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Abstention de la Somalie lors d’un vote anti-Israël : des têtes tombent

Un pays de la Ligue arabe a, pour la première fois de l'histoire, choisi de ne pas voter contre Israël il y a dix jours lors d'une réunion majeure à Genève

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le nouveau président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo, à droite, à côté du président sortant Hassan Sheikh Mohamud, à gauche, devant les journalistes après sa victoire lors des élections à Mogadiscio, en Somalie, le 8 février 2017 (Crédit : AP Photo/Farah Abdi Warsameh)
Le nouveau président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo, à droite, à côté du président sortant Hassan Sheikh Mohamud, à gauche, devant les journalistes après sa victoire lors des élections à Mogadiscio, en Somalie, le 8 février 2017 (Crédit : AP Photo/Farah Abdi Warsameh)

Le 22 mars, la Somalie s’est abstenue lors d’un vote du Conseil des droits de l’Homme condamnant Israël.

Même si elle a eu lieu sans presque avoir été remarquée, l’abstention de cette nation sur une « résolution portant sur l’occupation par l’Etat juif du plateau du Golan » n’a pas de précédent dans l’histoire : il s’agirait de la toute première fois qu’un Etat-membre de la Ligue arabe manque une occasion de condamner Israël dans un forum international.

Cette retenue somalienne devant le projet de résolution A/HRC/40/L.4, intitulée « Droits de l’Homme dans le Golan syrien occupé, » a clairement été une anomalie, Mogadiscio votant le jour même en faveur de trois autres résolutions anti-israéliennes et répétant ultérieurement son rejet des revendications israéliennes sur ce territoire stratégique.

Mais cette initiative a fait apparaître en plein jour un débat qui agite actuellement ce pays de l’est de l’Afrique sur la question de futurs liens potentiels avec l’Etat juif.

Abdullahi Dool (Capture d’écran : Twitter)

Mettant encore davantage en exergue ce qui reste un bras de fer secret au sein même du gouvernement, un éminent diplomate somalien qui avait publiquement appelé à mettre en place des liens plus chaleureux avec Israël a été limogé dimanche. Ce responsable, Abdullahi Dool, visiblement peu troublé, a indiqué lundi au Times of Israel qu’il défendait avec force les liens israélo-somaliens.

La Somalie, qui est membre depuis 1974 de la Ligue arabe, n’a jamais entretenu de relations officielles avec Israël.

Changement de positionnement

Malgré des informations sporadiques sur un possible rapprochement, notamment sur une rencontre tenue secrète entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président somalien d’alors, Hassan Sheik Mohamud, en 2016, le pays africain vote traditionnellement contre l’Etat d’Israël, indépendamment du sujet.

D’où la surprise créée par le changement des habitudes de vote observé le 22 mars chez l’envoyée somalienne à Genève – en particulier concernant un vote portant sur la condamnation des actions israéliennes sur le Golan, organisé vingt-quatre heures après que le président Donald Trump a fait part de son intention de reconnaître la souveraineté israélienne sur ce territoire stratégique.

Le Conseil des droits de l’Homme à Genève débat d’une résolution condamnant les actions d’Israël sur le plateau du Golan, le 22 mars 2019 (Capture d’écran : UN WebTV)

Le 26 mars – soit quatre jours après son abstention-choc et le lendemain de l’officialisation de la décision du président américain – le gouvernement somalien a émis un communiqué répétant sa « position ferme sur le fait que le plateau du Golan est un territoire syrien illégalement occupé par Israël. »

Toute reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan n’est pas seulement « nulle et non avenue, contrevenant au droit international, » mais elle renforce les tensions au Moyen-Orient et compromet la paix, la sécurité et la stabilité, a continué le communiqué.

بيان صحفي (للنشر الفوري)مقديشو، الصومال٢٦ مارس/ آذار ٢٠١٩ إن حكومة جمهورية الصومال الفيدرالية تؤكد موقفها الثابت…

פורסם על ידי ‏‎Ministry of Foreign Affairs of Somalia‎‏ ב- יום שלישי, 26 במרץ 2019

Mogadiscio n’a pas donné d’explication officielle de son abstention exceptionnelle. Mais un haut responsable du gouvernement a déclaré avoir été « surpris » par cette dernière lors du vote sur le Golan, affirmant qu’elle « contredit la position officielle du gouvernement. »

« L’intervention » d’Ilhan Omar

Le ministère somalien des Affaires étrangères a convoqué également dans le pays son ambassadrice en Suisse, Faduma Abdullahi Mohamud.

Faduma Abdullahi Mohamud (Capture d’écran : YouTube)

« Vous êtes dans l’obligation de revenir dans le pays sous huitaine. Le ministère souhaite que vous veniez dans la période définie ci-dessus, » a demandé le ministère dans une lettre obtenue par les médias locaux.

Le blog Israellycool a cité une « source anonyme d’un gouvernement étranger » qui aurait dit que le ministre somalien des Affaires étrangères, Ahmed Isse Awad, aurait rappelé son ambassadrice « seulement après avoir reçu un appel téléphonique d’Ilhan Omar, membre du Congrès américain. »

La représentante du Minnesota Ilhan Omar à Washington, le 6 mars 2019. (Crédit : AP/J. Scott Applewhite)

Ilhan Omar, nouvelle arrivée au Congrès et représentante du Minnesota originaire de Somalie, est une critique fervente d’Israël. Elle s’est attirée les condamnations des responsables politiques américains et israéliens pour ses allusions à peine voilées au rôle démesuré – selon elle – que jouerait l’argent des Juifs dans la politique étrangère des Etats-Unis.

Cette accusation anonyme attribuant à Omar l’origine de l’ordre du rappel de l’envoyée à Genève de la Somalie a été rapidement démentie par Abdullahi Dool, directeur du bureau du ministère des Affaires étrangères du pays africain.

« Ce n’est absolument pas vrai. La membre du Congrès n’a rien à voir avec ce dossier. C’est habituel de rappeler les ambassadeurs dans le pays pour consultation, » a-t-il écrit sur Twitter.

Le renvoi d’un haut responsable

Vendredi, Abdullahi Dool, qui travaille au service des Affaires étrangères de la Somalie depuis 1983, a appelé sur Twitter à l’établissement de relations diplomatiques entre Mogadiscio et Jérusalem. « Ça n’a que trop tardé. Mettre en place des liens diplomatiques ne nuira à personne mais pourra promouvoir la paix et la coopération, » a-t-il ainsi écrit.

« Les Palestiniens sont leurs propres ennemis, » a-t-il ajouté dans une seconde publication. « Ils ne ratent jamais une opportunité de laisser passer une chance. Ce sont des idiots et des perdants à Gaza. Ils devraient être condamnés à chaque fois qu’ils attaquent des civils. C’est dans notre intérêt d’accueillir Israël. »

Il a depuis supprimé ses tweets, affirmant qu’il n’avait fait que partager son opinion personnelle. Ce qui n’a pas empêché ses patrons de le limoger dimanche, une initiative qui a été saluée par « les Somaliens dans le pays et à l’étranger, » selon la radio Dalsan, dont le siège est à Mogadiscio. « Plus de 80 % des personnes qui ont réagi sur le fil Twitter de la station de radio ont dit que le gouvernement avait bien fait, » affirme un article paru sur son site internet.

Apparemment peu troublé, l’intéressé a réaffirmé lundi matin sa position vis-à-vis de l’Etat juif dans un courriel adressé au Times of Israel.

« Je suis absolument favorable à des liens avec Israël. On verra ce que l’avenir réservera aux relations israélo-somaliennes, » a-t-il écrit. « Dans notre pays, il y a de nombreux responsables qui, eux aussi, sont favorables à la mise en place de relations avec Israël, il y en a aussi qui sont contre… Il faudra encore quelques années avant que la Somalie ne tisse des liens. »

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