Corbyn et sa visite sur les tombes des terroristes du massacre des JO de Munich
Le dirigeant du labour était en Tunisie en 2014, pour honorer couronne de fleurs à la main ceux qui, selon lui, ont été "tués par des agents du Mossad à Paris en 1991"
Le dirigeant du Labour britannique Jeremy Corbyn a fait samedi l’objet de nouvelles critiques après la publication de photos où il apparaît tenant une couronne de fleurs lors d’une cérémonie dans un cimetière tunisien en 2014.
Sur les clichés, Corbyn se tient près des tombes des terroristes palestiniens impliqués dans le massacre de 11 athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972.
Corbyn avait évoqué dans les médias une visite en Tunisie pour marquer l’anniversaire de l’attaque anti-israélienne de 1985 contre le siège de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il avait alors déposé une couronne de fleurs dans un cimetière commémorant des terroristes palestiniens qui auraient été tués par les forces israéliennes.
Les photos publiées par le Daily Mail samedi semblent montrer Corbyn devant une plaque honorant les membres de l’organisation terroriste Septembre Noir, à 13 mètres environ des tombes des personnes tuées lors de l’attaque aérienne de 1985.
Une image, dont on dit qu’elle provient des archives de l’ambassade palestinienne en Tunisie, semble montrer le chef de l’opposition britannique participant à la prière islamique.
Here's Jeremy Corbyn, laying a wreath at an event honouring members of Black September, a terrorist group that murdered 11 Israeli athletes in Munich. pic.twitter.com/GE7KS2KRRC
— Jimmy Rushton (@JimmySecUK) August 10, 2018
Dans l’article publié après le voyage, l’actuel chef de l’opposition semble se référer à la tombe de l’un des instigateurs du massacre de Munich.
« Après avoir déposé des couronnes sur les tombes de ceux qui sont morts ce jour-là [à Sabra et Shatila] et sur les tombes d’autres tués par des agents du Mossad à Paris en 1991, nous sommes allés voir la statue décorée de drapeaux palestiniens et tunisiens, de l’avenue principale de la ville côtière de Ben Arous, » a-t-il écrit.
Corbyn avait honoré la mémoire d’Atef Bseiso, qui était à la tête des services de renseignement de l’OLP et était impliqué dans le meurtre des athlètes israéliens dans le cadre de l’opération terroriste Septembre Noir à Munich en 1972. Bseiso a été tué à Paris en 1992.
A l’époque, les porte-paroles de Corbyn ont déclaré au président du Board of Deputies Jonathan Arkush : « Jeremy Corbyn condamne le massacre de Munich et ses auteurs, et que ce à quoi il assistait n’avait rien à voir avec Atef Bseiso, mais qu’il s’agissait plutôt d’un événement pour commémorer l’attentat à la bombe de 1985 au siège de l’OLP ».
Lors de l’attaque du village olympique de Munich en septembre 1972 par le groupe terroriste palestinien Septembre Noir, 11 Israéliens ont été pris en otage. Deux ont été assassinés dans le village olympique et neuf autres ont été exécutés à l’aéroport. Un policier allemand a été tué dans une fusillade avec les terroristes au cours d’une tentative de sauvetage bâclée.
Selon le Daily Mail du samedi, les photos de la cérémonie montrent Corbyn devant une plaque honorant le fondateur de Septembre Noir Salah Khalaf, ses proches Fakhri al-Omari et Hayel Abdel-Hamid, chef de la sécurité de l’OLP. Juste à côté se trouve la tombe de Bseiso. On pense généralement qu’ils ont tous été assassinés soit par le Mossad, soit par des factions palestiniennes rivales.
Samedi, les Amis d’Israël du Labour ont fustigé le chef du parti pour sa visite.
« Il est difficile de croire quiconque souhaite honorer les terroristes derrière le massacre brutal de 11 athlètes israéliens à Munich », a déclaré Jennifer Gerber, directrice de l’organisation, au Daily Mail.
« Cependant, il n’est malheureusement pas du tout surprenant que ce soit le cas de Jeremy Corbyn. D’autres considéreront à juste titre que c’est totalement dégoûtant », a-t-elle dit.
ITV News a rapporté samedi que des sources du Labour ont précisé que Corbyn avait déjà répondu à des questions concernant sa visite au cimetière l’an dernier : « J’étais en Tunisie lors d’une conférence palestinienne et j’ai pris la parole lors de cette conférence palestinienne et j’ai déposé une couronne à tous ceux qui sont morts dans l’attaque aérienne qui a eu lieu à Tunis, au siège des organisations palestiniennes. » avait-il dit.
« Et j’étais accompagné d’autres personnes qui étaient à une conférence pour la paix. »
L’article est paru le lendemain du jour où Corbyn avait été fustigé car on le voyait dans une vidéo comparer la domination militaire israélienne en Cisjordanie à l’occupation nazie des pays européens pendant la Seconde Guerre mondiale.
EXCLUSIVE – In 2013 @JeremyCorbyn spoke at an event hosted by the Palestinian Return Centre in which he made a direct comparison between Israel’s occupation of the West Bank and the Nazi occupation of Europe during WW2. Watch until the end… pic.twitter.com/POMfsX5APq
— The Golem (@TheGolem_) August 10, 2018
Dans cette vidéo, qui a été partagée par l’utilisateur de Twitter The Golem, Corbyn dit que les Palestiniens de Cisjordanie vivent « sous une occupation du même genre que celle qu’ont connues de nombreuses personnes en Europe ayant souffert de l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale, avec les interminables barrages routiers, l’emprisonnement, le comportement irrationnel des militaires et de la police ».
La vidéo aurait été filmée lors d’un événement organisé en 2013 par le Palestine Return Centre, alors que Corbyn était un député du Labour relativement inconnu.
La vidéo a été diffusée alors que Corbyn continue d’être critiqué pour des allégations d’antisémitisme dans le Labour et quelques jours seulement après qu’une interview de 2011 a émergé de lui accusant la BBC d’avoir un « parti-pris » en faveur du droit à l’existence d’Israël.
Un porte-parole du parti travailliste a rejeté les critiques selon lesquelles Corbyn compare Israël aux nazis.
« Jeremy décrivait les conditions d’occupation de la Seconde Guerre mondiale en Europe, dont il existe de multiples exemples, ne comparant pas l’État israélien aux nazis », a déclaré le porte-parole de Sky News.
Les commentaires ne sont que la dernière vague d’une crise de longue durée du parti, avec un flot constant de membres et d’éminents fonctionnaires qui sont chassés ou blâmés pour commentaires antisémites et virulents anti-israéliens, et Corbyn lui-même est critiqué pour avoir toléré et/ou fait partie du problème.
Les commentaires ont été condamnés par des rabbins, y compris le grand rabbin du Royaume-Uni, ainsi que par certains députés du Labour, accusant le parti et son chef de ne pas pouvoir ou de ne pas vouloir éradiquer de manière décisive les membres antisémites dans les rangs du parti.
Dans une publicité pleine page publiée vendredi dans l’édition écossaise du Jewish Telegraph, un ancien dirigeant du Labour écossais a critiqué le Labour et Corbyn pour leur gestion de l’antisémitisme au sein du parti.
« Le Parti Labour devrait jouer un rôle important dans la lutte contre l’antisémitisme », a écrit Jim Murphy. « Mais au lieu de cela, mon parti semble maintenant avoir délibérément tourné le dos aux Juifs britanniques. C’est aussi inexplicable que destructeur. »
Murphy a pris pour cible Corbyn personnellement, l’accusant de « ne pas en faire assez pour expulser les antisémites que l’on trouve au sein de la base et du Labour en ligne ».
Au cœur de la crise de l’antisémitisme du Labour figure le refus du parti d’adopter intégralement la définition de l’antisémitisme de l’International Holocaust Remembrance Alliance, laissant de côté quatre des onze exemples inclus dans la définition. Les quatre ont trait à l’exclusion injuste d’Israël ou à la remise en question de la loyauté des Juifs qui soutiennent Israël.
La délégation britannique à l’IHRA a interpellé le parti sur la question mardi, déclarant dans une déclaration publiée par le Guardian que « toute version » modifiée « de la définition de l’IHRA qui n’inclut pas ses 11 points ne constitue plus la définition de l’IHRA. L’ajout ou la suppression d’une langue sape les mois de diplomatie internationale et la rigueur académique qui ont permis à cette définition d’exister.
Si une organisation ou une institution peut modifier le libellé pour répondre à ses propres besoins, alors, logiquement, n’importe qui d’autre pourrait en faire de même. Nous reviendrions une fois de plus à un monde où l’antisémitisme n’est pas abordé simplement parce que différentes entités ne peuvent pas s’entendre sur son essence. »
Le quotidien britannique de gauche a également rendu compte mardi des défis en cours au sein du Conseil national exécutif (NEC) du Labour à propos de l’expulsion de membres qui expriment ou facilitent les sentiments antisémites au sein du parti.
Sur les 70 cas d’expressions antisémites de membres du parti envoyés à la NEC par les responsables du parti pour examen, « seule une minorité a été prise en considération par la NEC en raison de contraintes de temps », dit le Guardian.
Les plaintes comprenaient des membres du parti qui prétendaient que le lobby israélien avait inventé la crise de l’antisémitisme, ou que la politique d’Hitler sur le sionisme « pourrait ne pas être mutuellement exclusive avec ses actions ultérieures » (c’est-à-dire l’extermination des Juifs d’Europe), entre autres.
Une source anonyme au sein du parti a assuré au journal que les efforts pour expulser les membres offensés seraient accélérés dans un proche avenir.
« Le nouveau code de conduite signifie que nous n’aurons pas à faire appel à l’ensemble du comité de règlement des différends de la NEC, mais à un sous-groupe plus restreint sur l’antisémitisme. Cela signifiera que nous aurons le potentiel de mettre les gens à la porte très rapidement, au lieu d’attendre des mois pour une réunion complète à propos des différends et de n’en traiter que 11 sur 70. »