Accueil chaleureux à Berlin pour Zarif, volonté de renouveler “la gamme entière” des liens
Le chef de la diplomatie allemande a accueilli mercredi son homologue iranien pour une rencontre bilatérale à Berlin, apparemment en démenti de l’engagement antérieur de la chancelière Angela Merkel de ne pas normaliser les relations avec Téhéran tant que le régime refuserait le droit d’Israël à exister
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Frank-Walter Steinmeier a reçu Mohammad Javad Zarif dans le château appartenant au ministère des Affaires étrangères situé à la périphérie de Berlin, dans ce qui marque la première fois que l’Allemagne reçoit un diplomate iranien de haut rang pour des pourparlers bilatéraux.
D’après le ministère des Affaires étrangères allemand, les deux hommes ont discuté des relations irano-allemandes, des questions régionales telles que la guerre en Syrie, et de la mise en oeuvre de l’accord nucléaire que six puissances mondiales ont signé avec l’Iran l’année dernière.
Après leur discussion, Steinmeier a convié Zarif à un dîner de l’iftar pour rompre le jeûne du Ramadan à la Villa Borsig.
“Nous avons eu de bonnes discussions, des discussions qui ne sont pas faciles mais qui sont nécessaires alors que nous entreprenons de renouer nos relations.”
Steinmeier a dit lors d’une conférence de presse commune : “Nous pouvons bâtir une bonne et longue histoire de relations allemano-iraniennes. Et je peux le dire pour l’Allemagne : nous voulons renouer ces relations dans la gamme entière : politiquement et économiquement, mais également culturellement et entre les sociétés.”
Steinmeier, un membre du parti social-démocrate de centre gauche, a en outre ajouté que la façon diplomatique dont a été réglée l’impasse nucléaire vieille de dix ans entre l’Ouest et Téhéran pouvait servir d’exemple pour les efforts de gérer différentes crises au Moyen-Orient.
“Il est faux de penser que l’accord nucléaire est le seul aspect pertinent concernant les relations avec ce pays,” a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien Emanuel Nahshon au Times of Israël jeudi. “On ne peut ignorer le comportement négatif de l’Iran concernant les droits humains, le soutien au terrorisme et ses appels publics à la destruction d’Israël.”
Toute ouverture vers l’Iran sans “une demande ferme qu’il change de comportement” signifie pour le régime que “c’est du commerce habituel et qu’il n’y a pas besoin de changer quoi que ce soit,” a souligné Nahshon, ajoutant, cependant, que Berlin comprenait cette position.
“Les autorités allemandes ont transmis à Israël qu’il n’y aurait pas de normalisation de leurs relations avec l’Iran tant qu’il n’y aurait pas de changement significatif de la position iranienne vis-à-vis d’Israël.”
Un diplomate allemand a dit au Times of Israël : “Il n’y a pas de contradiction entre travailler à construire des relations et reconnaître que les conditions ne sont pas réunies pour qu’une pleine normalisation existe.”
Lors d’une conférence de presse commune avec le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, durant sa visite à Berlin en février, le Times of Israël a posé des questions à Merkel à propos de l’empressement apparent de la part de l’Allemagne de reconstruire des relations avec le régime à Téhéran. La chancelière à répondu : “Nous avons dit très clairement – le gouvernement fédéral, tous les partis qui consituent la coalition – qu’il ne peut exister des relations normales et amicales avec l’Iran tant que l’Iran ne reconnaît pas le droit d’Israël à exister.”
Steinmeier a lui-même invoqué l’importance que constitue pour l’Iran la reconnaissance du droit d’Israël à exister lors d’une visite d’octobre 2015 à Téhéran.
“Avec l’influence politique de l’Iran dans la région viennent de grandes responsabilités pour trouver des solutions qui servent l’intérêt des peuple (de la région). D’après nous, cela doit inclure un engagement à une coexistence pacifique avec tous ses voisins, y compris Israël,” avait-il dit dans un entretien à l’époque.