À Tel Aviv, un chauffeur de bus critique une passagère vêtue d’un débardeur
Selon la jeune femme de 22 ans, le conducteur s'est répété deux fois ; La compagnie Dan a ouvert une enquête
Une jeune femme a déposé plainte contre la compagnie de bus Dan, affirmant qu’un chauffeur de bus à Tel Aviv lui a fait des remarques sur sa tenue alors qu’elle montait à bord du véhicule vêtue d’un débardeur.
Dans une publication sur Facebook, la jeune femme de 22 ans affirme que le chauffeur de bus lui a lancé « Pourquoi es-tu nue ? », remarque qu’il a répétée une seconde fois : « Tu es nue ».
L’allégation de Reut Beit Halachmi Amir est la dernière d’une série d’incidents récents dans lesquels des femmes affirment avoir été victimes de discrimination ou de harcèlement de la part de chauffeurs de transports publics. Ces affaires ont fait la une des journaux nationaux et nombre d’entre elles ont été liées au climat généré par l’actuel gouvernement religieux de droite.
« Il m’a fallu quelques secondes pour me remettre de mon choc. Je me suis retournée et j’ai dit : ‘Qu’est-ce que tu m’as dit ? Tu as dit que j’étais nue ?' », a-t-elle écrit.
Selon Beit Halachmi Amir, le conducteur a par la suite nié avoir tenu ces propos, mais elle insiste sur le fait qu’elle l’a clairement entendu.
« Après cela, je me suis dirigée vers le siège arrière, comme une automate, mais en chemin, je me suis arrêtée. Je me suis retournée vers le chauffeur et je me suis assise sur le siège le plus à l’avant, le plus proche du chauffeur, pour que mon débardeur et moi soyons le plus proches possible de lui, parce qu’il n’a pas le droit de me dire quoi que ce soit sur mon corps et qu’il ne va pas m’obliger à me cacher à l’arrière », poursuit-elle.
« Toutes les quelques secondes, le conducteur me jetait des regards dans le rétroviseur, regards que j’ai soutenus jusqu’à ce que je parvienne à ma destination. »
Dan dit qu’elle mène une enquête approfondie sur ces allégations. Elle a noté que le conducteur avait donné une version très différente, mais a indiqué qu’elle poursuivait son enquête.
Le mois dernier, plusieurs jeunes filles et jeunes femmes ont intenté des poursuites contre des compagnies de bus après une série d’incidents distincts au cours desquels elles ont affirmé avoir été victimes de discrimination.
Selon la branche de Haïfa du site d’information Ynet, une jeune fille de 14 ans a porté plainte contre l’opérateur semi-privé Egged, auquel elle réclame 271 500 shekels après avoir été harcelée et discriminée au moment de monter à bord d’un bus en raison de sa tenue vestimentaire.
Selon les termes de la plainte déposée devant le tribunal de première instance de Haïfa, l’adolescente est montée à bord du bus 76 à Haïfa, vêtue d’un short et d’un bustier passé par-dessus un maillot de bain. Le chauffeur lui aurait demandé : « Tu as quelque chose [d’autre] à mettre », avant de lui dire que si un inspecteur passait, elle pourrait être condamnée à une amende en raison de sa tenue vestimentaire.
« C’était humiliant… tout le bus me regardait, j’étais gênée, je ne savais pas quoi faire », a raconté l’adolescente à la Douzième chaîne. Depuis, je ne prends quasiment plus le bus, je ne veux pas que l’on me fasse de remarques. Si je dois prendre le bus, j’utilise les portes arrière. »
Dans un communiqué, Egged a fait savoir qu’il avait immédiatement diligenté une enquête et que la plainte « serait traitée par la justice ».
Ce procès fait suite à un certain nombre d’incidents similaires qui ont fait la une des journaux ces dernières semaines. Selon la Douzième chaîne, Hila Peleg, une jeune femme de 21 ans originaire d’Ashdod, poursuit en justice la compagnie de bus Electra-Afikim après s’être vue refuser l’accès à un bus de la ligne 85 de la ville, le chauffeur lui ayant dit que le bus était réservé aux hommes.
Par ailleurs, les membres de la famille d’un groupe de jeunes adolescentes à qui l’on a demandé de s’asseoir à l’arrière d’un bus de la ligne 885 reliant Ashdod à Safed, et de se couvrir avec des couvertures ont également décidé de poursuivre la compagnie de bus Nateev Express.
Nateev Express a réagi en publiant une déclaration disant que la société « prenait cette question très au sérieux et condamnait toute forme d’exclusion au sein de l’espace public ». La société a fait savoir que le conducteur en question, employé par l’un de ses sous-traitants, « avait agi contrairement aux instructions pourtant claires de l’entreprise, du ministère des Transports et de la loi ».
Elle a ajouté que le chauffeur avait été suspendu et que la société avait présenté ses excuses aux jeunes femmes et demandé à ses sous-traitants « de rappeler la loi et les instructions du ministère des Transports. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement condamné ces incidents. Netanyahu a appelé à ce que toute personne discriminant des passagers dans les transports publics soit punie.
La ministre des Transports Miri Regev (Likud), s’est engagée à ne pas tolérer de tels faits, affirmant que toute discrimination envers les femmes serait traitée « avec sévérité ».