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185 morts, dont 19 enfants, depuis le début des émeutes en Iran, selon une ONG

Iran Human Rights, basée en Norvège, note aussi qu'une vingtaine de membres des forces de sécurité ont été tués lors des manifestations qui entrent dans leur quatrième semaine

Une moto de la police brûle, dans le centre-ville de Téhéran, lors d’une manifestation contre la mort de Mahsa Amini, le 19 septembre 2022. (Crédit : AP Photo)
Une moto de la police brûle, dans le centre-ville de Téhéran, lors d’une manifestation contre la mort de Mahsa Amini, le 19 septembre 2022. (Crédit : AP Photo)

Au moins 185 personnes, parmi lesquelles 19 enfants, ont été tuées lors des manifestations qui ont eu lieu à travers l’Iran depuis la mi-septembre, selon un groupe de défense des droits de l’homme basé à Oslo qui recense les actes de répression de l’État à l’encontre des manifestants.

Les manifestations ont éclaté le 17 septembre après l’enterrement de Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, décédée lors de sa détention, alors qu’elle était sous la garde de la redoutable police des mœurs iranienne. Mahsa Amini avait été arrêtée pour avoir, selon les autorités iraniennes, enfreint les codes vestimentaires islamiques stricts imposés aux femmes.

Depuis, les manifestations se sont étendues à tout le pays et elles ont été réprimées par des mesures féroces. Des dizaines de personnes auraient été tuées et des centaines arrêtées. Ce mouvement de protestation – le plus soutenu en Iran depuis des années – entre maintenant dans sa quatrième semaine et il semble poser un sérieux défi aux dirigeants théocratiques du pays.

« Plus de 185 personnes, parmi lesquelles au moins 19 enfants, auraient déjà été tuées lors des manifestations organisées à travers l’Iran. Le plus grand nombre de morts a été enregistré dans les provinces du Sistan et du Baloutchistan, où la moitié des décès ont été recensés », a déclaré samedi l’ONG Iran Human Rights, basée en Norvège, dans un communiqué cité par Reuters.

Une vingtaine de membres des forces de sécurité et groupes armés iraniens ont également été tués au cours de cette période, selon l’association.

Des vidéos diffusées dimanche sur les réseaux sociaux iraniens ont montré ce qui semble être une manifestation d’étudiants sur le campus de l’université al-Zahra à Téhéran. La veille, des étudiants avaient hurlé des insultes contre le président iranien lors de sa visite dans cette université.

Une photo obtenue par l’AFP hors d’Iran, montrerait des objets incendiés dans la capitale Téhéran, le 8 octobre 2022. (Crédit : AFP)

Selon l’hebdomadaire The Guardian, dans un article qui a été publié dimanche, des écoliers auraient également été arrêtés dans leurs établissements scolaires. L’article s’est appuyé sur des témoignages recueillis sur les réseaux sociaux en Iran.

Sur les vidéos auxquelles font référence The Guardian et Reuters, des centaines de lycéennes et d’étudiantes participent à une manifestation dans la journée de dimanche, un rassemblement au cours duquel les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes, des matraques et, selon certaines sources, des balles réelles, ont indiqué les groupes de défense des droits humains.

Des manifestations ont également eu lieu samedi dans plusieurs villes à travers l’Iran. À Téhéran, une foule a mis le feu à un kiosque de la police au célèbre bazar de la ville, qui est traditionnellement le bastion des dirigeants iraniens. Plus tard dans la soirée, des marches antigouvernementales ont attiré une foule nombreuse dans le quartier central de Naziabad, dans la capitale, selon les publications postées sur les réseaux sociaux.

Samedi également, des hackers ont piraté le journal télévisé le plus regardé de la chaîne publique iranienne en diffusant un message soutenant les manifestations contre le régime.

Une capture d’écran montre un message anti-régime qu’un groupe de hackers a inséré dans une émission sur une chaîne publique iranienne, le 8 octobre 2022. (Crédit : Capture d’écran, utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur).

Le journal télévisé diffusait une intervention du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, quand l’image a été brusquement coupée, laissant la place, à l’écran, à des photos de jeunes femmes et de jeunes filles tuées pendant les manifestations.

Parmi les images figurait une photo d’Amini, 22 ans, dont la mort le mois dernier a déclenché le furieux soulèvement contre le régime.

Au-dessus des photos se trouvait une image de Khamenei avec un viseur au milieu du front. En arrière-fond, les voix de manifestants en train de scander « Mort au dictateur » et appelant à un changement de régime.

Edalat-e Ali, une groupe de hackers, a revendiqué la responsabilité de cette interruption. Le groupe avait piraté le site Web de la chaîne publique iranienne et avait publié un message d’opposition sur le site au début de l’année, selon Iran International.

Les responsables iraniens ont, quant à eux, utilisé les médias nationaux pour attribuer la responsabilité des troubles à certaines puissances étrangères.

Un manifestant montre un portrait de Mahsa Amini, morte en garde à vue, lors d’une manifestation de soutien aux protestataires iraniens qui s’opposent à leurs dirigeants, à Paris, le 2 octobre 2022. (Crédit : Aurelien Morissard/AP)

Khamenei a déclaré la semaine dernière que les « émeutes et les les manifestations de mécontentement ont été organisées par les États-Unis et le régime sioniste, ainsi que par leurs employés ».

Le mouvement de protestation lié à la mort d’Amini vient s’ajouter à une liste de nombreuses doléances – flambée des prix, chômage élevé, restrictions sociales et répression politique. Les manifestations ont eu lieu à Téhéran et dans les provinces les plus reculées, malgré les restrictions imposées par les autorités concernant l’accès à Internet et le blocage des applications de réseaux sociaux.

Jeudi dernier, les législateurs européens ont approuvé une résolution proposant des sanctions contre les responsables de la mort d’Amini et de la répression qui a suivi.

L’Allemagne et la France, tous deux membres de l’Union européenne, font partie des pays signataires de l’accord de 2015 avec l’Iran, dont le but était de régler les problèmes posés par le programme nucléaire de la République islamique, et qui tentent aujourd’hui de relancer l’accord.

Les pourparlers actuels sur l’accord sont dans l’impasse mais s’il devait être rétabli, l’accord prévoit un allègement des sanctions, ce qui contribuerait à renforcer le gouvernement iranien.

Dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères a appelé l’Union européenne à interdire l’entrée sur son territoire et à geler les avoirs des responsables iraniens impliqués dans la répression.

« Ceux qui frappent des femmes et des jeunes filles dans la rue, embarquent des personnes qui ne demandent qu’à vivre librement, les arrêtent arbitrairement et les condamnent à mort sont du mauvais côté de l’histoire », aurait déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, au journal Bild am Sonntag dans son édition de dimanche.

« Nous veillerons à ce que l’UE impose des interdictions d’entrée aux responsables de cette répression brutale et gèle leurs avoirs dans l’UE », a-t-elle ajouté. « Nous disons à la population iranienne : Nous nous tenons et restons à vos côtés. »

Baerbock n’a pas nommé de personnalités ou d’organisations spécifiques.

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