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600 000 Israéliens manifestent sur Facebook contre la fermeture de la Knesset

Des ex-responsables du Shin Bet, du Mossad et de la Cour suprême se sont exprimés lors de cet événement Facebook, poussant Gantz à ne pas rejoindre une coalition de Netanyahu

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Yuval Diskin lors de la manifestation en ligne contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 21 mars 2020 (Capture d'écran/Facebook)
Yuval Diskin lors de la manifestation en ligne contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 21 mars 2020 (Capture d'écran/Facebook)

Ce sont presque 600 000 Israéliens qui ont regardé sur leurs ordinateurs, leurs portables et autres tablettes une manifestation virtuelle dénonçant les initiatives prises par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son parti du Likud de fermer la Knesset dans le contexte de la pandémie de coronavirus, un événement qui a été diffusé en direct sur Facebook en raison des restrictions appliquées aux rassemblements de masse.

L’ex-chef du Shin Bet Yuval Diskin, l’ex-directeur du Mossad Efraim Halevy, l’ancien vice-président à la Cour suprême Elyakim Rubinstein, la personnalité de la télévision israélienne Lucy Aharish, l’actrice Gila Almagor et le président de l’organisation Mouvement pour un gouvernement de qualité Eliad Shraga ont pris la parole lors de cette manifestation en ligne d’un nouveau genre.

Plus de 597 000 personnes ont pris part au rassemblement virtuel en direct et plus de 65 000 ont indiqué « participer » à cet événement sur le géant des réseaux sociaux.

Diskin a utilisé cette plateforme pour fustiger le numéro un du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, pour sa volonté apparente de servir au sein d’un gouvernement placé sous l’autorité de Netanyahu, actuellement mis en examen pour corruption. Gantz n’a pas exclu un tel arrangement au cours d’un entretien télévisé diffusé jeudi. Mais Yair Lapid a rapporté de fausses rumeurs le vendredi.

Benny Gantz a été chargé par le président de former un gouvernement cette semaine après avoir réuni le soutien de 61 députés, malgré le plus grand nombre de sièges arrachés au Parlement israélien par la formation du Likud de l’actuel Premier ministre.

Le président du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, tient une conférence de presse à Ramat Gan, le 26 février 2020. (Tomer Neuberg/Flash90)

S’adressant aux internautes présents lors de cette manifestation sur Facebook, Diskin a déclaré : « Grâce aux votes d’un grand nombre d’entre vous, le bloc des 61 recommandations a pu être formé, entièrement constitué d’adversaires de Netanyahu. Grâce à vous tous, Benny Gantz a reçu le mandat du président pour former le gouvernement. Mais, depuis, ce dernier et ses amis se précipitent vers la mise en place un gouvernement d’unité dirigé par Netanyahu ».

« C’est honteux et c’est même déshonorant », a-t-il continué. « Moi et de nombreux autres qui avons donné nos voix à Kakhol lavan parce que c’était le choix le moins pire avons découvert, au cours des derniers jours, que notre choix avait été véritablement mal avisé ».

Diskin a appelé Gantz à ne pas se placer sous l’autorité de Netanyahu, même si cela signifiait entraîner le pays vers un quatrième scrutin consécutif.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu arrive pour un discours à son bureau de Jérusalem, le samedi 14 mars 2020. (Crédit : Gali Tibbon / Pool via AP)

Rubinstein a vivement recommandé à Edelstein de rouvrir immédiatement la Knesset et d’autoriser la supervision par les parlementaires de la réponse apportée par le gouvernement à l’épidémie de COVID-19.

Il a également pris la défense du système judiciaire dans son allocution, disant que « le système judiciaire, la Cour suprême, le procureur-général et le bureau du procureur d’Etat sont des éléments essentiels de la démocratie. Le système judiciaire est l’une des trois autorités gouvernantes dans le pays et les attaques à son encontre ont lieu au détriment de la résilience d’une démocratie, quelle qu’elle soit ».

Il faisait ici référence aux multiples attaques fréquentes lancées par la droite contre le système de la justice israélien dans le cadre des enquêtes criminelles ouvertes contre Netanyahu. Le procès de ce dernier devait commencer la semaine dernière mais il a été reporté au mois de mai en raison de la pandémie.

Shraga, du groupe de veille Mouvement pour la qualité du gouvernement, a expliqué que la corruption présente aux plus hauts niveaux du gouvernement israélien représentait une « maladie plus grave et plus mortelle » que le COVID-19.

« Il y a une maladie plus grave et plus mortelle que le coronavirus et c’est la maladie de la corruption. Le coronavirus va passer en quelques mois – deux ou trois – comme il est arrivé. Mais la corruption, elle, va rester et elle est un élément susceptible de détruire les fondations de notre pays », a clamé Shraga.

Ce mouvement de protestation s’est focalisé sur la décision prise par le président de la Knesset, Yuli Edelstein, de fermer la plénière, la semaine dernière – une initiative qui a été vivement critiquée, considérée comme une blessure grave infligée à la démocratie israélienne. Avant cette fermeture, Kakhol lavan et le Likud s’étaient affrontés concernant le contrôle et le choix des membres des commissions au sein du nouveau Parlement.

Le président de la Knesset, Yuli Edelstein, lors d’une déclaration à la presse à la Knesset, le 12 janvier 2019. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

Edelstein, issu de la formation du Likud de Netanyahu, avait ordonné la fermeture de la Knesset jusqu’au lundi suivant au plus tôt après le refus opposé par Kakhol lavan à sa proposition d’une représentation égalitaire au sein de la commission des Arrangements, qui est chargée de superviser la formation et le fonctionnement du Parlement.

Mercredi soir, le conseiller juridique de la Knesset, Eyal Yinon, avait donné pour instruction à Edelstein de permettre la formation de la commission des Arrangements – qui a pour mission de surveiller la création des autres commissions – aussi tôt que possible et indiqué que si aucun accord n’était conclu au début de la semaine suivante, l’affaire devrait être présentée à un vote en plénière dans les meilleurs délais.

Le Likud pourrait probablement perdre un tel vote, n’étant pas à la tête d’une majorité parlementaire.

Jeudi, l’Institut israélien de la démocratie avait pour sa part averti Edelstein que son refus de permettre la formation de la commission des Arrangements « dépasserait de manière flagrante » les limites de son autorité et constituerait « un mépris inacceptable des règles de base de la démocratie ».

Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël a porté plainte devant la Haute-cour de justice avec pour objectif de forcer Edelstein à permettre une réunion de la Knesset, disant que les « calculs politiques étroits » de l’homme politique avaient pris le pas sur sa responsabilité d’autoriser le bon fonctionnement de la législature au moment même où le pays se trouve touché par des « problèmes critiques en termes de sécurité publique, de droits civils et de santé publique ».

Au-delà des désaccords entre les partis concernant la formation des commissions, Edelstein avait également cité la menace de la contamination au coronavirus pour justifier l’importante limitation du fonctionnement du parlement.

Il a promis jeudi d’utiliser des « outils technologiques » pour permettre aux commissions de se réunir malgré l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes en un seul lieu – se référant probablement à des vidéoconférences.

Un Parlement presque vide, en raison des restrictions contre le coronavirus, lors de l’assermentation de la 23e Knesset, le 16 mars 2020. (Crédit : Gideon Sharon / Porte-parole de la Knesset)

Entre autres, la commission des Arrangements – à l’origine du conflit aujourd’hui dans l’impasse entre les deux parties – supervise la création des autres commissions du parlement, notamment de celles qui permettraient aux parlementaires de surveiller les initiatives prises par le gouvernement pour contenir la pandémie.

La commission pourrait également autoriser le parti Kakhol lavan à réclamer un vote sur le poste de président du Parlement qui amènerait probablement Edelstein à quitter la fonction qu’il occupe depuis 2013 – les critiques n’ont pas manqué d’accuser ce dernier de s’opposer à la volonté de la majorité des citoyens du pays.

Au coeur de ce désaccord, la taille de la commission qui, selon Kakhol lavan, devrait inclure 17 membres – donnant au bloc de 61 députés dirigé par la formation de Benny Gantz une majorité de 8 à 9 sièges au sein de la commission. Le Likud, pour sa part, citant les directives du ministère de la Santé qui n’autorisent des rassemblements que de dix personnes au maximum, veut limiter ce nombre, ce qui entraînerait une représentation égalitaire des deux parties dans la commission.

Edelstein a officiellement interdit mercredi les rassemblements de plus de dix personnes au Parlement, fort de 120 sièges. Il a indiqué que cette décision, mise en vigueur pour quatorze jours, venait répondre à l’épidémie de coronavirus.

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