Israël en guerre - Jour 625

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Opinion

« American First » : Trump place un Américain avant tout le reste et Israël s’en réjouit

La libération d'Edan Alexander a été un merveilleux exemple de croisement des intérêts américains et israéliens - mais Netanyahu a été mis à l'écart et les deux dirigeants s'éloignent sur un nombre croissant de questions, comme JD Vance l'avait annoncé

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des centaines de personnes célébrant la libération d'Edan Alexander, dans sa ville natale de Tenafly, dans le New Jersey, le 12 mai 2025. (Crédit : Lokman Vural Elibol / Anadolu / via Reuters)
Des centaines de personnes célébrant la libération d'Edan Alexander, dans sa ville natale de Tenafly, dans le New Jersey, le 12 mai 2025. (Crédit : Lokman Vural Elibol / Anadolu / via Reuters)

Difficile de penser, après 584 jours de guerre, qu’il soit encore possible de se faire surprendre. Mais c’est pourtant ce qui est arrivé lundi avec la libération par le Hamas du dernier otage israélo-américain encore en vie, Edan Alexander. Une surprise aussi inattendue que merveilleuse.

Cette libération a aussi été le reflet de l’attitude affichée par le président américain Donald Trump, « L’Amérique d’abord » – ou, dans ce cas, ” L’Américain d’abord ». Ne voulant pas attendre plus longtemps que le Premier ministre Benjamin Netanyahu compte sur la pression militaire pour obtenir ne serait-ce qu’un nouvel accord éminemment minimaliste avec le Hamas, le président américain a chargé ses émissaires d’obtenir la liberté d’Alexander.

Israël n’a été officiellement informé de cette remise en liberté que dimanche, et Jérusalem a été mis devant le fait accompli.

Pour les familles des otages qui n’ont pas la nationalité américaine ni aucune autre nationalité, la joie de voir un autre captif enfin échapper aux geôles du Hamas a été mitigée par une crainte, celle que le gouvernement israélien lui-même, leur propre gouvernement, ne soit pas aussi hanté que le leader du monde libre par la nécessité d’obtenir la libération de leurs proches face au danger mortel quotidien que représente la détention entre les mains du Hamas.

» Mon Matan, un citoyen qui ne va pas bien et qui a été enlevé dans son lit, est détenu avec Edan Alexander », a écrit sur les réseaux sociaux lundi matin Einav Zangauker, la personne qui, parmi les parents d’otages, a été la plus critique publiquement à l’égard du Premier ministre, qu’elle a fustigé sans relâche. « Ils sont tous les deux dans un tunnel sombre, sans autres otages. Si Matan doit rester seul dans ce tunnel, c’est que Netanyahu a décidé d’assassiner mon fils », a-t-elle accusé. « Au lieu de faire libérer tous les otages, il est devenu mon ange de la mort personnel ».

Si la remise en liberté du jeune homme âgé de 21 ans, qui a grandi dans le New Jersey, est manifestement un exemple du principe de « l’Américain d’abord », le président américain et ses représentants ont pris soin de préciser qu’il ne s’agissait pas de « L’Amérique seulement ».

Dimanche, en fin de journée, Trump s’est engagé à ce que « tous les otages vivants et toutes les dépouilles soient rendus à leurs proches ». Son envoyé auprès des otages, Adam Boehler, qui s’est rendu en Israël lundi avec Yael, la mère d’Edan, a pris le micro, dans l’avion qui les transportait, pour assurer que Trump « m’a dit d’aller récupérer tous les otages, tous les Israéliens », et « qu’il ne plaisantait pas ».

Le sergent-chef Edan Alexander, après sa libération de 584 jours de captivité dans les geôles du Hamas, arrivant dans une base de l’armée israélienne près de Reïm, le 12 mai 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Après avoir fait abstraction de Netanyahu pour obtenir la libération d’Alexander, les divergences entre le président américain et le Premier ministre semblent se multiplier au sujet de l’escalade imminente et intense des combats à Gaza – une escalade qui a été approuvée par le cabinet – et de la détermination de la coalition à ne pas mettre un terme à la guerre.

Son envoyé spécial, Steve Witkoff, aurait récemment déclaré aux familles des otages que les États-Unis ne voyaient pas où des progrès pouvaient encore être réalisés sur le plan militaire et qu’ils « voulaient rapatrier les otages – mais Israël n’est pas prêt à mettre fin à la guerre ».

Quelle que soit la véracité de cette information, Trump a souligné dimanche qu’il considérait la libération d’Alexander comme « espérons-le… la première des dernières étapes nécessaires pour mettre fin à ce conflit brutal », et il n’a pas cité l’impératif de destruction du Hamas comme condition préalable et nécessaire à la fin de la guerre.

L’ambassadeur américain Mike Huckabee, qui s’est également réjoui de la libération d’Alexander, a déclaré lundi soir qu’il espérait que cette remise en liberté « marque le début de la fin de cette terrible guerre ». Si Huckabee a souligné que « le Hamas est le seul responsable de la poursuite de ces morts et de ces souffrances », il n’a pas non plus pris la peine de préciser explicitement que le Hamas devait être détruit pour que les combats cessent enfin.

Lors d’une conférence de presse conjointe aux côtés de Netanyahu, au mois de février – au cours de laquelle Trump avait annoncé son idée de transformer Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient – le président avait indiqué qu’il avait discuté avec le Premier ministre israélien « de la manière dont nous pouvons travailler ensemble pour garantir l’élimination du Hamas ».

Mais depuis, Netanyahu a choisi de ne pas passer aux deuxième et troisième phases de l’accord de cessez-le-feu que Witkoff avait finalisé à Doha au mois de janvier – un accord qui ouvrait la porte à la libération des otages – et il a présenté, la semaine dernière, ses plans portant sur « une opération intensifiée à Gaza » qui, il l’a dit clairement, ne s’arrêtera pas de sitôt.

Alors que le Premier ministre a parlé de conserver les territoires capturés jusqu’à ce que tous les objectifs déclarés de la guerre soient atteints – un positionnement qui n’entre pas tout à fait en contradiction avec la vision de Gaza de Trump – son partenaire de coalition d’extrême droite, Bezalel Smotrich, est pour sa part allé beaucoup plus loin. Il a annoncé qu’Israël allait « enfin occuper la bande de Gaza » et il a affirmé qu’une fois la nouvelle offensive lancée, il n’y aurait « aucun retrait des territoires que nous avons conquis, pas même en échange d’otages ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) dans une vidéo avec le ministre des Finances Bezalel Smotrich après l’adoption du budget pour 2025, le 25 mars 2025. (Capture d’écran/GPO)

Étant donné que Smotrich, ainsi qu’Itamar Ben Gvir, qui est le chef d’un autre parti d’extrême droite de la coalition, avaient insisté sur la reprise de la guerre plutôt que sur la poursuite de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu au mois de janvier, Trump et ses collaborateurs auraient pu raisonnablement conclure que c’était bien Smotrich, et non Netanyahu, qui déterminait actuellement la politique du gouvernement israélien – une politique qui n’est manifestement pas à leur goût.

La mise en garde de Vance

Au mois d’octobre, au plus fort de la campagne présidentielle américaine, le colistier de Trump, l’actuel vice-président JD Vance, avait lancé un avertissement retentissant : « Les intérêts de l’Amérique seront parfois distincts » de ceux d’Israël. Il ne parlait pas de Gaza, mais de l’Iran : « Parfois, nos intérêts se chevaucheront, et parfois nous aurons des intérêts distincts », avait répété Vance. « Et notre intérêt est de ne pas entrer en guerre avec l’Iran ».

Illustration : Le président américain Donald Trump (à gauche) accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche de Washington le 7 avril 2025. (Brendan Smialowski/AFP)

Malgré toutes les protestations émanant des deux parties qui affirment haut et fort que les liens entre les deux dirigeants sont « excellents », il y a une divergence visible en ce qui concerne la poursuite de la guerre contre le Hamas, en particulier compte tenu des ambitions déclarées de Smotrich en matière d’annexion et de déplacement massif des Palestiniens de Gaza. En outre, le fait que Trump ait conclu un accord de trêve avec les Houthis sans en avertir Israël – deux jours après qu’un missile lancé par les terroristes yéménites a frappé l’aéroport Ben Gurion, faisant fuir la plupart des compagnies aériennes étrangères, qui ne sont toujours pas revenues – a suscité un vif malaise. Et Trump a déclaré avec assurance qu’un accord avec l’Iran « va se concrétiser » – faisant écho à l’état d’esprit dont Vance avait fait part au mois d’octobre et malgré l’inquiétude nourrie par Netanyahu concernant les éventuelles dispositions de cet accord.

Il y a aussi les louanges et le soutien répété qui est apporté par Trump au président turc Recep Tayyip Erdogan, l’homme qui déteste Israël et qui soutient le Hamas. Et nous verrons à partir de mardi comment le président choisira de renforcer les liens entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne le désir de Ryad de mettre en place un programme nucléaire civil auquel Israël s’oppose, à un moment où la perspective d’un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël s’éloigne. Un accord que Trump était persuadé de pouvoir conclure et que Netanyahu avait vanté avec enthousiasme dans un discours prononcé en septembre 2023 devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, disant qu’il ouvrirait la voie à un nouveau Moyen-Orient. Deux semaines plus tard, le Hamas avait envahi le sud d’Israël, et le refus du Premier ministre israélien d’approuver toute orientation susceptible, à terme, d’avancer vers un état palestinien, comme l’exigent les Saoudiens, n’a fait que s’intensifier.

L’extraction d’Edan Alexander des griffes vicieuses du Hamas sert clairement les intérêts américains et israéliens. Mais comme l’avait prédit Vance, ces intérêts ne se chevaucheront pas toujours. De toute évidence, ils ne sont déjà pas totalement alignés en ce qui concerne Gaza, les Houthis ou, plus inquiétant encore, l’Iran. En tout cas, pas pour un président américain impatient de mettre fin aux guerres tout en traitant avec un gouvernement israélien dominé par des expansionnistes d’extrême-droite qui lui n’est pas impatient d’y mettre fin.

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