Adieu masques, bonjour poignées de mains : Israël sort du COVID et inspire
Pour le reste du monde, qui, s'interroge sur l'avenir de nos interactions sociales, la poignée de mains entre Netanyahu et Bennett montre qu'une sortie de la pandémie est possible
Parmi les scènes tumultueuses qui se sont déroulées à la Knesset cette semaine, on retiendra un moment d’une profonde pertinence pour des milliards de personnes à travers le monde. Un moment qui, pour une fois, n’avait rien à voir avec la politique israélienne.
Israël vient d’abolir le port obligatoire des masques en intérieur. Cela signifie que les Israéliens peuvent enfin se voir en face à face, comme ils ne l’avaient pas fait depuis près d’un an et demi.
Cette décision fait suite à la suppression de presque toutes les autres règles relatives au COVID-19, notamment l’ouverture à tous des lieux de divertissement, et l’annulation de l’obligation de porter un masque en extérieur.
La décision concernant le port du masque en intérieur, qui est entrée en vigueur mardi, était importante, mais elle nous en a moins appris sur le retour à la normale du pays qu’un événement encourageant survenu deux jours plus tôt à la Knesset.
Les débats de la Knesset de dimanche, dominés par le comportement (très) indiscipliné de plusieurs législateurs, ont vu certains d’entre eux expulsés pour avoir crié. L’homme qui venait d’être évincé du poste de dirigeant d’Israël, debout sur le podium, était occupé à décrire son successeur comme inapte à diriger le pays et le mettant en danger face à son ennemi mortel, l’Iran.
Le lendemain, Benjamin Netanyahu a esquivé un toast avec le nouveau Premier ministre, Naftali Bennett, et a limité la réunion de passation de pouvoirs à moins d’une demi-heure.
Mais dimanche, à la Knesset, alors que son monde s’écroulait sous ses yeux, Netanyahu a fait la seule chose qui pouvait exprimer une acceptation à contrecœur de Bennett : lui serrer la main. (Sur la photo, Netanyahu porte un masque facial car la rencontre a eu lieu deux jours avant l’abolition de la règle du masque en intérieur).
Il n’a fallu que quelques semaines de cas de COVID-19 au plus bas pour que la poignée de mains devienne non seulement socialement acceptable, mais omniprésente. Le contact physique n’a pas tardé à revenir parmi ceux qui y tiennent réellement. Mais la journée de dimanche a montré qu’il est à nouveau de rigueur même chez les personnes qui ne supportent pas la vue de l’autre. En d’autres termes, toute la gamme des interactions sociales est bel et bien de retour.
Beaucoup ont fait l’éloge de la poignée de main lorsqu’elle est devenue taboue au début de la pandémie. On nous disait que nos mains étaient des nids à microbes et qu’il n’y avait aucune raison valable pour que nous reprenions un jour cette habitude. « Je pense que nous ne devrions jamais plus nous serrer la main, pour être honnête avec vous », a déclaré le plus grand infectiologue américain, Dr Anthony Fauci, il y a 14 mois.
Beaucoup ont trouvé exaltant de se promener dans un Israël sans masques mardi et de se retrouver véritablement face à face les uns avec les autres. Après s’être habitués aux visages couverts des chauffeurs de bus, des caissiers au supermarché, des enseignants et de tant d’autres, les israéliens ont pu à nouveau échanger des sourires.
Tous ceux à travers le monde qui sont encore en pleine pandémie savent qu’un jour leur mandat de port de masque sera également annulé. Pourtant, ce que beaucoup peinent à imaginer, c’est le retour de leurs sentiments d’autrefois en matière d’interaction avec les autres, et la reprise des normes de vie sociale.
La manière dont Israël s’est attaqué à la vaccination est depuis longtemps une source d’inspiration au niveau international. Au début, c’était une histoire axée sur la rapidité et l’efficacité, et le rythme auquel un pays pouvait administrer des vaccins. Puis c’est devenu une histoire de statistiques, qui ont prouvé que le vaccin fonctionne bien pour prévenir la maladie et sa transmission. Aujourd’hui, c’est une histoire de réouverture : comment un pays peut réussir à relancer l’infrastructure de la vie normale, de l’éducation aux loisirs.
Maintenant que les règles ont disparu, Israël fascine encore pour une raison plus subtile. Alors que nous encensons notre pays comme étant le premier à sortir de la pandémie, comment nous sentons-nous réellement ?
Après avoir été conditionnés pendant des mois à considérer les autres comme des risques potentiels d’infection sommes-nous devenus réticents à nous approcher de trop près ? Nous méfions-nous toujours les uns des autres, comme beaucoup l’avaient prédit ? Tout semble indiquer que notre nervosité s’est rapidement dissipée, à un degré inimaginable pour ceux qui sont encore en pleine pandémie.
Cela aussi fait partie des enseignements importants sur la pandémie qu’Israël a pour le monde.
La crise du coronavirus a laissé de nombreuses cicatrices psychologiques et émotionnelles. Mais nous avons découvert qu’il y a une force en nous, en tant qu’individus et en tant que société, qui nous pousse à restaurer les normes sociales, à rétablir le contact et à passer de la nouvelle normalité à l’ancienne.
Au fond, l’inquiétude de beaucoup de gens dans le monde n’est pas qu’ils ne se débarrassent jamais du COVID-19, mais que la réalité moins isolée et plus interactive socialement qu’ils connaissaient auparavant ne revienne jamais. Israël nous prouve que ce sera le cas.