Allemagne : les juifs, la presse et HRW blâment les voeux de Steinmeier à l’Iran
Ce télégramme constitue une "gifle retentissante pour nos amis en Israël qui sont exposés aux menaces constantes d'annihilation de la part de l'Iran," affirme Human Rights Watch
Le président du Conseil central des juifs d’Allemagne a critiqué lundi le président allemand Frank-Walter Steinmeier pour avoir envoyé des félicitations à Téhéran à l’occasion du 40e anniversaire de la Révolution islamique.
« Il est incompréhensible que la sensibilité nécessaire au sujet de l’Iran ait apparemment fait défaut » au chef de l’Etat, a estimé Josef Schuster dans le quotidien Bild.
Dans son télégramme envoyé le 11 février, un jour férié en Iran marquant la Révolution de 1979, M. Steinmeier avait adressé ses « chaleureuses félicitations » au président iranien Hassan Rouhani, « également au nom de mes compatriotes ».
Il avait promis dans son texte, qui n’a pas été rendu public officiellement mais est parvenu la semaine dernière à Bild, que l’Allemagne ferait tout pour préserver l’accord nucléaire avec l’Occident, après le retrait en mai des Etats-Unis de cet accord.
Selon M. Schuster, le président allemand aurait « au moins dû trouver des mots clairs pour critiquer le régime » et devra prochainement « faire comprendre à l’Iran l’attitude critique des Allemands, au nom desquels il s’exprime ».
Lors d’une discussion téléphonique, M. Steinmeier a défendu auprès de M. Schuster son télégramme, tout en émettant des critiques à l’encontre du pouvoir iranien.
« Les droits de l’homme sont bafoués en Iran et l’Iran joue également un rôle déstabilisateur dans la région. Le danger que représente un Iran doté de l’arme nucléaire est d’autant plus grand », a déclaré à l’agence Dpa le bureau du président.
Celui-ci a cependant défendu l’envoi de cette lettre, faisant partie de « coutumes diplomatiques qui rendent possibles des contacts plus profonds et plus critiques ».
Le représentant de l’ONG Human Rights Watch en Allemagne, Wenzel Michalski, a également qualifié le message de « choquant ».
Pour Frank Mueller-Rosentritt, responsable de la politique étrangère dans le parti libéral d’opposition FDP, ce télégramme constitue une « gifle retentissante pour nos amis en Israël qui sont exposés aux menaces constantes d’annihilation de la part de l’Iran ».
Depuis plusieurs jours, la presse allemande critique aussi le manque de discernement du président allemand.
Die Welt estime que M. Steinmeier n’aurait pas dû parler « au nom de tous les Allemands ». Le journal rappelle aussi que le régime des mollahs impose des discriminations aux « minorités ethniques, religieuses et politiques » et que les homosexuels risquent toujours la peine de mort en Iran.
Le gouvernement allemand a pour sa part plaidé le « malentendu ».
« A notre connaissance, le président fédéral n’a pas envoyé ses félicitations à l’occasion de l’anniversaire de la révolution iranienne. Il a félicité l’Iran à l’occasion de sa fête nationale » qui marque cette même révolution, avait expliqué vendredi au cours d’une conférence de presse régulière Rainer Breul, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« C’est une pratique courante pour les Etats qui entretiennent des relations diplomatiques d’envoyer des félicitations à l’occasion des célébrations de la fête nationale », avait-il précisé.
« Avec son télégramme de félicitations (…) la diplomatie de routine semble avoir remplacé la pensée critique », a quant à lui noté M. Schuster.