6 ONG qui nourrissent les nécessiteux en Israël réclament de l’aide à l’État
Les organisations affirment qu'avec les licenciements massifs, la demande prévue sera encore plus élevée, réclament une aide similaire à celle prévue pour les PME
Six des principales organisations de distribution alimentaire à but non lucratif d’Israël ont demandé mardi au gouvernement de leur fournir une aide financière afin qu’elles puissent continuer à nourrir les gens dans le besoin, alors que les mesures visant à freiner la propagation du coronavirus mettent à rude épreuve leurs ressources et laissent présager une demande accrue pour leurs services.
Dans une déclaration commune, Leket Israel, Pitchon Lev, Latet, Rabbis for human rights, Shatil et Mazon Israel ont réclamé une aide similaire à celle prévue pour les petites et moyennes entreprises qui seront touchées par les restrictions imposées par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie.
« Nous appelons le gouvernement à reconnaître les opérations essentielles des organisations d’aide à la distribution de nourriture comme une nécessité critique pour l’économie », indique la déclaration. « Si les organisations d’aide alimentaire s’effondrent d’elles-mêmes, les gens dans le besoin pourraient voir leur survie véritablement menacée. Le gouvernement doit se mobiliser pour assurer la poursuite des opérations de ces organisations ».
La déclaration note qu’un cinquième de la population d’Israël est considéré comme pauvre selon le rapport sur la pauvreté de 2018 de l’Institut national d’assurance.
Ces personnes « sont maintenant confrontées à une menace existentielle en raison de cette crise » et « la nourriture distribuée par les organisations à but non lucratif est essentielle à leur sécurité alimentaire ».
Les organisations ont averti qu’en raison des licenciements massifs attendus, les entreprises réduisant leurs activités, la demande de nourriture sera encore plus forte, car ceux qui jusqu’à présent n’avaient pas besoin d’aide ont du mal à joindre les deux bouts.
« Cette demande, ainsi que l’incertitude financière en Israël et dans le monde entier, aura également un impact sur environ 15 % des dons prévus pour les organisations à but non lucratif », souligne le communiqué.
Gidi Kroch, PDG de Leket, qui collecte les surplus de nourriture donnés par l’industrie hôtelière et les distribue aux nécessiteux, a indiqué au Times of Israel que les organisations avaient été en contact avec le ministère des Affaires sociales, qui s’est montré compréhensif.
Il a déclaré que les associations espèrent obtenir une aide financière de 25 à 30 millions de shekels (6 à 7 millions d’euros).
Avec la fermeture récente de quelque 200 hôtels, l’industrie du tourisme ayant subi l’impact économique du virus, Leket ne pourra pas fournir ses 9 000 repas quotidiens en comptant sur les dons, a expliqué M. Kroch. À la place, l’organisation prévoit de payer les hôtels pour qu’ils produisent la nourriture pour eux de toute façon.
« Les gens comptent sur nous pour leur apporter de la nourriture, parfois quotidiennement », a-t-il indiqué. « Nous n’avons pas d’autre choix pour l’instant que d’acheter ».
Les restrictions prévues dans le cadre de la campagne gouvernementale contre le virus devraient durer au moins jusqu’à la fin de Pessah le mois prochain, ce qui signifie que les banques alimentaires devront tenir bon pendant une période d’au moins cinq semaines, et peut-être beaucoup plus.
L’achat de tous les repas qu’elle fournit pendant cette période coûtera à Leket quelque 6 millions de shekels (1,4 million d’euros), a précisé M. Kroch.
L’organisation a les ressources nécessaires pour couvrir seulement deux semaines de cette période, a-t-il indiqué. En attendant, Leket s’efforce de réunir les fonds nécessaires auprès de donateurs nationaux et étrangers.
En outre, il étudie également d’autres idées. Un programme gouvernemental visant à fournir de la nourriture aux écoles, qui sont actuellement fermées à cause du virus, pourrait éventuellement être détourné pour fournir des repas aux personnes défavorisées, a suggéré M. Kroch. De plus, Leket envisage d’acheter les fournitures dont il a besoin dans des magasins d’alimentation locaux plutôt que de les collecter dans des zones où il y a un grand nombre d’hôtels.
Le moment inopportun de l’éclatement de l’épidémie de coronavirus se fait sentir encore plus vivement à l’approche de Pessah, lorsque l’industrie alimentaire doit passer à la fabrication de produits sans levain, un processus qui prend généralement un jour ou deux aux entreprises, ce qui retarde la production.