54 policiers volontaires suspendent leur service ; 1 000 autres risquent le renvoi
La police souhaiterait écarter des volontaires qui participent aux manifestations ; Yair Hanuna, accusé d'avoir battu un manifestant de 18 ans, va être interrogé ce mercredi
La police israélienne a déclaré mercredi que 54 agents volontaires ont demandé de geler leur service volontaire, apparemment en raison de leur opposition à la refonte judiciaire controversée initiée par le gouvernement. Par ailleurs, un millier d’autres volontaires risquent d’être exclus des forces de l’ordre pour avoir participé à des manifestations contre le plan de refonte, selon des informations de la Douzième chaîne. En outre, la police a déclaré que 10 officiers volontaires avaient déjà été exclus des forces de police après s’être « exprimés politiquement et avoir même utilisé leur volontariat au profit de cette activité ».
Selon la Douzième chaîne, la police a l’intention de renvoyer environ 1 000 policiers volontaires qui ont participé aux manifestations. On ignore comment ce chiffre a été établi.
Le reportage indique qu’un avocat représentant ces volontaires a écrit à la police pour demander que leur service ne soit pas gelé à cause de leur participation aux manifestations.
« Il est clair que nous ne devrions pas refuser [la possibilité de servir] à un volontaire qui souhaite rester au sein de la police israélienne et continuer à servir, même s’il décide de participer aux manifestations », a écrit Daniel Haklai, au nom des volontaires de la police qui ont protesté contre la refonte judiciaire. « Les volontaires souhaitent continuer à servir tout en exprimant des critiques légitimes. »
Selon la police israélienne, environ 24 600 agents des forces de l’ordre sont des volontaires.
La police a également démenti les « fausses informations » à ce sujet, sans préciser à quoi elle faisait référence.
Outre la police, quelque 10 000 réservistes de l’armée israélienne suspendront leur service de réserve volontaire pour protester contre les projets du gouvernement visant à réformer le système judiciaire, a annoncé le mois dernier un important groupe de protestation.
Ces annonces ont été faites dans un contexte d’allégations croissantes de violence de la part de la police lors des manifestations contre la refonte du système judiciaire dans l’ensemble du pays.
Le chef de la police, Kobi Shabtai, a démenti les affirmations de certains militants selon lesquelles les actions des forces de l’ordre sont devenues plus violentes ces dernières semaines sous l’influence du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir. Ce dernier a exigé à maintes reprises une répression plus stricte à l’égard des manifestants. Ben Gvir est à l’origine du départ du chef de la police de Tel-Aviv, Ami Eshed, qui s’est publiquement opposé au traitement brutal à l’encontre des manifestants. Eshed a démissionné des forces de l’ordre le mois dernier après plus de trente ans de service.
Au cours des manifestations de la semaine dernière, des vidéos ont montré des policiers donnant des coups de pied à des manifestants allongés sur le sol, jetant des palettes de bois enflammées dans leur direction, traînant des militants par les cheveux et faisant preuve de violence lors de l’arrestation de ceux qui bloquaient apparemment des routes et des autoroutes, et aussi de ceux qui ne résistaient pas à l’arrestation ou qui n’avaient rien fait de répréhensible.
La police a en effet déployé des canons à eau contre des manifestants qui ne bloquaient pas les routes et ne se livraient à aucune activité illégale.
Mercredi, le chef de Yasam, une unité spéciale de la police de Tel Aviv, Yair Hanuna, et quatre autres officiers devaient être interrogés par le département des enquêtes internes de la police (PIID) dépendant du ministère de la Justice sur les accusations de recours excessif à la force contre les manifestants.
Sur des images largement diffusées, on voit Hanuna donner un coup de poing à Amitai Aboudi, alors que le jeune homme de 18 ans était menotté. La famille a déposé plainte contre Hanuna.
Dans la vidéo de l’arrestation d’Aboudi, on le voit frappé et traîné par un groupe de policiers sur l’autoroute Ayalon à Tel Aviv. Sur une photo de l’incident, on peut voir Hanuna apparemment souriant alors qu’il semble frapper Aboudi. La police a nié que Hanuna a frappé l’adolescent après qu’il eut été maîtrisé.
הי @10elilevi
אמיתי בריליאנט בן 18 מוסר ד"ש pic.twitter.com/3e9tYk7ePy— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) July 25, 2023
Hanuna et les autres officiers sont soupçonnés d’avoir battu des manifestants lors de trois incidents distincts à Tel Aviv, a rapporté la Douzième chaîne.
De nombreuses plaintes de manifestants ont été déposées contre Hanuna, notamment pour avoir cassé le nez d’un manifestant lors d’un rassemblement le mois dernier à Tel Aviv.
Les officiers impliqués ne portaient pas de caméra corporelle au moment de l’arrestation, ce qui est contraire au règlement, a rapporté Kan.
La police a défendu la conduite des agents pendant les manifestations. Ben Gvir a soutenu les officiers, déclarant que le PIID essayait de « menacer le commandant du Yasam de Tel Aviv, un officier exceptionnel, uniquement parce qu’il a agi pour faire respecter la loi avec détermination ».