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Analyse

Six leçons d’une autre démonstration souriante de la frustration mutuelle entre Obama et Netanyahu

Netanyahu salue “Barack” quand Obama rend hommage à Peres ; Netanyahu se concentre sur le “fanatisme incessant” quand Obama s’inquiète des implantations

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le président américain Barack Obama à New York, le 21 septembre 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), et le président américain Barack Obama à New York, le 21 septembre 2016. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Il y a eu des sourires, des poignées de mains, et beaucoup de « merci » quand le président américain Barack Obama a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu à New York vendredi, pour ce qui pourrait être leur dernière rencontre du mandat d’Obama.

Clairement, les deux hommes ont voulu terminer publiquement sur une note positive ce qui a été des années de montagnes russes dans leur relation personnelle.

Néanmoins, certaines de leurs différences se sont présentées, sur des sujets triviaux et plus importants. Comme souvent avec ces deux dirigeants, leurs meilleurs efforts pour montrer de la chaleur et de l’empathie n’ont réussi que partiellement, et même leur bref échange soulignait certaines des frustrations qu’ils ont chacun ressenties face à l’autre.

Barack, mais pas de réciproque

Netanyahu, cherchant à souligner la familiarité de leur relation, a parlé du président à un moment en l’appelant « Barack » ; « je veux que tu saches, Barack, que tu seras toujours le bienvenu en Israël », a-t-il déclaré.

Obama, qui a fait l’effort d’appeler Netanyahu par son surnom « Bibi » plusieurs fois quand il était en Israël en 2013, n’a cependant pas recommencé cette fois-ci.

Il a pourtant proposé d’organiser un « thé » pour jouer au golf avec Netanyahu à Césarée, quand le Premier ministre a souligné les compétences « incroyables » du président dans ce sport. Malheureusement pour les potentiels spectateurs, Netanyahu a bien précisé qu’il ne jouait pas.

Le « franc » Premier ministre, et le « géant » Peres

Plutôt que d’invoquer des prénoms, Obama a souligné les tensions qui ont souvent affecté leur relation quand il a déclaré qu’ « une chose que je peux dire du Premier ministre Netanyahu est qu’il a toujours été franc avec nous, et son équipe a collaboré très efficacement avec la nôtre. Nous avons beaucoup apprécié cela. »

Franc ? Pas vraiment la chaleur d’un hommage.

Obama a réservé des descriptions plus effusives à Israël et son peuple, promettant de « visiter Israël souvent, parce que c’est un beau pays avec de belles personnes », et de venir avec son épouse et ses filles.

Et il a gardé son plus grand hommage pour l’homme que Netanyahu a battu aux élections de 1996, Shimon Peres. Envoyant des vœux de « prompt rétablissement » après son accident vasculaire cérébral de la semaine dernière, Obama a parlé de l’ancien Premier ministre et ancien président comme d’un « géant de l’histoire d’Israël », pas moins. Il est plus qu’improbable qu’il se réfère un jour à Netanyahu en de tels termes.

Désaccord non caché

Il s’agissait d’un adieu public optimiste, et Obama a été catégorique en soulevant l’aspect de la politique de Netanyahu sur lequel ils se sont toujours affrontés. Un jour après avoir déclaré à l’ONU que « Israël doit reconnaitre qu’il ne peut pas occuper en coloniser la terre palestinienne de manière permanente », le président est revenu sur le sujet, à la fois pendant ses brèves remarques publiques, et à nouveau pendant leur discussion privée. « Nous avons des préoccupations devant l’activité de colonisation », a déclaré Obama devant les caméras. « Et notre espoir est que nous puissions continuer à être un partenaire efficace d’Israël pour trouver un chemin vers la paix. »

La dernière phrase, comme toujours, a souligné la conviction d’Obama que Netanyahu agit contre les propres intérêts d’Israël en étendant la présence juive en Cisjordanie, compliquant ainsi la perspective d’un retrait, et réduisant la capacité des Etats-Unis à négocier un accord viable.

La déclaration de Netanyahu « que moi et le peuple d’Israël n’abandonneront jamais » les efforts pour forger une « paix durable », bien que sincère, ne convainc tout simplement pas Obama, étant donné sa conviction que chacune des nouvelles maisons construites pour les juifs au-delà de la ligne de 1967 constitue un coup porté à cette aspiration.

Désaccord ignoré

Bien que le sujet palestinien ait été proéminent dans les remarques d’Obama, l’autre domaine majeur de désaccord, l’Iran, et l’accord nucléaire qu’Obama a défendu, était manifeste par son absence de leurs remarques publiques. (Il semblerait que le sujet ait été abordé pendant leur discussion privée.) Peut-être les deux hommes ont-ils décidé qu’il s’agissait d’un sujet où aucune dose de finesse ne pourrait recouvrir leurs différences.

Après tout, leurs attitudes opposées à l’accord continuent à se faire sentir. Ce n’est qu’il y a deux mois qu’Obama a déclaré que « la communauté militaire et sécuritaire » israélienne voyait maintenant l’accord, signé il y a un an, comme capable de « changer les règles du jeu », ce que le président voit positivement. Le ministère israélien de la Défense a bien précisé qu’il voyait également cela comme pouvant changer les règles du jeu, mais de manière plus négative, le comparant aux Accords de Munich signés en 1938 par les alliés et les nazis.

Bases rétablies

Leurs différents mis à part, Netanyahu et Obama ont réaffirmé de manière crédible les fondamentaux robustes des relations israélo-américaines : le partenariat sur la sécurité et les renseignements, l’aide militaire américaine pour un Etat juif fort servant les intérêts américains et israéliens, les valeurs et les aspirations partagées. Obama s’est effectivement perçu comme un protecteur fiable d’Israël, et Netanyahu a rendu hommage à son rôle pour assurer le bien-être d’Israël.

Là où lui et Netanyahu ont toujours divergé, ce sont dans leurs évaluations très différentes des opportunités de paix de cet Israël fermement soutenu par les Etats-Unis, les risques impliqués, et les bonnes voies à suivre. Là où Obama ne peut tout simplement pas dépasser les implantations, Netanyahu ne cesse de souligner les dangers d’un « fanatisme incessant ». C’est une recette d’irritation mutuelle, et ça l’a toujours été.

Pas tout à fait terminé

Il n’y a pas eu une pointe d’amertume quand Obama a remarqué que, alors qu’il n’allait « être président que pour quelques mois encore », Netanyahu sera Premier ministre pendant « un peu plus longtemps ». Et seul un cynique aurait détecté une pointe de plaisir chez Netanyahu à son invitation au futur ex-président à venir jouer au golf à Césarée.

Il y a ceux qui pensent que nous verrons encore une surprise finale, qu’Obama pourrait soutenir une résolution du Conseil de sécurité sur la Palestine dans les dernières semaines de son mandat, ou soutenir l’initiative française, ou dévoiler un plan de paix détaillé, ou publier des accords passés comme projet pour le futur.

La relation Obama – Netanyahu ne sera pas terminée avant d’être terminée, bien sûr, mais un nouveau pari spectaculaire à la toute fin d’une présidence de deux mandats verrait Obama se demander précisément pourquoi il a tout laissé à si tard. Et cela vaut probablement la peine d’examiner la conclusion de ses remarques publiques, comme un guide possible de son état d’esprit. Il a déclaré espérer apprendre à présent de Netanyahu « comment Israël voit les prochaines années, quelles sont les opportunités et quels sont les défis, afin de s’assurer que nous maintenons vivante la possibilité d’un Israël stable et sûr en paix avec ses voisins, et d’un foyer national palestinien qui réponde aux aspirations de son peuple. » (Intéressant choix de mot qui fait écho au « foyer national » de la déclaration Balfour.)

Obama cherchait des assurances de Netanyahu, en d’autres termes, que la porte à une solution à deux états ne serait pas fermée au fur et à mesure dans les prochaines années. Ce n’est pas la formulation, pourrait-on raisonnablement conclure, d’un président sur le départ envisageant sérieusement une dernière tentative drastique et incendiaire, et presque certainement vouée à l’échec, d’imposer une solution.

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