Amman laisse les Israéliens récolter leur production avant de reprendre la terre
Zvi Hauser, député du parti Kakhol lavan, a déposé une demande à la Knesset pour tenir une réunion d'urgence sur la restitution de deux enclaves frontalières à la Jordanie.

La Jordanie autorisera les fermiers israéliens à récolter leur production à Tzofar « avant de reprendre possession de la zone de Tzofar », a déclaré une source anonyme du ministre jordanien des Affaires étrangères à Al Mamlaka TV, une chaîne financée par l’Etat.
La Jordanie permettra aux fermiers de le faire « en respect des lois jordaniennes et grâce à des visas octroyés par l’ambassade jordanienne à Tel Aviv ».
Dans le même temps, Zvi Hauser, député du parti Kakhol lavan, a déposé une demande à la Knesset pour tenir une réunion d’urgence sur la restitution de deux enclaves frontalières à la Jordanie.

« Quelque chose d’incompréhensible se produit sous le mandat d’un ‘soi-disant’ gouvernement ‘de droite’, a déclaré Hauser dans un message vidéo. On se souviendra de cette journée, où Israël a laissé Naharayim et Tzofar, comme une tache dans l’histoire de ce gouvernement ».
Hauser, un ancien ministre du cabinet de Netanyahu et un membre de Telem, parti à droite de la faction Kakhol lavan, a accusé le gouvernement de ne pas en avoir fait assez pour garder l’accès à ces terres.
« Les intérêts stratégiques d’Israël disparaissent sous nos yeux, a-t-il dit. Même les fermiers qui exploitent la terre… personne n’a parlé avec eux ».
Moshe Yaalon, le chef du parti Telem, a également réagi sur ces restitutions, écrivant sur Twitter que c’est un « mauvais moment » des relations entre Israël et la Jordanie.

L’armée israélienne a dit qu’elle allait continuer à assurer la sécurité des fermiers dans l’enclave de Tzofar à la frontière jordanienne, malgré l’expiration du bail accordé aux Israéliens.
« Lors de la poursuite des discussions sur les accords diplomatiques concernant l’enclave de Tzofar, les forces de sécurité protègent la zone et travaillent avec la communauté », a déclaré Tsahal dans le communiqué.
« Le travail des fermiers dans l’enclave est le sujet continu d’accords et de coordination », a ajouté l’armée, sans donner de détails.
« Je proclame la fin de la validité des annexes de l’accord de paix concernant Baqoura et Ghoumar, et le rétablissement de notre souveraineté totale sur ces territoires », a déclaré dimanche le roi Abdallah II de Jordanie devant le Parlement, à Amman.
Baqoura en arabe, ou Naharayim en hébreu, est une zone de quelque 6 km2 située au confluent du Jourdain et du Yarmouk, sur la partie nord de la frontière israélo-jordanienne. Ghoumar, appelé Tzofar en hébreu, est une zone d’environ 4 km2, sur la ligne séparant les deux pays dans le sud.
« C’est une grande perte », a déploré, côté israélien, Adva Algarisi, gérante d’une entreprise locale de tourisme qui amenait régulièrement des visiteurs sur ce site lors de tours guidés.
« C’est près du lac (de Tibériade), de sites chrétiens, de lieux saints (…) nous y évoquions la relation avec la Jordanie, le processus de paix, la coexistence avec nos voisins, c’est un site unique », a ajouté la femme de 46 ans qui a grandi dans cette région du nord-est d’Israël.
Lundi, le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi doit tenir une cérémonie à Baqoura, aussi nommé par les Israéliens « l’île de la paix », bien que sept écolières en voyage scolaire y ont été tuées par un soldat jordanien en 1997. Dans la foulée de cette sordide tuerie, le roi de Jordanie, à l’époque Hussein, s’était rendu dans la ville d’origine des écolières en Israël pour présenter des excuses officielles au nom de son pays.