Normalisation : Les Palestiniens renoncent à la présidence de la Ligue arabe
Ramallah décide finalement de rester dans l'organisation après avoir menacé de la quitter en raison du refus de l'instance de condamner les EAU et le Bahreïn
![Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki, lors d'une conférence de presse, le 22 septembre 2020. (Crédit : WAFA) Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki, lors d'une conférence de presse, le 22 septembre 2020. (Crédit : WAFA)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2020/09/0230553e-860e-41ab-b000-7fbbc182eeca-640x400.jpg)
Le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne (AP), Riyad al-Maliki, a déclaré mardi que l’AP abandonnera son rôle de président temporaire des réunions qui se tiennent actuellement au sein de la Ligue arabe en signe de protestation contre le refus de l’instance de condamner les accords de normalisation avec Israël.
« Je vous informe aujourd’hui que l’Etat de Palestine renonce à sa présidence dans cette série détestable de rencontres », a déclaré al-Maliki dans la journée de mardi. « La Palestine refuse d’inscrire dans son histoire qu’elle a présidé la dégénérescence morale qui s’est révélée lors de la dernière réunion… ainsi que les initiatives de normalisation qui ont suivi, qui sont en elles-mêmes un rejet de tout le travail que nous avons réalisé entre les murs de l’enceinte de la Ligue arabe ».
Selon les règles mises en vigueur à la Ligue arabe, l’AP aurait dû continuer à diriger les réunions pendant encore six mois.
Ramallah avait indiqué antérieurement que les Palestiniens envisageaient de quitter l’instance panarabe ou de suspendre leur adhésion, après le refus d’une résolution palestinienne déposée devant la Ligue, qui réclamait la condamnation des Emirats arabes unis pour leur décision de normaliser les liens avec Israël.
Il avait semblé improbable que cette condamnation soit adoptée dès sa présentation, plusieurs pays arabes ayant salué l’accord conclu entre les EAU et Israël. Mais le caractère prévisible de son échec avait ajouté à ce que de nombreux observateurs avaient qualifié de « coup dur » porté à la diplomatie palestinienne – une trahison de la cause palestinienne de la part d’une organisation qui a longtemps défendu le droit des Palestiniens à disposer d’un État.
Quelques jours seulement après l’échec de la résolution, Bahreïn avait annoncé normaliser également ses relations avec l’Etat juif.
Pendant des années, les Palestiniens ont compté sur l’Initiative de paix arabe, un plan datant de 2002 préparé par les Saoudiens et soutenu par la Ligue arabe. L’Initiative prévoyait une normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes – mais seulement après l’établissement d’un État palestinien.
Suite au vote, le secrétaire-général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, avait nié que la résolution ait un impact sur l’engagement des Etats arabes à poursuivre l’Initiative de paix.
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« Le consensus arabe sur la Palestine n’a pas changé », avait affirmé Aboul Gheit.
Mais il avait ensuite ajouté que « maintenant, il est vrai qu’il y a une querelle entre les Etats arabes sur certains des concepts liés à la paix avec Israël ».
Un haut-responsable de l’AP, Hussein al-Sheikh, avait qualifié l’incapacité de la Ligue arabe à condamner la normalisation de « triomphe de l’argent sur la dignité ».
« La Ligue arabe n’a rien produit. Elle a émis des condamnations de tous, dans la région entière, jusqu’à la nausée – à l’exception d’Israël. Et c’est un effondrement tonitruant, l’utilisation de la ‘souveraineté nationale’ pour justifier la soumission », avait-il continué.
Le président de l’AP Mahmoud Abbas avait ordonné que l’adhésion de l’Autorité à la Ligue arabe soit réexaminée dans le sillage de l’échec de la résolution.
Lors d’une réunion du cabinet, à la mi-septembre, le Premier ministre de l’AP, Mohammad Shtayyeh, avait expliqué que Ramallah étudiait les moyens de « corriger sa relation avec la Ligue arabe ».
« La Ligue arabe est devenue un symbole de l’impuissance arabe », avait commenté Shtayyeh, sans préciser quelles seraient les démarches qui seraient effectuées.
Toutefois, quelques jours plus tard, le diplomate vétéran Saeb Erekat avait annoncé sur Twitter qu’après tout, la Palestine ne se retirerait pas de la Ligue arabe.
Al-Maliki a expliqué, mardi, que la décision palestinienne avait été motivée par un désir d’éviter de créer un « vide » susceptible d’entraîner « différents scénarios dont nous n’avons pas besoin à ce stade ».
Pourtant, al-Maliki a admis qu’il semblait improbable que l’AP force la Ligue arabe à condamner la normalisation dans un avenir proche – même si l’Autorité restait au sein de l’organisation.
« Jusqu’à présent, nous n’avons vu aucun moyen de changer la situation de manière à condamner l’abandon du consensus arabe » sur la normalisation, a déclaré al-Maliki.