Israël en guerre - Jour 589

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Ce jour férié a coûté 2 milliards de shekels

Municipales : Lion rugit et autres points importants des premiers résultats

Elkin quitte la course, il reste deux candidats à Jérusalem; Huldai l'emporte à Tel Aviv sur son challenger; une femme devient pour la première fois maire de Haïfa

Le candidat à la mairie de Jérusalem Ofer Berkovitch s'exprime depuis son siège de campagne à Jérusalem, le 31 octobre 2018 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le candidat à la mairie de Jérusalem Ofer Berkovitch s'exprime depuis son siège de campagne à Jérusalem, le 31 octobre 2018 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

En entendant les résultats des sondages de sortie des urnes pour les élections nationales de 2015, les Israéliens étaient allés se coucher en pensant que le Likud et l’Union sioniste faisaient jeu égal. Ces enquêtes réalisées aux abords des bureaux de vote, sur deux chaînes de télévision israéliennes, montraient que les deux plus importants partis du pays avaient remporté chacun 27 sièges. Une troisième estimait que le Likud avait un point d’avance sur l’Union sioniste, à 28 sièges contre 27.

Mais l’histoire s’était toutefois révélée très différente lorsque les citoyens, en s’éveillant le lendemain, avaient appris qu’avec 99 % des bulletins dépouillés, le Likud et Benjamin Netanyahu avaient finalement gagné 30 sièges contre seulement 24 pour l’Union sioniste. Isaac Herzog, qui avait promis l’espoir et le changement, avait alors reconnu sa défaite.

En contraste, dans la nuit de mardi et mercredi matin, alors que les résultats des élections municipales ont commencé à arriver au compte-goutte en provenance des 251 villes et conseils régionaux où les citoyens ont voté partout dans le pays, les prédictions – notamment un bouleversement à Haïfa, un deuxième tour à Jérusalem et une victoire du maire sortant à Tel Aviv – se sont largement confirmées, malgré quelques surprises.

1. Le taux de participation électorale en légère hausse

Pour la première fois, grâce à une nouvelle loi adoptée à la Knesset, les Israéliens ont pu profiter d’un jour de congé pour aller voter pour leurs représentants locaux, un changement qui a été décidé pour sortir les électeurs de l’indifférence traditionnelle qu’ils nourrissent à l’égard des scrutins municipaux.

Les chiffres initiaux montrent que cela a fonctionné – mais pas tant que ça.

Selon le ministère de l’Intérieur, ce sont 3,6 millions de personnes qui ont voté sur un total de 6,6 millions d’électeurs dans 251 villes, municipalités et conseils locaux, ce qui représente une augmentation d’environ cinq points de pourcentage par rapport au dernier scrutin de ce type, il y a cinq ans.

Les Israéliens font la queue pour voter dans un bureau de vote dans la matinée des élections municipales, à Safed, dans le nord d’Israël, le 30 octobre 2018 (Crédit : David Cohen/Flash90)

Le taux de participation en 2013, avait affiché une moyenne nationale de 51,9 %, avec seulement 28,7 % à Tel Aviv Jaffa ; 39,4 % à Jérusalem – où les résident arabes de Jérusalem Est boycottent le vote – et 32,7 % à Haïfa.

Il s’élève cette fois-ci à 57 % dans l’ensemble du pays avec 44,7 % des électeurs qui se sont déplacés pour mettre leur bulletin dans l’urne à Tel Aviv Jaffa, 35 % à Jérusalem et 47 % à Haïfa.

Cette hausse globale est, très certainement, une amélioration significative avec plus de 400 000 votes de plus hier qu’en 2013. Mais le résultat reste encore légèrement décevant, après que la participation, durant toute la journée, a semblé laisser espérer ce qui aurait pu être une augmentation de 10 à 15 %.

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri a toutefois salué la réussite de la toute première mise en oeuvre de cette réforme, affirmant qu’il était « fier que le ministère a permis d’améliorer la participation électorale, et la manière professionnelle dont il a géré le plus important scrutin jamais organisé dans l’histoire d’Israël ».

Mais alors que cette journée devrait coûter presque deux milliards de shekels à l’économie, cette expérience onéreuse a-t-elle véritablement valu la peine ?

2. Jérusalem: Elkin, du Likud, sévèrement battu avant même le second tour

Aucune des batailles locales n’a été plus âprement combattue que dans la capitale, où quatre candidats ont rivalisé pour arracher les deux meilleurs classements qui leur permettent de s’affronter lors d’un second tour.

Les résultats finaux ont montré la défaite stupéfiante du ministre des Affaires de Jérusalem Zeev Elkin, longtemps considéré comme le favori le plus probable de la course à la mairie. Malgré le soutien apporté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le maire sortant Nir Barkat, Elkin est arrivé troisième.

L’homme d’affaires Moshe Lion et le jeune Ofer Berkovitch, pour leur part, semblent se diriger vers un second tour. Lion a engrangé 30 % des voix et Berkovitch 29 %, des chiffres à comparer avec les 19 % d’Elkin.

Une heure avant la fermeture des bureaux de vote, la chaîne israélienne Hadashot a fait état d’une participation élevée dans les quartiers laïcs et ultra-orthodoxes de Jérusalem, mais d’une faible présence des électeurs dans les bureaux des quartiers nationaux-religieux et traditionnellement religieux, ce qui a mis Elkin en difficulté.

Benjamin Netanyahu, Premier ministre, et Zeev Elkin, ministre des Affaires de Jérusalem (Crédit : Flash 90)

Ce qui a poussé Netanyahu à émettre une déclaration enregistrée qui a appelé les habitants de Jérusalem à aller voter pour soutenir Elkin, membre du Likud et actuel ministre des Affaires de Jérusalem. « Allez voter. La bataille est serrée. Je dis cela en tant que résident de Jérusalem. Vous avez besoin d’une personnalité telle que le ministre Zeev Elkin, un homme de grand talent qui a fait beaucoup pour Jérusalem et qui en fera encore davantage », a dit Netanyahu.

La décision d’Elkin de rejoindre la course aux municipales et d’abandonner son portefeuille ministériel avait créé la surprise au vu de son ascension constante dans la politique nationale depuis sa première élection à la Knesset, en 2006.

Avant d’être nommé ministre en 2015, Elkin était vice-ministre des Affaires étrangères et chef de la coalition, ainsi que président de la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense. Considéré comme un proche allié de Netanyahu au Likud, il a également été vice-premier ministre quand Netanyahu se trouvait à l’étranger.

Mais, à la grande déception de plusieurs membres éminents du Likud, Netanyahu n’aura jamais voulu désigner de vice-premier ministre permanent, confiant de manière répétée certains des portefeuilles les plus importants à des personnalités issues des partis de la coalition. L’attitude de Netanyahu envers ses rivaux potentiels au sein du Likud a mené, au fil du temps, au départ de certains de ses successeurs possibles les plus en vue.

La candidature municipale d’Elkin – qu’il avait lancée d’abord sans l’assentiment de Netanyahu – peut avoir été le signal du même mécontentement, qu’il devra maintenant gérer en retournant à ses missions ministérielles et à la Knesset.

3. Tel Aviv : le maire vétéran toujours en place face à son jeune adjoint

Le maire de Tel Aviv Ron Huldai a remporté un cinquième mandat à la tête du pôle économique du pays avec une confortable avance, parvenant à repousser l’assaut de son ancien adjoint devenu son adversaire, Asaf Zamir.

Les résultats finaux accordent 46 % des voix à Huldai contre 34 % à Zamir, qui avait pourtant sérieusement réduit l’écart avec le maire sortant dans les sondages réalisés ces dernières semaines.

Zamir a reconnu sa défaite dans la matinée de mercredi dans un discours prononcé devant ses partisans, disant qu’il était « fier de sa campagne propre » et jurant de continuer à travailler pour influencer la politique dans la ville.

Huldai, 74 ans, personnalité très populaire, est maire depuis 1998 et, jusqu’à présent, sa présence à la mairie de Tel Aviv n’a jamais été sérieusement mise en danger.

Ron Huldai, maire de Tel Aviv, prend la parole lors d’un concert sur la place Rabin à Tel Aviv le 14 mai 2018. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Fondateur et président du parti HaIr, Zamir est sorti d’une obscurité presque totale ces derniers mois depuis l’annonce de sa candidature aux élections municipales. Sa présence au scrutin faisait croire à la possibilité d’un deuxième tour.

Zamir, 38 ans, était accusé de « capitalisme clientéliste » en raison de son mariage avec l’actrice Maya Wertheimer et de ses liens avec le grand-père de cette dernière, Stef Wertheimer, un milliardaire qui a fondé des entreprises de fabrication d’outillage et un certain nombre de parcs industriels et qui a personnellement financé une partie de la campagne municipale.

Huldai, 74 ans, a largement remporté les quatre dernières élections municipales, bénéficiant de 51 % à 62 % des voix. Le plus grand défi à la domination de Huldai, dans le passé, avait été la candidature du député Dov Khenin (Hadash) qui s’était présenté sur une liste concentrée sur les questions sociales et environnementales, drainant 34 % des voix. Huldai, lui, s’était maintenu à la tête de la municipalité avec 51 % des votes.

Selon la loi, il devra se retirer à la fin de son prochain mandat, en 2023.

Zamir devra donc attendre pour retenter sa chance.

4. Haïfa : la candidate travailliste change la donne

Bouleversement majeur, la candidate travailliste Einat Kalisch Rotem a rondement battu le maire en exercice, fort de trois mandats, à Haïfa. Elle devient la toute première femme à accéder à la mairie de la ville côtière du nord du pays, selon les premiers résultats basés sur la moitié des votes.

Kalisch Rotem a remporté 55 % des voix, battant Yona Yahav, du parti Koulanou – avec seulement 38 % des votes – qui quittera son poste après quinze ans passés à la tête de la mairie.

C’est la première fois qu’une femme est élue dans l’une des trois plus grandes municipalités israéliennes — Haïfa, Jérusalem et Tel Aviv — depuis la fondation du pays, il y a 70 ans.

La candidate à la mairie de Haïfa Einat Kalisch Rotem met son bulletin dans l’urne dans un bureau de vote dans la matinée des élections municipales, le 30 octobre 2018 (Crédit : Meir Vaknin/Flash90)

Membre du conseil municipal depuis 2013, Kalisch Rotem avait été une candidate malheureuse à la mairie de la ville il y a cinq ans, où elle n’avait remporté que 15 % des voix et trois sièges au conseil municipal.

La campagne de Kalisch Rotem a connu une dynamique nouvelle suite à un drame politique de dernière minute où sa candidature a été disqualifiée par le ministère de l’Intérieur et la cour de district de Haïfa quelques jours avant le scrutin avant d’être réintégrée par la Haute cour de justice.

Elle a également été sortie du scrutin après que son avocat du Parti travailliste a soumis deux candidats – dont elle faisait partie – aux élections, en violation des règles électorales.

Fêtant ce résultat, le chef de l’Union sioniste et du Parti travailliste Avi Gabbay s’est enorgueilli sur Twitter d’une victoire qui arrive dans le sillage d’une série d’autres succès locaux pour sa formation qui prouvent, selon lui, que « même des mauvais sondages peuvent être surmontés » – une tendance qu’il espère voir continuer à s’affirmer pour dynamiser ses résultats décevants aux élections nationales.

5. Les maires sous le coup d’une enquête : peu d’effets dans les urnes

Les résultats initiaux montrent également qu’une série d’enquêtes pour corruption à l’encontre de maires en exercice a finalement eu peu d’impact sur les électeurs. Tous les maires faisant actuellement l’objet d’une enquête garderont probablement leur siège.

La maire de la ville côtière de Netanya, Miriam Feirberg-Ikar, en quête d’un cinquième mandat après 20 ans en exercice, l’a emporté avec 47 % des voix malgré une enquête pour corruption en cours contre elle qui remonte à 2016.

Le maire de Rishon Lezion, Dov Zur, s’accroche à son poste, engrangeant 31 % des votes face à son rival, à 21 %. Il y aura donc un second tour et ce malgré une série d’accusations contre lui dans une enquête de corruption qui a déjà mené à sa suspension pendant 45 jours. Il a été arrêté au début du mois de décembre pour son implication présumée dans une affaire de pots-de-vin qui implique également le député du Likud David Bitan — ancien adjoint au maire Rishon Lezion – et des personnalités de haut rang des municipalités de Rishon Lezion et Tel Aviv.

Le quartier général de l’unité anti-corruption Lahav 433 de la police israélienne à Lod (Crédit : Flash90)

A Hadera, le maire Zvi « Zvika » Gendelman, soupçonné dans une affaire de pots-de-vin, de corruption et dans des délits financiers qui avait été placé en détention pendant une semaine au mois de juin, a drainé
40 % des voix malgré sa suspension par le parti centriste Yesh Atid, qui prône une politique propre.

Le mandat du chef du conseil de Turan, dans le nord d’Israël, Imad Dahla – soupçonné d’avoir promis des nominations politiques en échange d’un soutien lors des élections locales de 2013, a été reconduit avec une majorité écrasante de 75 %.

Au niveau national, la réussite des maires en exercice qui font l’objet d’une enquête pénale pourrait être de bon augure pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont la police a recommandé l’inculpation dans deux dossiers et qui devrait également émettre des recommandations dans un troisième dans les prochains mois.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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