Amsterdam : des dizaines d’arrestations lors d’une manifestation anti-Israël interdite
Des centaines de personnes ont affirmé que les supporters du club de football Maccabi ont "attaqué notre ville" ; l'interdiction de manifester est prolongée jusqu'à jeudi, le chef de la police faisant état d'incidents antijuifs continus
La police néerlandaise a arrêté dimanche à Amsterdam des dizaines de manifestants anti-Israël réunis en dépit d’une interdiction des rassemblements dans la ville, après des violences il y a trois jours en marge d’un match opposant l’Ajax d’Amsterdam à Maccabi Tel-Aviv.
Ces arrestations interviennent à la suite de la confirmation par la justice néerlandaise de l’interdiction, voulue par la maire de la ville, d’une manifestation anti-Israël dimanche à Amsterdam.
« La maire a décidé à raison qu’il y aurait interdiction de manifester ce week-end dans la ville », a annoncé le tribunal d’Amsterdam sur X dimanche, ajoutant qu’une demande d’annuler l’interdiction avait été « rejetée ».
Malgré cette interdiction, plusieurs centaines de manifestants se sont rendus sur la place du Dam en brandissant des pancartes avec les inscriptions: « Rendez-nous nos rues » ou « Palestine libre », a constaté une journaliste de l’AFP.
Des policiers en tenue anti-émeute sont intervenus peu après la décision du tribunal de maintenir l’interdiction, interpellant des dizaines de manifestants, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Les personnes interpellées ont été amenées à des bus qui attendaient à proximité, et relâchés ailleurs dans la ville, selon le média local AT5.
Protesters shouting “Amsterdam is saying no to Genocide” I guess 200 to 300 people. #emergencyprotest ©️iAnnet pic.twitter.com/MVdN1sJ8Ic
— iAnnet ???? (@iAnnetnl) November 10, 2024
La police n’a pas précisé si des manifestants avaient été gardés en détention.
La mairie d’Amsterdam a indiqué prolonger jusqu’à jeudi les mesures prises dans la ville, qui comprennent l’interdiction du port d’un masque et la mobilisation d’effectifs de police supplémentaires.
L’activiste néerlandais Frank van der Linde avait annoncé qu’il souhaitait manifester dimanche place du Dam contre le « génocide à Gaza, mais aussi parce que (le) droit de manifester a été retiré », avait-il dit, cité par l’agence néerlandaise ANP.
« Cette manifestation n’a rien à voir avec l’antisémitisme », a affirmé Alexander van Stokkum, un manifestant qui participait au rassemblement. Elle est « contre les hooligans israéliens qui détruisaient notre ville », a-t-il dit à l’AFP.
L’ambassade israélienne à La Haye a conseillé dans un communiqué dimanche « aux Israéliens et aux juifs séjournant à Amsterdam (…) de rester éloignés des manifestations ».
Ne pas aller à Paris
Les autorités israéliennes ont également appelé les supporters israéliens à éviter de se rendre au match France-Israël jeudi prochain à Paris, qui se prépare sous haute tension.
Le président français Emmanuel Macron a fait savoir dimanche qu’il se rendrait à ce match afin « d’envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam cette semaine ».
Dans la nuit de jeudi à vendredi après le match de la Ligue Europa, des supporters du Maccabi Tel-Aviv avaient été violemment pris à partie par des groupes d’individus dans les rues d’Amsterdam. Des heurts qui se sont produits dans un contexte de montée des actes antisémites et anti-israéliens depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.
Le match s’était déroulé jeudi dans une ambiance globalement calme, même si certains supporters israéliens n’avaient pas respecté la minute de silence en mémoire des victimes des inondations en Espagne, pays qui a récemment reconnu l’Etat de Palestine.
Les violences avaient débuté ensuite.
Les autorités israéliennes ont déclaré que 10 citoyens avaient été blessés dans les violences de la nuit de jeudi à vendredi, apparemment commises par des gangs arabes et musulmans locaux, qui ont suivi le match de football. Des centaines d’autres Israéliens se sont confinés dans leurs hôtels pendant des heures, craignant d’être attaqués. Beaucoup ont déclaré que les forces de sécurité néerlandaises étaient aux abonnés absents.
La police a fait état d’une soixantaine de personnes interpellées et Israël a organisé des vols d’urgence pour rapatrier ses citoyens.
Selon la police, les groupes qui s’en sont pris aux supporteurs ont répondu à un appel à cibler les juifs lancé sur les réseaux sociaux.
« Enquête approfondie »
Des vidéos authentifiées par l’AFP montrent des groupes d’individus traquant des supporters israéliens, leur lançant des objets, les frappant et les maltraitant. Entre 20 et 30 supporters du Maccabi subissent des blessures.
La maire d’Amsterdam Femke Halsema a évoqué en conférence de presse des groupes d’individus ciblant des supporters du club israélien, les frappant au sol et leur donnant des coups de pied.
« C’est une explosion d’antisémitisme que j’espère ne plus jamais revoir », a déclaré Mme Halsema, qui a dit avoir « honte » de cette violence.
Samedi, Caspar Veldkamp, ministre néerlandais des Affaires étrangères, a assuré qu’une « enquête approfondie sera menée aux Pays-Bas ».
Son homologue israélien, Gideon Saar, a qualifié les incidents de « violence barbare » contre les Israéliens et les juifs, affirmant qu’il « est très important que l’Europe se réveille ».
Des mercredi, des affrontements isolés avaient eu lieu entre des supporters, selon les autorités.
Des supporters du Maccabi avaient notamment brûlé un drapeau palestinien sur la place centrale du Dam, a déclaré Peter Holla.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, dont l’origine n’a pas pu être vérifiée, ce qui semble être des fans du club du Maccabi avaient entonné en hébreu des chants hostiles aux Palestiniens.
Les Pays-Bas ont connu une augmentation des incidents antisémites, à l’instar du reste du monde, au cours des 13 mois qui ont suivi l’attaque du groupe terroriste Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, faisant quelque 1 200 morts et 251 otages, dans un contexte d’actes de brutalité et d’agressions sexuelles.
L’attaque du Hamas a déclenché une guerre dans la bande de Gaza, qui a également donné lieu à des combats dans le sud du Liban et ailleurs dans la région.