Passage à tabac de manifestants anti-refonte : le chef de l’unité Yasam interrogé
Le chef de l'unité spéciale du district de Tel Aviv et 4 policiers font l'objet d'une enquête après des accusations de recours excessif à la force contre des manifestants

Le commandant d’une unité spéciale de la police et quatre autres officiers ont été convoqués lundi pour être interrogés par les enquêteurs du ministère de la Justice sur les allégations d’usage excessif de la force contre les manifestants opposés à la refonte judiciaire engagée par le gouvernement.
Yair Hanuna, chef de l’unité Yasam de la police de Tel Aviv, une unité de patrouille spéciale et d’autres policiers auraient brutalisé des manifestants lors des manifestations de masse qui ont éclaté la semaine dernière après l’adoption par le gouvernement de la première loi de son paquet législatif visant à restructurer le système judiciaire. Une trentaine de manifestants ont dû être soignés après la manifestation.
Le département des enquêtes internes de la police (PIID) rattaché au ministère de la Justice mène l’enquête sur la manière dont les officiers ont géré la manifestation. Hanuna et les autres officiers sont soupçonnés d’avoir battu des manifestants lors de trois incidents distincts à Tel Aviv, a rapporté la Douzième chaîne.
De nombreuses plaintes ont été déposées par des manifestants contre Hanuna. Il est notamment accusé d’avoir cassé le nez d’un manifestant lors d’un rassemblement il y a environ deux semaines à Tel-Aviv.
הי @10elilevi
אמיתי בריליאנט בן 18 מוסר ד"ש pic.twitter.com/3e9tYk7ePy— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) July 25, 2023
La semaine dernière, des images largement diffusées ont montré Hanuna en train de frapper Amitai Aboudi, un manifestant de 18 ans alors qu’il était déjà menotté. La famille du jeune homme a déposé une plainte directe contre Hanuna auprès du PIID après les faits.
Dans la vidéo de l’arrestation d’Aboudi, on le voit frappé et traîné par un groupe de policiers sur l’autoroute Ayalon à Tel Aviv.
Sur une photo de l’incident, on peut voir Hanuna apparemment souriant tout en frappant Aboudi.
La police a nié que Hanuna a frappé l’adolescent après qu’il eut été maîtrisé.
פרסום: מפקד יס"מ תל אביב, סנ"צ יאיר חנונה, קיבל מסרים והחליט לצאת לחופשה מתפקידו. לא ברור האם ומתי יחזור אבל יש לי תחושה שהמפגינים לא יתגעגעו @N12News pic.twitter.com/VTDmJe9OVI
— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) July 30, 2023
Aboudi a été interrogé par la police jeudi dernier. La police a déclaré que le jeune homme avait essayé de gêner les agents qui tentaient d’évacuer les manifestants des routes.
Hanuni et les quatre autres policiers doivent être interrogés au siège du PIID à Tel Aviv mercredi, a rapporté la chaîne publique Kan.
Au cours des manifestations de la semaine dernière, des vidéos ont montré des policiers donnant des coups de pied à des manifestants allongés sur le sol, jetant des palettes enflammées dans leur direction, traînant des militants par les cheveux et ayant recours à la violence lors de l’arrestation de personnes qui bloquaient des routes et des autoroutes, y compris celles qui n’opposaient pas de résistance à leur arrestation.
Les agents impliqués ne portaient pas de caméra corporelle au moment de l’arrestation, ce qui est contraire au règlement, a rapporté Kan.
תיעוד מירושלים: מכת"זית פוגעת ישירות במפגין pic.twitter.com/3iZ1WajGWW
— החדשות – N12 (@N12News) July 24, 2023
La police a défendu le comportement de ses agents pendant les manifestations. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a soutenu les officiers, déclarant que le PIID essayait de « menacer le commandant du Yasam de Tel Aviv, un officier exceptionnel, uniquement parce qu’il a agi pour faire respecter la loi avec détermination ».
La police a également déployé des canons à eau contre des manifestants qui ne bloquaient aucune route et ne se livraient à aucune activité illégale.
Lundi, à Jérusalem, devant la Knesset, la police a pulvérisé du skunk spray, un dispositif anti-émeute qui dégage une odeur (très) nauséabonde, sur des manifestants qui tentaient de bloquer l’accès au complexe parlementaire. Des agents ont également tiré avec un canon à eau sur un homme qui était assis contre un mur au bord de la route, ce qui l’a renversé. Les médecins demandent depuis longtemps à la police de cesser d’utiliser cette méthode de dispersion des foules, en invoquant les blessures causées par les coups directs.
Samedi, des manifestants opposés à la refonte judiciaire du gouvernement ont fait circuler à plusieurs endroits de Tel-Aviv des tracts sur lesquels figuraient des photos d’officiers accusés de violences, dont Hanuna.

En réponse, la police a déclaré qu’elle ouvrirait une enquête sur les soupçons d’outrage à agents publics et de diffamation et d’incitation à la violence, mais le bureau du procureur général a rappelé dimanche que la police israélienne n’était pas autorisée à ouvrir une enquête sur les soupçons d’incitation contre les manifestants sans son aval.
Ben Gvir a dénoncé les affiches appelant à enquêter et a exprimé son soutien aux policiers qui y figurent, les qualifiant de « héros ».
« La campagne de dénigrement et d’incitation (…) est choquante et franchit une ligne rouge », a déclaré Ben Gvir dans un communiqué.
Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtai, a démenti les affirmations de certains militants selon lesquelles les actions de la police étaient influencées par Ben Gvir. Ce dernier réclame depuis le début une répression plus stricte à l’égard des manifestants. Le ministre d’extrême droite est aussi à l’origine du départ du chef de la police de Tel Aviv, Ami Eshed, qui s’est publiquement opposé à la violence contre les manifestants avant de démissionner des forces de police le mois dernier après plus de 30 ans de service.