« 50 Holocaustes » de Abbas : Berlin clôt l’enquête sur l’incitation à la haine
La plainte contre le chef de l'AP n'aurait pas de base juridique, même si sa "comparaison inappropriée" a été formulée en Allemagne, où la banalisation des crimes nazis est interdite
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les autorités berlinoises ont décidé de clore l’enquête préliminaire ouverte à l’encontre du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, jugeant « extrêmement inappropriée » son affirmation, sur le sol allemand, selon laquelle Israël a commis « 50 holocaustes » contre les Palestiniens, mais pas suffisamment pour le tenir pénalement responsable en vertu du code juridique du pays, qui interdit la banalisation des crimes nazis.
Lors d’une conférence de presse tenue en août avec le chancelier allemand Olaf Scholz, Abbas s’est vu demander s’il souhaitait présenter des excuses pour le meurtre d’athlètes israéliens par le groupe terroriste palestinien Septembre noir lors des Jeux olympiques de 1972 à Munich. Le président de l’AP a répondu en disant : « Si nous voulons revenir sur le passé, allez-y. »
« J’ai 50 massacres qu’Israël a commis dans 50 villages palestiniens… 50 massacres, 50 tueries, 50 holocaustes », a-t-il poursuivi, prononçant le dernier mot en anglais.
Cette réponse a suscité un tollé immédiat en Israël, en Allemagne et aux États-Unis, ce qui a conduit Abbas à publier une déclaration revenant sur ses propos et précisant que la Shoah « est le crime le plus odieux de l’histoire moderne ».
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Mais une plainte de la police a tout de même été déposée contre lui et une enquête préliminaire a été ouverte deux jours après la conférence de presse de Berlin.
Lundi, le parquet de Berlin a décidé de classer l’affaire contre Abbas.
Invité à expliquer sa décision, le bureau a envoyé une lettre de deux pages au quotidien allemand Bild, dans laquelle il écrit qu’il n’y avait pas « d’indications suffisantes » montrant que les remarques d’Abbas constituaient une incitation à la haine au sens de la section 130 du code pénal allemand, qui interdit de banaliser la Shoah.
Le procureur général a fait valoir que le seul objectif d’Abbas était « de mettre en évidence ce qu’il croit être les crimes commis par l’armée israélienne et de souligner leur injustice tout en tentant de faire une comparaison historique extrêmement inappropriée ».
Suite à la décision du procureur général, une autre plainte a été déposée contre Abbas, envoyant l’affaire au bureau du procureur général du pays pour qu’il se prononce, a déclaré un fonctionnaire allemand au Times of Israel. La décision n’est pas susceptible d’être annulée cependant, a spéculé le fonctionnaire allemand, notant l’immunité diplomatique du leader de l’AP.
La décision de lundi a été saluée par le ministre des Affaires étrangères de l’AP, Riyad al-Maliki, dont le bureau a estimé que la plainte contre Abbas n’avait aucune base juridique.