170 000 recherches antisémites sur Google chaque année au Royaume-Uni – étude
Une nouvelle étude révèle une forte hausse du nombre de recherches après la réunion entre Jeremy Corbyn et des représentants juifs sur l'antisémitisme dans son parti
Environ 170 000 recherches au contenu antisémite sont réalisées chaque année sur Google au Royaume-Uni, d’après une nouvelle étude parue vendredi.
Le rapport, publié par le Community Security Trust (CST) et l’AntiSemitism Policy Trust, affirme qu’environ 10 % de ces recherches contenaient un langage ou des intentions violents – les termes « diaboliques » et « racistes » étant les plus souvent associés aux Juifs dans les recherches.
Cependant, le nombre de recherches « les Juifs sont-ils diaboliques ? » a baissé de 10 % après le retrait de la phrase des suggestions de recherche par Google. Cette fonction de suggestion aurait poussé davantage de gens à réaliser des recherches antisémites, d’après l’étude.
La plupart des recherches antisémites sur Google concernent des blagues sur les Juifs, le rapport notant que ceux qui recherchent des blagues sur les Juifs sont également enclins à en chercher sur d’autres minorités. Par ailleurs, les recherches contenant l’adjectif « juif » seraient possiblement moins racistes que celles comportant le nom « Juif ».
La région comptant le plus de recherches antisémites est le Pays de Galles, d’après l’enquête, tandis que celles-ci sont aussi fréquentes dans les villes votant principalement pour le Labour que dans les villes qui soutiennent principalement le parti conservateur.
Le rapport note un bond de 79 % des recherches antisémites au mois d’avril, la plupart réalisées le lendemain de la rencontre entre le parti travailliste et des représentants juifs organisée pour discuter de l’antisémitisme rampant au sein du parti.
Le Labour croule sous les accusations d’antisémitisme sous la direction de Corbyn, qui se retrouve souvent sous le feu des critiques après plusieurs incidents : ses remarques sur les sionistes britanniques qui ne comprendraient pas l’ironie britannique, sa participation à un hommage à des terroristes palestiniens, l’adoption partielle de la définition de l’antisémitisme élaborée par l’Alliance internationale pour le souvenir de l’Holocauste (IHRA) — qu’il avait tentée de minimiser sans succès en intégrant une précision estimant qu’accuser Israël de comportement raciste n’était pas antisémite.
Il s’est également fait houspiller pour la faiblesse de sa réaction à des déclarations antisémites réalisées par des alliées de son parti.
L’étude, qui prend en compte des données issues de la période 2014-2018, enregistre une hausse de 25 % des recherches du mot « sionisme » en avril 2016 après les propos de l’ancien maire de Londres et soutien de Jeremy Corbyn, Ken Livingstone, affirmant qu’Adolf Hitler soutenait le sionisme « avant de devenir fou et de tuer six millions de Juifs ». Il fut ensuite suspendu par le Labour pour ses remarques, avant de finalement quitter le parti en mai.
Parmi les révélations notables de ce rapport : les recherches concernant les Rothschild, une famille de banquiers juive faisant régulièrement l’objet de théories conspirationnistes, sont supérieures à celles portant sur d’autres célébrités contemporaines juives, ainsi qu’une hausse de 30 % des recherches antisémites après la victoire d’Israël à l’Eurovision.