Antisémitisme en France : une appli pour recenser les actes signalés dans les facs
Lors d’une audition au Sénat le 29 mai, la ministre de l’Enseignement supérieur française a annoncé la mise en place de l’application “Dialogue” dans les universités volontaires d'ici à l'été
La ministre de l’Enseignement supérieur française a annoncé, ce 29 mai, devant les sénateurs, la mise en place de “Dialogue”, une application qui doit recenser les actes antisémites à l’université ainsi que leurs suites judiciaires et disciplinaires. Sa mise en place se fera d’ici à l’été pour les établissements volontaires et sera généralisée avant le mois de janvier 2025.
Le Sénat, qui a commencé sa mission parlementaire sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur le 10 avril, a pointé un problème de la mesure de ces actes, faute de dispositif de suivi unifié et de définition de ce que recouvre un acte ou une insulte à caractère antisémite.
L’application du ministère “permettra un suivi de bout en bout” et “en temps réel”, a précisé Sylvie Retailleau.
L’attaque barbare sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre et la réponse israélienne à Gaza ont provoqué d’importantes tensions et des manifestations d’antisémitisme sur les campus universitaires à travers le monde. Soixante-seize actes antisémites ont été recensés dans les établissements français.
“Un climat de peur est inacceptable”, a dénoncé la ministre, tout en précisant que lutter contre “n’a rien d’évident”.
Sylvie Retailleau a aussi évoqué la coopération universitaire avec des établissements et entreprises israéliens, point de tensions entre les étudiants et les présidents d’universités.
Le 27 mai, Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po Paris, avait quant à lui, rappelé dans un message adressé aux étudiants qu’il était “essentiel” de maintenir le lien avec les universités partenaires en Israël.
Sciences Po Paris a été touché par d’importantes mobilisations et blocages anti-Israël, visant à ce que la direction de l’université condamne les actions de l’armée israélienne dans le cadre de la guerre à Gaza et suspende ses liens avec des universités israéliennes. Une étudiante juive a aussi été refoulée d’une conférence pro-Palestine le 12 mars, incident qui a plongé le campus dans la tourmente.
La ministre française a saisi le collège de déontologie du ministère de l’enseignement supérieur “pour qu’il précise dans quels cadres – des codes de l’éducation, de la recherche et de la fonction publique – ces coopérations s’inscrivent et qu’il propose des repères et lignes dont les établissements puissent se saisir pour définir leur propre stratégie de coopération”.