À cette réunion entre Israéliens et Émiratis, le business prime sur la Palestine
Rien ne laisse à penser que la guerre de 11 jours à Gaza a ralenti les relations naissantes entre les deux pays, avec des échanges commerciaux dépassant 354 millions de dollars
DUBAI, Emirats Arabes Unis — Au luxueux hôtel Armani situé à l’intérieur du plus haut gratte-ciel du monde à Dubaï, des Israéliens en kippas et des Emiratis vêtus de longues robes blanches et de kanduras se sont réunis mercredi pour discuter opportunités d’investissement. Ils visaient à tirer le meilleur parti de l’approfondissement des liens entre les deux pays, neuf mois après l’officialisation de leurs relations.
Extrêmement peu de mentions ont été faites des Palestiniens ou du fait qu’il y a à peine deux semaines, Israël était toujours en guerre.
Au lieu de cela, les conversations étaient axées sur les affaires. Plusieurs orateurs israéliens et émiratis ont ouvert leurs remarques par la salutation hébraïque « Shalom » et celle en arabe « Salam ». Ils ont parlé de stimulation du tourisme, de création d’emplois, de partage de technologies, de diversification des économies et des manières de s’attaquer aux problèmes de pénurie d’eau.
Depuis que les Émirats arabes unis et Israël ont officialisé leurs relations en septembre, des dizaines de milliers de touristes israéliens sont venus aux Émirats arabes unis, principalement à Dubaï ou lors de visites courtes dans la capitale d’Abou Dhabi.
Le commerce entre les deux pays a déjà dépassé 354 millions de dollars. Vingt-cinq accords ont été signés dans plus de 15 secteurs, a déclaré le ministre d’État au Commerce extérieur, Thani bin Ahmed Al-Zayoudi, le plus haut responsable émirati présent à l’événement.
Rien ne prêtait à penser que la guerre de 11 jours à Gaza, qui s’est terminée par un cessez-le-feu peu concluant le 21 mai, ait mis un frein aux relations naissantes entre les Émirats et Israël.
Au forum d’investissement, dans la somptueuse – et étroitement sécurisée – salle de bal Armani de la tour Burj Khalifa, on ne lisait aucune inquiétude ou préoccupation sur les visages enthousiastes des délégués et orateurs israéliens, dont beaucoup ont exprimé leur étonnement devant la rapidité avec laquelle des liens se sont tissés avec les Émirats arabes unis.
« C’est en train d’arriver et c’est du jamais vu. Si vous m’en aviez parlé il y a un an, je n’aurais pas pu deviner que (nous) serions ici aujourd’hui à Dubaï, parlant de toutes ces choses qui sont en train d’arriver », a déclaré l’ambassadeur israélien Eitan Naeh, basé à Abou Dhabi.
Naeh s’est entretenu avec l’Associated Press en marge du sommet, présenté comme la première conférence d’investissement organisée aux Émirats arabes unis entre Israéliens et Emiratis, depuis la signature du pacte diplomatique négocié par les États-Unis en septembre.
Le directeur général du Bureau d’investissement d’Abou Dhabi, Tariq Bin Hendi, a déclaré à l’audience que son pays avait « aidé des entreprises israéliennes à s’installer aux Émirats arabes unis ». Le bureau est chargé d’attirer les investissements étrangers à Abou Dhabi et de diversifier le secteur privé.
« Nous voulons que le peuple d’Israël et du monde entier vienne nous rejoindre, nous aide dans ce voyage, travaille avec nous, apprenne de nous, nous permette d’apprendre de vous, et finalement de construire une relation solide », a-t-il déclaré.
Il n’y avait aucun orateur israélien de haut niveau à l’événement, bien que cela puisse être le résultat de l’incertitude politique en Israël. La liste des orateurs avait également été changée de manière assez significative pour exclure plusieurs des orateurs initiaux inscrits à l’ordre du jour avant le récent conflit.
Le mois dernier, les Émirats arabes unis ont publié une rare condamnation publique d’Israël pour ce qu’ils ont appelé les mesures policières brutales à Jérusalem ainsi que les scènes violentes capturées par des Palestiniens montrant les forces de sécurité israéliennes réprimant les émeutes sur le mont du Temple, un site sacré à la fois pour les musulmans et les juifs.
La violence, qui a éclaté dans les derniers jours du mois sacré musulman du Ramadan, a provoqué la colère parmi les citoyens des États arabes du Golfe, dont certains ont exprimé leur soutien aux Palestiniens et leur opposition à Israël sur les réseaux sociaux ou lors de manifestations limitées.