Israël en guerre - Jour 560

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Analyse

8 ans plus tard, la position d’Obama sur Israël est toujours aussi incertaine

Depuis qu’il est au pouvoir, le président américain a montré son malaise face aux implantations israéliennes en Cisjordanie, qu’il considère comme un obstacle à la paix

Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

Le président Barack Obama salue le public après s'être adressé à des étudiants israéliens à l'International Convention Center de Jérusalem, le 21 mars 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le président Barack Obama salue le public après s'être adressé à des étudiants israéliens à l'International Convention Center de Jérusalem, le 21 mars 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

NEW YORK – Tout au long de sa présidence, Barack Obama a eu une relation tumultueuse avec Israël. Deux mois après son arrivée à la Maison Blanche, Benjamin Netanyahu a endossé le costume de Premier ministre israélien, ce qui a amorcé un décalage idéologique irréfutable, décalage qui ne s’est jamais vraiment estompé.

D’un côté, Obama, président démocrate américain, digne héritier de Roosevelt. De l’autre, Netanyahu, Premier ministre israélien, du parti « républicain » du Likud, à la mentalité churchillienne. Et de ce paradigme sont nées sept années de différends, et à plusieurs occasions, d’affrontements publics.

Au milieu de cela, il y a eu la bataille sur la façon de limiter le programme nucléaire iranien. Mais le sujet qui a eu la résonance la plus importante pour le président, celui qu’il a souligné dès le début de sa présidence, et encore maintenant, alors qu’elle touche à sa fin, c’est la question des implantations.

Dans son allocution lors de l’Assemblée Générale des Nations unies cette semaine, le président n’aura consacré que 37 mots au conflit israélo-palestinien, et aura évoqué ces constructions controversées pour souligner ce qu’il considère comme un obstacle à l’obtention d’un accord de paix.

« Israéliens et Palestiniens seraient dans une meilleure position si les Palestiniens rejetaient cette incitation à la haine et reconnaissaient la légitimité d’Israël. Mais Israël doit admettre qu’il ne peut pas occuper et coloniser les terres palestiniennes de manière permanente. Nous devons tous faire mieux », a-t-il déclaré lors de son derniers discours face au corps gouvernant mondial.

Comparons ces propos à ceux de 2009, lors de son premier discours sur cette estrade : « Nous continuons à appeler les Palestiniens à mettre fin à l’incitation à la haine à l’encontre d’Israël, et nous persistons à désapprouver la légitimité des colonies israéliennes. »

Le président américain Barack Obama lors de son discours au Caire le 4 juin 2009 (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Le président américain Barack Obama lors de son discours au Caire le 4 juin 2009 (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Quatre mois plus tôt, dans son discours au Caire, Obama avait taxé les implantations d’ « illégitimes ». Cette appellation avait défriché de nouveaux sentiers, selon Dennis Ross, ancien négociateur de paix au Moyen Orient, qui avait confié au Times of Israël l’an dernier que « depuis l’administration Reagan, les États-Unis étaient d’avis que les implantations étaient une question politique, et non pas légale. »

Ceci peut s’expliquer ainsi : condamner les implantations en invoquant le droit international saperait la position des États-Unis dans les négociations, dans sa recherche pour maintenir les blocs principaux en place, en échange de terres israéliennes [sur lesquelles il y aurait eu accord mutuel préalable] dans le but de créer le futur État palestinien.

Ross a également décrit la façon dont il a expliqué à Obama les conséquences de son discours après qu’il se soit adressé au monde musulman, et qu’il s’abstienne dorénavant d’employer ce mot – à l’exception de ce discours à l’ONU, lorsque le conseiller adjoint à la sécurité nationale de l’époque (actuellement chef d’Etat-major) Dennis McDonough a souligné que le président ne pouvait pas se rétracter.

Obama n’a pas employé le terme d’illégitime jeudi. Oubliez tout ce qui s’est passé entre lui et Netanyahu au cours des huit dernières années, et les démarches pour recoller les morceaux de la part des deux dirigeants. En effet, il serait pour le moins déconcertant de s’exprimer de la sorte après avoir conclu un nouvel accord d’aide militaire d’une valeur de 38 milliards de dollars pour les dix prochaines années.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le président américain Barack Obama au Lotte New York Palace Hotel, le 21 septembre 2016. (Crédit : Drew Angerer/Getty Images/AFP)
Le premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le président américain Barack Obama au Lotte New York Palace Hotel, le 21 septembre 2016. (Crédit : Drew Angerer/Getty Images/AFP)

Néanmoins, il a tout de même soulevé la question, lorsqu’il s’est adressé aux journalistes mercredi, avant son entretien à huis-clos avec le Premier ministre israélien. « Nous sommes inquiets au sujet des activités de colonisation, a-t-il déclaré. Et nous espérons pouvoir toujours compter Israël parmi nos partenaires à la recherche de la paix. »

Aucun autre sujet de discorde n’a été abordé, pas même l’accord sur le nucléaire iranien. Mais durant les deux occasions qu’a eues Obama d’évoquer Israël cette semaine, Obama a été contraint de réitérer sa position sur la question : les implantations sont un obstacle à la paix.

Depuis le début de son mandat, Obama a sommé Netanyahu d’interrompre les constructions au-delà de la Ligne verte. Après avoir rencontré le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en mai 2009, un mois avant le discours du Caire, il s’est adressé aux journalistes en déclarant que « dans mes échanges avec le Premier ministre, j’ai été très clair sur la nécessité de mettre un terme aux implantations, pour m’assurer que nous arrêtons la construction d’avant-postes […] pour soulager les Palestiniens de la pression qu’ils subissent en terme de voyage et de commerce. »

Puis, en novembre 2009, Netanyahu a approuvé Obama à contrecœur et a déclaré un moratoire de 10 mois sur la construction en Cisjordanie. Les Palestiniens, de leur côté, ont rejeté le gel, au motif que Jérusalem Est n’en faisait pas partie. Abbas a refusé de discuter avec les Israéliens pendant ces 10 mois, et a ensuite demandé à prolonger le gel, pour poursuivre ces discussions.

L'implantation israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 25 février 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
L’implantation israélienne de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 25 février 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Cependant, avant que tout cela ne se produise, Obama avait déjà retiré sa demande, ce qui semble indiquer qu’il s’agissait d’une erreur tactique.

« Pour faire simple, le temps des négociations est révolu. Il est temps d’avancer », avait-il déclaré aux journalistes avant son tête-à-tête avec Abbas et Netanyahu en septembre, lorsqu’il a été interrogé au sujet de sa demande antérieure. « Il est temps de faire preuve de flexibilité, de bon sens et de notre sens du compromis, qui sont nécessaires pour atteindre notre objectif. »

En dépit de l’échec de ces tentatives, le président a nommé, lors de son second mandat, le secrétaire d’État John Kerry pour qu’il trouve un accord. Lorsque ces négociations ont échoué, en 2014, il a continué à condamner les implantations, les considérant comme préjudiciables à l’établissement d’un projet de paix viable.

Mercredi, il a imploré le Premier ministre israélien de « garder la possibilité d’un Israël stable, en sécurité, en paix avec ses voisins, et un foyer palestinien qui satisfera ses habitants. »

De nombreux changements sont à noter dans la position d’Obama sur la politique étrangère au cours de ces huit dernières années. Il ne pense plus que le conflit israélo-palestinien est le noyau de l’instabilité du Moyen Orient, ni qu’il s’agisse de la crise la plus problématique de la région. Mais ce qui n’a pas changé, c’est que pour que Netanyahu puisse « garder en vie » la possibilité d’une solution à deux états, il doit annuler les projets d’implantations. Immédiatement.

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