AIEA: L’uranium en Iran a atteint le niveau des « pays qui fabriquent des bombes »
Le chef de l'agence de surveillance nucléaire des Nations unies prévient que, même si le pacte de 2015 est relancé, le programme ne pourra pas être ramené à son état antérieur
Le chef de l’organisme de surveillance nucléaire des Nations unies (AIEA) a déclaré que l’Iran enrichit de l’uranium à des niveaux que seuls les pays cherchant à fabriquer des armes atomiques atteignent, ajoutant que le programme nucléaire de la république islamique ne peut plus être ramené au niveau où il se trouvait lorsqu’un accord avait été conclu en 2015.
« Un pays qui enrichit à 60 % est une chose très sérieuse, seuls les pays qui fabriquent des bombes atteignent ce niveau », a déclaré le chef de l’agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, dans une interview au Financial Times, publiée mercredi et citée par l’agence de presse Reuters.
« Soixante pour cent, c’est presque de qualité militaire, l’enrichissement commercial est de 2,3 (pour cent) », a-t-il déclaré. « C’est un degré qui nécessite un œil vigilant. »
Bien que Grossi ait concédé que l’Iran a le droit de développer son programme nucléaire, il a mis en garde contre les conséquences d’un excès.
« Vous ne pouvez pas remettre le génie dans la bouteille, une fois que vous savez comment faire les choses, vous savez, et la seule manière de vérifier cela est la vérification », a-t-il dit, faisant référence aux contrôles par les observateurs de l’ONU.
Avec le degré de sophistication que l’Iran a atteint, « il faut un système de vérification vraiment fort, très solide », a-t-il ajouté.
Les efforts pour relancer l’accord international sur le nucléaire iranien sont suspendus à une « décision politique » des Etats-Unis, a déclaré lundi Téhéran après que Washington eut exprimé des doutes sur la volonté d’aboutir des Iraniens.
« Nous avons fait des progrès importants et pensons toujours qu’un accord est à portée de main », a déclaré le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, lors d’une conférence de presse à Téhéran.
Les pourparlers de Vienne « peuvent facilement donner des résultats si une décision politique est prise à Washington », a-t-il ajouté, disant attendre que les Etats-Unis « prennent leurs distances avec la rhétorique, l’attitude et le comportement », de M. Trump, qui avait décrété une campagne de « pression maximale » contre l’Iran.
Alors qu’une nouvelle session de discussions doit s’ouvrir cette semaine à Vienne, le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a déclaré dimanche que les Etats-Unis n’avaient à ses yeux « pas encore de réponse » à la question de « savoir si l’Iran (…) est prêt à faire le nécessaire pour se conformer de nouveau à l’accord ».
« L’Iran, je crois, sait ce qu’il doit faire pour revenir au respect de l’accord sur les aspects nucléaires, et nous n’avons pas vu si l’Iran était prêt à prendre une décision », a-t-il ajouté
De leur côté, les Etats-Unis savent « quelles sanctions vont devoir être levées si elles ne sont pas compatibles avec l’accord nucléaire », a encore déclaré M. Blinken, laissant entendre que Washington n’était pas prête à lever toutes sanctions réimposées ou instituées par M. Trump contre l’Iran, comme ne cesse de le demander Téhéran.