38 % des futurs et jeunes médecins veulent quitter Israël – Mirsham
Las des conditions de travail difficiles et des problèmes politiques et économiques, ils disent qu'il faudrait de nombreux changements pour les inciter à rester
Une enquête récente a révélé qu’un jeune médecin ou étudiant en médecine israélien sur cinq ne voit pas son avenir en Israël.
L’enquête a été menée par Mirsham, une organisation représentant les 8 000 résidents en médecine du pays, auprès de 562 médecins en formation.
Les résultats, communiqués le 6 août au directeur-général du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman Tov, indiquent que 38 % des personnes interrogées prévoient de quitter Israël à la fin de la phase actuelle de leur formation. 20 % d’entre eux envisagent de s’installer ailleurs de façon permanente, 7 % de partir pour effectuer une formation complémentaire et les 11 % restants ne se prononcent pas sur la durée de leur absence d’Israël.
Selon le professeur Hagai Levine, directeur de l’Israeli Association of Public Health Physicians, il n’existe pas de données fiables sur le nombre ordinaire de jeunes médecins qui quittent le pays, de manière temporaire ou permanente, à la fin de leur résidence ou au début de leur carrière.
Les internes représentent un groupe important de la communauté médicale qui participe au mouvement de protestation contre le projet de refonte du système judiciaire du gouvernement. Nombre d’entre eux se sont opposés à ce plan dès le départ, et d’autres ont rejoint les rangs des manifestants à l’approche du vote sur la première loi du projet, qui restreint le droit des tribunaux d’invalider les décisions gouvernementales et administratives sur la base de leur caractère « raisonnable ».
Cette loi a été adoptée par la Knesset le 24 juillet. La Cour suprême a accepté d’entendre les arguments de plusieurs requérants contre la législation en septembre.
Le départ d’un si grand nombre de jeunes médecins porterait un coup dur au système de santé israélien, où un quart des médecins sont actuellement en âge de prendre leur retraite. Le nombre de médecins actifs en Israël, 3,3 pour 1 000 habitants, est déjà inférieur à la moyenne de l’OCDE, qui est de 3,6 pour 1 000 habitants.
Lorsqu’on a demandé aux jeunes médecins qui ont indiqué qu’ils envisageaient de quitter Israël les raisons de ce choix, 77 % ont cité la situation politique, 54 % les conditions salariales, 54 % la situation économique du pays et 39 % les conditions de résidence en médecine. (Les résidents se battent depuis des années pour que les heures de garde soient réduites à moins de 26 heures. Le gouvernement a récemment confirmé que les heures seraient réduites à 19-21 heures à partir de septembre dans les hôpitaux de la périphérie du pays).
« La question de la relocalisation préoccupe les jeunes médecins », a déclaré la présidente de Mirsham, la Dr Rey Biton, à Doctors Only, une publication destinée à la communauté israélienne des soins de santé.
« Quitter le pays est plus facile pour les étudiants en médecine, les stagiaires, les résidents et les jeunes médecins. Ils sont très préoccupés par leurs conditions de travail et par la situation politique et économique. Ils ne voient pas d’avenir pour eux dans la médecine ici », a-t-elle déclaré.
Selon Biton, le système de santé doit prendre ces personnes au sérieux et réfléchir aux moyens de les garder dans le pays.
Parmi les personnes interrogées ayant déclaré qu’elles envisageaient de quitter Israël, certaines ont indiqué que sous réserve de divers changements, elles pourraient revenir sur leur décision. 31 % d’entre eux souhaitent que le projet de refonte judiciaire soit arrêté et que soient tenus des pourparlers entre la coalition et l’opposition. 16 % souhaitent une amélioration des conditions de travail pour les stagiaires. 12 % souhaitent de meilleurs salaires. 18 % ont déclaré qu’une combinaison de mesures pourrait les inciter à reconsidérer leur décision.
23 % des personnes interrogées ont toutefois répondu que rien ne les ferait changer d’avis sur leur décision de s’installer dans un autre pays.
« Les hôpitaux du monde entier nous approchent et nous proposent de venir travailler dans des conditions dont nous ne pouvons que rêver en Israël – pas de gardes de 26 heures – et d’excellentes conditions pour nos familles. Ils sont prêts à nous donner beaucoup… La tentation est grande », a déclaré Biton.
Cette dernière a, par ailleurs, indiqué qu’elle avait discuté des résultats de l’enquête avec Bar Siman Tov, du ministère de la Santé, lors d’une réunion. Elle a confié que les chiffres l’avaient fortement inquiété et qu’il avait confirmé que les conditions des internes en médecine devaient être améliorées.
« Il existe de nombreuses façons d’améliorer au quotidien les conditions des internes en médecine dans leur travail difficile. La relocalisation n’est pas nécessaire pour garantir que les internes travaillent dans des conditions humaines. Le directeur général est d’accord avec moi sur ce point. J’espère que les choses vont changer », a déclaré Biton.