre devoir est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’Israël agisse en ce sens », a affirmé Sharansky. « Le peuple ukrainien en a besoin – mais nous aussi, nous qui faisons partie du monde libre, nous en avons besoin, car [le président russe Vladimir] Poutine a empiété sur les fondations du monde libre et qu’il veut nous priver de cette liberté. »

Bien que le pays ait envoyé à plusieurs reprises de l’aide humanitaire à l’Ukraine et tout en continuant à exprimer sa sympathie pour la situation difficile dans laquelle se trouve le pays, Israël a systématiquement rejeté les demandes de Kiev concernant d’éventuelles livraisons d’armes de défense, en particulier portant sur les systèmes de défense antimissile qui pourraient être utilisés pour repousser les frappes aériennes russes.
Le refus d’Israël serait une tentative, de la part de Jérusalem, de maintenir des liens avec Moscou, en raison du contrôle russe de l’espace aérien syrien, où l’armée de l’air israélienne a effectué des centaines de sorties pour, selon elle, lutter contre des livraisons d’armes iraniennes à des groupes terroristes et pour empêcher les groupes soutenus par Téhéran de s’y implanter.