Dichter rejette la lettre inquiète écrite par 460 anciens agents du Shin Bet
Les ex-agents - dont 3 ex-directeurs - avaient averti l'ancien chef de l'agence devenu ministre que la législation était un "coup d'État" contre la démocratie

Le ministre de l’Agriculture Avi Dichter, ancien dirigeant des services de sécurité du Shin Bet, a rejeté les inquiétudes face au projet de refonte judiciaire qui ont été exprimées dans une lettre écrite par des centaines d’anciens membres de l’agence. Ces derniers l’exhortaient à ne pas soutenir ces réformes qui, affirmaient-ils, menacent de détruire la démocratie israélienne.
« J’ai un grand respect pour les membres du Shin Bet », a-t-il déclaré mercredi, notant qu’il avait reçu un grand nombre de messages exprimant de la préoccupation. Il a ajouté qu’il croyait et qu’il espérait néanmoins que « moi et mes amis nous rendrons compte finalement… que le processus législatif que nous avons amorcé la nuit dernière est un processus de renforcement de la démocratie ».
Il a ajouté qu’il valait mieux « ne pas prêter une trop grande attention aux affirmations hystériques » sur les impacts du projet de loi.
Il a comparé l’atmosphère actuelle à celle qui avait précédé la guerre des Six Jours, en 1967, une période où de nombreux Israéliens avaient eu le sentiment que le pays était perdu.
Dichter a ajouté que la coalition était sincère dans son désir de dialogue et il a appelé les leaders de l’opposition à accepter cette offre afin de trouver un compromis.
Des centaines d’anciens agents des services de sécurité du Shin Bet avaient envoyé mardi une lettre au ministre de l’Agriculture Avi Dichter, lui-même ancien chef de l’agence, lui demandant instamment de ne pas soutenir le projet gouvernemental de refonte radicale du système judiciaire et l’avertissant que ce projet menacerait les fondements de la démocratie israélienne.
Parmi les 460 anciens agents qui ont apposé leur nom sur la lettre figurent trois autres anciens directeurs du Shin Bet, Carmi Gillon, Ami Ayalon et Yuval Diskin.
La lettre avait été envoyée au lendemain de l’adoption en première lecture par la Knesset de certaines parties de la législation controversée qui donnera au gouvernement le contrôle de la sélection des juges et qui permettra à la Knesset de voter des lois même si elles sont annulées par la Haute-Cour de justice.
« Nous, le peuple de l’ombre, qui avons été façonnés à la lumière des valeurs de l’État, de la modestie et de la retenue du pouvoir, trouvons difficile de rester dans l’ombre et de nous tenir à l’écart face aux événements qui secouent la société israélienne ces jours-ci », indiquait la lettre.
Elle rappelait que Dichter, qui a dirigé le Shin Bet de 2000 à 2005, avait soutenu la loi dite du Shin Bet en 2002 « qui stipule, entre autres, que le service est chargé de maintenir la sécurité de l’État et de préserver l’ordre du régime démocratique et de ses institutions contre diverses menaces ».
« Nous considérons les intentions de la législation d’affaiblir le système judiciaire comme un coup d’État contre les règles du régime démocratique », avaient déclaré les signataires de la lettre. « Nous nous tournons vers vous et vous demandons de ne pas vous associer à des manœuvres qui menacent les fondements du régime démocratique, l’unité du peuple et la résilience nationale. »
Ces dernières années, Gillon, Ayalon et Diskin ont tous soutenu des mouvements politiques qui s’opposaient au Premier ministre Benjamin Netanyahu. Dichter est membre du Likud, le parti de Netanyahu.
De nombreuses voix émanant de la société civile et du milieux d’affaires se sont élevées pour critiquer le système judiciaire, et ont prévenu que les mesures auraient pour effet d’affaiblir l’équilibre des pouvoirs au sein du système démocratique israélien. Par ailleurs, les alliés étrangers ont exprimé leur inquiétude quant au fait que les mesures pourraient ne pas protéger les droits des minorités, et les milieux d’affaires ont prévenu que l’agitation pourrait nuire à l’environnement d’investissement en Israël, ce qui accentuerait la pression sur le gouvernement pour qu’il engage des négociations de compromis.