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A Hackney, une milice juive veille à la sécurité, mosquées comprises

Avec la bénédiction de la police locale, ses 25 volontaires protègent habitants, commerces et lieux de culte

Des membres de la patrouille de volontaires des Shomrim près de Londres (Crédit : AFP/Leon Neal)
Des membres de la patrouille de volontaires des Shomrim près de Londres (Crédit : AFP/Leon Neal)

A Stamford Hill, un coin réputé difficile de Hackney, dans le nord-est de Londres, les habitants ont pris l’habitude de voir patrouiller à la nuit tombée une milice de juifs ultra-orthodoxes qui veillent jusque sur les mosquées du quartier.

« Shomrim », « Gardiens » en hébreu, fondée par la communauté haredie, a vu le jour en 2008, face au taux de criminalité élevé de ce secteur, sur le modèle de groupes d’auto-défense américains.

Depuis, avec la bénédiction de la police locale qui leur prodigue même des conseils, ses 25 volontaires protègent habitants, commerces et lieux de culte.

Leur présence a aidé à réduire le niveau de délinquance, contribuant entre autres à l’arrestation de 197 personnes l’an dernier dont le « cambrioleur le plus recherché de Hackney », se vantent-ils.

Munis de gilets pare-balles qui prouvent que les risques pris sont tout sauf anodins, ils coordonnent aussi les recherches de personnes disparues.

Méfiante au départ, la police reconnaît s’appuyer volontiers sur ces hommes qui ne se comportent pas comme des justiciers et savent au contraire se cantonner à un rôle citoyen. « Ils sont vraiment très bien organisés », affirme le commissaire Andy Walker, pour qui ils sont « les yeux et les oreilles de la police ».

Leur action bénévole a été récemment louée jusque par le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Il a souligné leur « courage remarquable » lors de la présentation d’un rapport sur la liberté religieuse en juillet.

« Leur bravoure passe inaperçue, ce qui les rend encore plus remarquables », a-t-il estimé.

« rien d’extraordinaire »

« Shomrim » s’est attiré une notoriété mondiale en raison du soutien qu’elle apporte sans distinction d’origine aux gens du quartier, y compris la communauté musulmane, victime de nombreuses menaces et actes de malveillance depuis 2013 et le meurtre du soldat Lee Rigby par des islamistes dans une rue de Londres.

« Il y a eu une flambée de crimes anti-musulmans. A travers toute l’Angleterre, des mosquées ont été incendiées », rappelle Shulem Stern, un bénévole de « Shomrim ».

Encouragé par les responsables politiques du quartier, le groupe s’occupe notamment de protéger le bâtiment de la principale mosquée.

« Leurs portes sont toujours ouvertes, donc n’importe qui peut y entrer et faire ce qu’il veut, comme y jeter une bombe incendiaire », constate Chaim Hochhauser, un autre bénévole.

Alors que cette initiative a pu étonner en raison de la perception de deux communautés foncièrement antagonistes, M. Stern n’y voit rien d’extraordinaire, soulignant au contraire les points communs.

« Les personnes extérieures ne le savent pas toujours, mais les musulmans et les juifs du coin partagent beaucoup de choses » dit-il. « Il y a aussi beaucoup de similitudes d’un point de vue religieux ».

Le porte-parole du conseil d’arrondissement, Michael Desmond, souligne quant à lui à propos des haredis que « ce n’est pas une communauté réputée pour son ouverture, mais quand c’est nécessaire, elle aide les autres ».

La guerre à Gaza n’y a rien changé

Le conseiller local Dawood Akhoon, musulman, travaille avec Ian Sharer, son alter ego haredi, pour rapprocher les deux communautés religieuses. Il assure que les musulmans ont bien accueilli la protection assurée par « Shomrim ».

« C’est indissociable de nos fois, nous devons prendre soin de notre environnement et de nos voisins », justifie-t-il.

Mais « ce n’est pas seulement une question de juifs et de musulmans, cela se produit à chaque fois que deux personnes se rencontrent. Vous pouvez avoir des idées différentes sur les choses mais cela n’affecte pas pour autant votre relation », relève M. Stern.

L’expérience de Stamford Hill est scrutée de près depuis juillet et la guerre à Gaza, qui a conduit à une hausse des actes antisémites, selon le groupe juif Community Security Trust.

« Shomrim » affirme que tous les problèmes rencontrés récemment, comme l’apparition de swastikas sur les murs de certains locaux, sont le fait de personnes extérieures au quartier.

« Il faut que cela soit clair, aucun des suspects auxquels nous avons eu affaire ne fait partie de la communauté musulmane locale », affirme Stern.

« Il n’y a eu aucun incident dans cette zone », abonde M. Sharer, attribuant cela au « respect » qui anime les habitants.

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