Abbas fustige « l’illusion de la paix pour la paix » lors de sa réunion avec Raab
Accueillant le chef de la diplomatie britannique, le président de l'AP dénonce l'accord Israël-EAU et affirme que la paix ne peut être obtenue en "passant outre les Palestiniens"

Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a critiqué ce qu’il a appelé « l’illusion de la paix pour la paix » lors d’une réunion avec le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, selon l’agence de presse officielle WAFA de l’AP.
« La paix ne sera pas obtenue en contournant les Palestiniens pour normaliser les relations avec les États arabes. Elle ne sera pas obtenue sous la forme d’une illusion de paix pour la paix. Elle sera plutôt réalisée sur la base du droit international et de l’Initiative de paix arabe, qui stipulent qu’un accord de paix doit être conclu d’abord avec les Palestiniens », a souligné M. Abbas.
Abbas faisait allusion aux déclarations du Premier ministre Benjamin Netanyahu selon lesquelles le récent accord de normalisation des relations avec les Émirats arabes unis marquait une victoire pour son approche « paix pour la paix ». Les précédents traités avec les États arabes, a indiqué M. Netanyahu, étaient basés sur l’échange de « terres contre la paix ».
Une déclaration commune publiée par les États-Unis, Israël et les Émirats arabes unis le 13 août a déclaré qu’Israël acceptait de suspendre son plan d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie en échange d’une normalisation complète des relations.
Raab effectue un bref voyage en Israël et auprès de l’Autorité palestinienne, que le ministère britannique des Affaires étrangères a qualifié de destiné à favoriser la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
« Le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab se rend en Israël et dans les territoires palestiniens occupés cette semaine pour faire pression en faveur d’un dialogue renouvelé entre leurs gouvernements et renforcer l’engagement du Royaume-Uni à prévenir l’annexion et à rechercher une solution négociée de deux États », a fait savoir son ministère lundi.
Contrairement à l’AP, la Grande-Bretagne a salué l’accord avec les EAU comme « un regain d’élan nécessaire pour la paix dans la région ».
Abbas a réitéré sa volonté « d’aller aux négociations sous les auspices du Quartet international et avec la participation d’autres pays ». Il a ajouté que son gouvernement basé à Ramallah continuait à rechercher l’unité et la réconciliation avec les autres factions palestiniennes, bien qu’un récent rassemblement conjoint Fatah-Hamas en Cisjordanie n’ait vu que quelques centaines de participants.
Lors de leurs rencontres avec Raab, les responsables israéliens semblaient plus soucieux de contrer l’Iran. Le ministre des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi, s’est dit « déçu de voir les votes des pays E3 [Grande-Bretagne, France et Allemagne] au Conseil de sécurité sur la question de la prolongation de l’embargo sur les armes à destination de l’Iran ».
Netanyahu, quant à lui, a exprimé sa déception à Raab sur l’opposition du Royaume-Uni à l’imposition de sanctions à l’Iran.
Le chef de la diplomatie britannique a également rencontré mardi le ministre de la Défense Benny Gantz, qui a tiré la sonnette d’alarme. Ce dernier a indiqué à Raab que la communauté internationale devait renouveler l’embargo sur les armes, selon le bureau de Gantz.