A Amsterdam, la plus chère ‘hanoukkia du monde revient à la vie
La Rintel de 266 ans, un puissant symbole de la communauté juive hollandaise, est exposée dans un musée, bien qu'elle ne serve plus à l'allumage
AMSTERDAM (JTA) — Pour le musée d’Histoire juive d’Amsterdam, la fête de Hanoukka a, cette année, impliqué la lourde tâche d’assembler la plus chère ‘hanoukkia du monde.
La semaine dernière, la Rintel Menorah, une ‘hanoukkia vieille de 266 ans et d’une valeur de plus d’un demi-million de dollars, a été remise en exposition au musée d’Histoire juive d’Amsterdam après la restauration de sa base en bois, qui avait été perdue pendant la Shoah. Fabriquée en 1753, la ‘hanoukkia est une relique de l’âge d’or d’une communauté qui a été presque entièrement exterminée par les nazis.
La restauration a nécessité l’installation d’une base en bois longue d’un mètre conçue par le designer d’artefacts de judaïca, Piet Cohen. Avant cela, la Rintel reposait sur une dalle de marbre rectangulaire qui ne correspondait guère à la conception complexe de la ‘hanoukkia originèle, qui comprend huit socles de bougie et plus de 150 délicats reliefs ressemblant à des fleurs, des feuilles et à des épines.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Cette base massive avait également compliqué le transport annuel de la ‘hanoukkia du musée vers la synagogue du rabbin Aron Schuster, où la communauté l’utilisait pour allumer les bougies de Hanoukka.
Le transfert de la ménorah, un rituel qui a commencé en 1955 et qui n’a été interrompu qu’en 2010, nécessitait un chauffeur, trois déménageurs et un conservateur, qui devaient démonter la Rintel et emballer ses cinq éléments dans des boîtes en bois. La ‘hanoukkia restait ensuite à la synagogue, où elle était quelque peu susceptible d’être volée, pendant un peu plus d’une semaine avant que la procédure ne soit répétée dans le sens inverse.
En 2016, la Rintel a été évaluée à 563 000 dollars. Ce montant est facilement arrivé en tête de la liste des ‘hanoukkiot les plus chères du monde que le Musée du peuple juif de Beit Hatfutsot avait compilée peu de temps auparavant.
Les finalistes étaient également néerlandais : des ‘hanoukkiot jumelles, toutes deux beaucoup plus petites et moins ornées que la Rintel. L’une des deux a rapporté 441 000 dollars lors d’une vente aux enchères en 2016. L’autre appartient à la famille royale néerlandaise et est prêtée de façon permanente au musée juif.
Les autres ‘hanoukkiot ont chacune leur charme, mais l’allumage de la Rintel « venait dire haut et fort : ‘nous sommes toujours là’ « , fait valoir Ruben Vis, le président de l’Organisation des communautés juives des Pays-Bas, ou NIK, à la Jewish Telegraphic Agency.
La ‘hanoukkia avait été commandée par la philanthrope juive Sara Rintel à Pieter Robol II, un maître orfèvre, et en a fait don à la Grande Synagogue d’Amsterdam. Avant cela, les Juifs ashkénazes d’Amsterdam ne possédaient aucun des objets clinquants caractéristiques des communautés portugaises plus anciennes et plus prospères de la ville, a souligné Vis.
« C’était une façon d’égaler la splendeur de la communauté portugaise, et cela a marqué un certain point culminant dans l’histoire du judaïsme néerlandais », a-t-il noté.
La Grande Synagogue fait partie des dizaines de lieux de culte juifs aux Pays-Bas qui n’ont pas survécu à la Seconde Guerre mondiale. Fermée en 1943 par les Allemands, son mobilier et son marbre ont été pillés. Presque tous ses membres faisaient partie des 75 % de Juifs néerlandais tués par les nazis, soit le taux de mortalité le plus élevé de tous les pays d’Europe occidentale occupés par les nazis.
Quelque 40 000 Juifs vivent aujourd’hui aux Pays-Bas, alors que la population d’avant-guerre était de 140 000 personnes. Le hall de l’ancienne synagogue fait maintenant partie du musée d’Histoire juive d’Amsterdam.
On ignore qui a caché la Rintel pendant la guerre, mais la disparition de la base en bois laisse penser qu’elle a pu être maintenue à plat pour pouvoir être dissimulée à l’intérieur d’un meuble.
La ‘hanoukkia est considérée comme un symbole si puissant du judaïsme hollandais qu’en 1898, une réplique a été réalisée pour la synagogue Dritt, un autre lieu de culte ashkénaze qui n’a pas survécu à la guerre.
La réplique a également survécu à la guerre et a été utilisée pendant des années pour allumer des bougies lors d’un concert annuel de Hanoukka au Concert Gebouw, la salle de concert la plus connue d’Amsterdam.
En 2015, face à l’assimilation croissante et à l’augmentation des dépenses de sécurité, la communauté juive d’Amsterdam a informé le gouvernement néerlandais qu’elle avait l’intention de vendre la Rintel originale aux enchères.
La communauté avait besoin de l’autorisation du gouvernement pour la vente car la Rintel était inscrite sur la liste des biens du patrimoine culturel. Mais au lieu d’approuver la vente, le gouvernement, en partenariat avec le Quartier culturel juif et le musée d’Histoire juive d’Amsterdam, s’est arrangé pour acheter la ‘hanoukkia et l’offrir en prêt permanent au musée.
Selon Emile Schrijver, le directeur général du Quartier culturel juif, le groupe qui chapeaute cinq institutions juives situées au cœur de ce qui était autrefois le quartier le plus juif d’Amsterdam, le gouvernement néerlandais a donné la moitié des 563 000 dollars. 125 000 dollars ont été offerts par l’Association Rembrandt, une organisation néerlandaise qui aide à recueillir des fonds pour la préservation d’œuvres d’art importantes. Le reste est venu de divers autres donateurs. La vente a été complétée en 2016.
Ce régime a permis à la Rintel de rester aux Pays-Bas, mais le changement de propriétaire a également entraîné son départ à la retraite. Avec son changement de statut, passant d’un objet rituel utilisé par une communauté juive vivante à la propriété précieuse d’un grand musée – avec toutes les restrictions liées à la préservation qui l’accompagnent – la ‘hanoukkia ne pouvait plus être utilisée pour l’allumage annuel des bougies de Hanoukka.
Vis a déclaré que sa communauté s’était depuis faite à l’idée. « Les objets ont une certaine durée de vie – ce que nous comprenons trop bien dans notre société actuelle, avec sa culture du jetable », a-t-il dit. « La Rintel vient d’atteindre sa date limite d’utilisation. Et elle est devenue autre chose : une œuvre d’art. Un bijou. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel