Aliza Bloch déloge Aboutboul et devient la première femme maire de Beit Shemesh
L'ancienne directrice d'école a vaincu le maire ultra-orthodoxe en poste depuis 10 ans, par 533 voix, dans une ville marquée par les tensions religieuses
La candidate Aliza Bloch a délogé de justesse Moshe Aboutboul à la mairie de Beit Shemesh.
Bloch, autrefois perçue comme une candidate improbable, a obtenu 251 voix de plus qu’Aboutboul mercredi, après comptabilisation de 99 % des bulletins de vote. Un calcul prévisionnel des bulletins de vote des soldats, des prisonniers et des personnes handicapées lui a permis de totaliser 533 voix de plus qu’Aboutboul.
La victoire de Bloch est un changement drastique pour cette ville de 80 000 habitants, nichée dans les collines forestières des montagnes de Judée. Un important influx de familles ultra-orthodoxes ces dix dernières années a modifié profondément le caractère de la ville et a donné lieu à d’incessantes frictions sur les questions religieuses.
Bloch est la première femme à se présenter aux élections de la ville. Elle fait partie d’un groupe de femmes à diriger de grandes villes pour la première fois, notamment à Haïfa, avec la victoire d’Einat Kalisch Rotem, la veille.
Aboutboul, lui même ultra-orthodoxe et membre du parti Shas, est en poste depuis 2008. En 2013, il a gagné de justesse face au laïc Eli Cohen, avec moins d’un millier de votes d’écart. Ce vote a ensuite fait l’objet de réclamations suite à d’éventuelles irrégularités.
Bloch s’était déjà présentée en 2013, sous l’étiquette du parti HaBayit HaYehudi puis comme candidate indépendante après s’être opposée au leadership de droite du parti à l’échelle nationale. Mais elle avait perdu face à Cohen aux primaires.
Dans son discours adressé à ses partisans, Bloch a déclaré que sa victoire était un espoir pour la nation entière.
« Ce soir, le peuple d’Israël regarde Beit Shemesh et un nouvel espoir s’éveille », a-t-elle dit, citée par Haaretz. « Beit Shemesh a décidé de faire tomber les murs, de se décloisonner. Jusqu’à maintenant, les marginaux contrôlaient le discours public et nous empêchaient de voir le monde. »
Ancienne directrice du lycée Branco-Weiss et mère de quatre enfants, Bloch, qui est religieuse, s’est targuée de pouvoir réduire les clivages qui ont fait de la ville un champ de bataille opposant la population haredi et les autres citoyens.
« Je pense que je suis un pont entre tous », avait-elle confié au Times of Israël en 2013.
« Je peux être un pont pour les haredim, mais également pour les laïcs. J’ai travaillé toute ma vie avec des laïcs, et je fais partie du mouvement sioniste religieux, et je pense que j’ai l’opportunité d’être une passerelle entre ces deux mondes. »
Aboutboul a été une figure séparatiste dans la ville. En 2013, il avait clamé que sa ville ne comptait aucun homosexuel, la décrivant comme « sainte et pure ».
Ces dernières années, une « brigade de la pudeur » s’en est pris à des résidentes de la ville, ce qui a valu à la ville des critiques et une attention mondiale.
En 2011, la petite Naama Margolese, âgée de 8 ans, avait reçu des crachats et des insultes de la part d’hommes haredi alors qu’elle se rendait à l’école, située près d’un quartier ultra-orthodoxe. Au début de l’année, un groupe de femmes avait été poursuivi et attaqué par un groupe d’hommes ultra-orthodoxes. L’incident avait été filmé.
En décembre, la Cour suprême a ordonné à des responsables municipaux de retirer des panneaux qui enjoignent les femmes à se vêtir pudiquement, mais des membres de la communauté ultra-orthodoxe ont tenté de les ré-installer.