Accord entre les travailleurs sociaux et le Trésor après 17 jours de grève
Dans l'accord, des hausses de salaire et un programme de protection après des années à déplorer de faibles revenus, un manque de personnel et des conditions de travail dangereuses
Les travailleurs du secteur social, en Israël, sont parvenus à un accord avec le ministère des Finances, après plusieurs heures de négociations mardi soir et à l’issue d’une grève qui a duré dix-sept jours.
Cela fait longtemps que les travailleurs sociaux dénoncent ce qu’ils qualifient de charge de travail démesurée, de salaires faibles, évoquant également des conditions de travail marquées par un danger constant de violences. Leur syndicat avait pris la décision de se mettre en grève, au début du mois, après l’échec de négociations répétées avec le gouvernement.
Le Syndicat israélien des travailleurs sociaux a accepté la proposition du gouvernement qui comprend une allocation de 200 millions de shekels (50,5 millions d’euros) pour des augmentations à partir de l’été prochain, suivie d’une deuxième tranche à une date ultérieure lorsque les accords salariaux seront négociés, ainsi qu’un budget de 70 millions de shekels (17,6 millions d’euros) pour des programmes de protection. En outre, tous les travailleurs recevront en 2021 une prime de 9 000 à 11 000 shekels (2 270 à 2 775 euros).
La responsable du syndicat, Inbal Hermoni, a célébré l’accord dans une notification aux membres déclarant : « Nous avons gagné ! ».
« Une lutte formidable s’achève aujourd’hui avec notre victoire éclatante », a-t-elle écrit.
Le ministre des Finances, Israel Katz, s’est également félicité de cette évolution, en tweetant : « Comme je l’ai assuré, nous ne laisserons personne derrière nous. Nous nous sommes mis d’accord sur des mesures historiques qui changeront le statut des travailleurs [sociaux] et leur permettront de poursuivre leur travail dévoué dans des conditions adaptées à la tâche qu’ils ont entreprise ».
Le ministre des Affaires sociales, Itzik Shmuli, a également salué l’accord, indiquant sur Tweeter que les demandes des travailleurs sociaux étaient justifiées.
« Face aux défis sociaux difficiles, qui n’ont fait que s’intensifier pendant l’épidémie de coronavirus, ils constituent notre unité d’élite exceptionnelle ; nous sommes tous déterminés à l’entretenir et à lui apporter un soutien total en matière de conditions de travail et de protection ».
Le ministre de la Défense et premier ministre d’alternance Benny Gantz a également exprimé son soutien, tweetant « ceux qui travaillent avec les populations défavorisées méritent des salaires décents et des conditions de travail décentes ».
Cette convention a été conclue quelques heures après une menace proférée par le chef du syndicat de la Histadrout, Arnon Ben-David, qui avait déclaré que sans résolution de ce conflit, d’autres fonctionnaires pourraient également se mettre en grève.
Pendant la grève, reconductible et initialement à durée indéterminée, aucune ordonnance de protection de mineurs et de jeunes en danger n’avait été émise, les commissions chargées des avortements ne s’étaient pas réunies, il n’y avait pas eu d’interlocuteurs disponibles pour s’occuper des réclamations faites par les Seniors, il n’y avait pas eu de suivi des incidents de violence conjugale, il n’y avait eu aucune allocation versée pour les mineurs dans les foyers ni d’évaluations faites des personnes condamnées et placées en état d’arrestation.
Une étudiante dans le secteur social avait entraîné l’indignation lorsqu’elle avait posé, la poitrine nue, sur la statue d’une menorah, aux abords de la Knesset, au cours de mouvements de protestation anti-gouvernementaux d’ampleur à Jérusalem.
Cette jeune femme anonyme avait dit à Nir Hasson, journaliste au quotidien Haaretz, qu’elle faisait ses études dans le secteur social.
« Peut-être qu’aujourd’hui, si j’enlève le haut, quelqu’un va se préoccuper des travailleurs sociaux, ce geste vise à changer les perceptions », avait-elle commenté.
Le président de la Knesset Yariv Levin avait appelé à ce qu’elle soit arrêtée pour « profanation des symboles de l’Etat ».
La déclaration de Bar-David avait eu lieu après le rejet d’une proposition initiale du ministère des Finances par le syndicat des travailleurs sociaux. Dans ce premier plan étaient prévus une hausse de salaire de quelques centaines de shekels par mois et un programme de protection d’un an contre les violences dont ces employés sont victimes.
Selon le site d’information Ynet, la cheffe du syndicat israélien des Travailleurs sociaux, Inbal Hermoni, avait rejeté l’offre, la qualifiant de « maigre augmentation de salaire et de programme de protection qui expirera au mois de juin 2021 ».
Mardi matin, les travailleurs sociaux grévistes s’étaient réunis sur la place Rabin de Tel Aviv. Ils avaient ensuite défilé sur l’artère Ibn Gvirol.
Ron Huldai, le maire de Tel Aviv, avait rejoint les protestataires, appelant le gouvernement à améliorer les conditions de travail des employés du secteur social.
« Le ministre des Finances doit immédiatement intervenir dans cette crise », avait-il dit, selon le quotidien Haaretz. « Le combat des travailleurs sociaux est un combat unique – c’est le combat des plus vulnérables, qui eux-mêmes s’occupent des plus vulnérables qu’eux ».
Le site d’information Ynet avait rapporté, l’année dernière, que le syndicat avait révélé que 83 % des travailleurs sociaux avaient fait l’objet de violences dans le cadre de leurs activités. Trente pour cent avaient subi des violences physiques et encore 30 % avaient fait l’objet de menaces proférées à leur encontre ou à l’encontre de leurs enfants.
Hermoni avait noté, au début du mois, que mille postes environ étaient vacants dans le secteur social mais que personne ne souhaitait travailler dans ce milieu en raison de « la charge de travail, des violences et des bas salaires ».
Dimanche, les manifestants avaient accroché 300 dossiers sur la barrière installée devant le bureau du Premier ministre pour illustrer le nombre de dossiers que chaque travailleur social est tenu de prendre en charge.
Vendredi soir, dans l’émission animée par Shai Stern sur la Treizième chaîne, le présentateur avait demandé à une ancienne députée Likud invitée sur le plateau, Nava Boker : « depuis quand Israël est devenu un pays qui n’aide pas les gens qui aident les autres ? »