Israël en guerre - Jour 346

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Appels à une enquête sur la mort de la journaliste palestinienne tuée à Jénine

Le Qatar a qualifié la mort de Shireen Abu Aqleh de « terrorisme israélien » ; L'ONU, l'UE, les Etats-Unis, la France demandent une enquête sur les circonstances de sa mort

Des personnes se rassemblent dans les bureaux d’Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie, le 11 mai 2022, après le meurtre de la journaliste chevronnée Shireen Abu Aqleh, abattue alors qu’elle couvrait une operation israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie (Crédit : Abbas Momani/AFP)
Des personnes se rassemblent dans les bureaux d’Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie, le 11 mai 2022, après le meurtre de la journaliste chevronnée Shireen Abu Aqleh, abattue alors qu’elle couvrait une operation israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie (Crédit : Abbas Momani/AFP)

La communauté internationale a appelé à une enquête sur la mort de la journaliste palestino-américaine réputée, Shireen Abu Aqleh, alors qu’elle couvrait une opération israélienne à Jénine, mercredi.

Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne et des témoins palestiniens, dont des journalistes, ont accusé les soldats israéliens qui menaient un raid Jénine, mercredi matin, d’être à l’origine des coups de feu qui ont tué Abu Aqleh.

Les autorités israéliennes affirment pour leur part que la journaliste a probablement été tuée par des tirs palestiniens. Le ministre de la Défense a déclaré au Parlement mercredi après-midi que les conclusions préliminaires montraient « qu’aucun tir [israélien] n’avait visé la journaliste » alors que « nous avons vu des images de tirs à l’aveugle de la part des terroristes palestiniens, susceptibles d’avoir atteint la journaliste ».

Les Etats-Unis ont appelé à l’ouverture d’une enquête « transparente » sur la mort de la journaliste, a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

« Cela doit être étudié de manière transparente. Nous encourageons les deux parties à participer à cette enquête afin que nous puissions comprendre pourquoi cela s’est produit », a dit l’ambassadrice devant quelques journalistes avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Bosnie.

Linda Thomas-Greenfield a précisé avoir accordé un entretien à cette journaliste en novembre dernier à l’occasion d’un séjour dans la région et ajouté qu’elle avait « un respect extraordinaire à son égard ».

« Elle nous manquera à tous » et « nous appelons à une enquête transparente sur son meurtre », a insisté la diplomate américaine, en affirmant l’importance « que les journalistes puissent faire leur travail sans crainte ».

La « priorité absolue » des Etats-Unis est « la protection des citoyens américains et des journalistes », a assuré Linda Thomas-Greenfield.

L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Thomas Nides, a aussi appelé à une enquête « approfondie » sur les circonstances de la mort d’Abu Aqleh, citoyenne américaine.

Shireen Abu Aqleh, 51 ans, ex-journaliste d’Al Jazeera, tuée par balle lors d’une operation israélienne à Jénine le mercredi 11 mai 2022 (Crédit : Autorisation)

« [Je suis] Très triste d’apprendre la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh. J’appelle à une enquête approfondie sur les circonstances entourant sa mort et la blessure d’au moins un autre journaliste, aujourd’hui à Jénine », a-t-il déclaré.

Un porte-parole de l’ambassade américaine a souligné qu’Abu Aqleh était
« profondément respectée par de nombreux Palestiniens et bien d’autres personnes de par le monde ».

La membre du Congrès américain, Rashida Tlaib, a quant-à-elle fustigé « Israël, Etat qui pratique l’apartheid et continue de tuer, torturer et commettre des crimes de guerre ». Dans un tweet publié à l’annonce de la mort de Shireen Abu Akleh, la Palestino-Américaine a affirmé que la journaliste avait été « assassinée par un gouvernement destinataire d’un financement inconditionnel de la part de notre pays, sans aucun contrôle ».

La Représentante Rashida Tlaib, démocrate du Michigan, assiste à une audience du Comité de surveillance et de réforme de la Chambre, au Capitole, à Washington, le 12 février 2020. (Crédit : Alex Brandon/AP)

L’envoyé des Nations Unies pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, a également appelé à une « enquête immédiate et approfondie », sans préciser qui pourrait la mener.

« Je condamne fermement le meurtre de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Aqla, abattue à balles réelles ce matin alors qu’elle couvrait une opération de l’armée israélienne à #Jenin, en Cisjordanie occupée », a écrit Wennesland.

L’Union européenne a, pour sa part, appelé à « une enquête rapide et indépendante, afin de traduire les responsables [de sa mort] en justice ».

« Il est essentiel qu’une enquête approfondie et indépendante clarifie dès que possible toutes les circonstances de ces incidents et que les responsables soient traduits en justice », a déclaré Peter Stano, porte-parole de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, dans un communiqué.

La directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay a demandé une « enquête approfondie ».

« Le meurtre d’un journaliste clairement identifié dans une zone de conflit est une violation de la loi internationale », a déclaré Mme Azoulay dans un communiqué en appelant à une enquête pour que « les responsables soient traduits en justice ».

La France, enfin, a « exigé » mercredi une enquête sur la mort « profondément choquante » de la journaliste. « La France exige qu’une enquête transparente s’engage dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un point de presse électronique.

« La France réaffirme son engagement constant et déterminé, partout dans le monde, en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes et de tous ceux dont l’expression contribue à une information libre et au débat public », a-t-elle ajouté.

Les autorités israéliennes ont fait savoir qu’Abu Aqleh avait probablement été tuée par une balle palestinienne perdue, tout en signalant qu’elles continueraient à enquêter sur l’incident.

« Les preuves à notre disposition plaident en faveur de tirs palestiniens palestiniens, mais comme nous l’avons déjà annoncé, nous allons mener une enquête complète et approfondie », a assuré le ministre de la Défense, Gantz, à la Knesset mercredi après-midi.

Responsables de la santé et témoins palestiniens refusent de croire qu’Abu Aqleh ait pu être tuée par des balles palestiniennes perdues. Dans les images visionnées par le Times of Israel, les journalistes se trouvent relativement isolés, sans Palestiniens armés à proximité.

Née en 1971 dans une famille chrétienne de Jérusalem-Est, elle était titulaire d’une carte de résidence à Jérusalem et détenait également la citoyenneté américaine. Elle a étudié le journalisme à l’université Yarmouk en Jordanie avant de cofonder la radio « Voix de Palestine » basée à Ramallah.

Elle avait rejoint en 1997 al-Jazeera, un an après le lancement de la chaîne dont elle est devenue une des reporters stars, enchainant les reportages sur Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

« J’ai choisi de devenir journaliste pour être proche des gens. Il n’est peut-être pas facile de changer la réalité, mais j’ai au moins pu apporter leur voix au monde », confiait Abu Aqleh dans une vidéo enregistrée pour le 25e anniversaire de la chaîne qatarie.

La position d’Abu Aqleh au sein du réseau panarabe Al Jazeera a fait d’elle un visage familier pour des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde arabe. La nouvelle de sa mort s’est rapidement répandue dans les médias arabes et la Jordanie a condamné le meurtre d’Abu Aqleh, qualifié de « crime horrible ».

Amman s’est toutefois abstenu de tenir Israël coupable.

« Nous condamnons fermement le meurtre de la célèbre journaliste palestinienne Shireen Abu Aqleh dans Jénine occupée. Il s’agit d’un crime horrible qui doit faire l’objet d’une enquête transparente et dont les auteurs doivent être traduits en justice. Sincères condoléances à sa famille et au réseau Al Jazeera », a déclaré le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman al-Safadi.

Thomas Richard Nides, ambassadeur des États-Unis en Israël, lors de sa cérémonie de prestation de serment, à la résidence présidentielle à Jérusalem, le 5 décembre 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

En revanche, le ministre adjoint des Affaires étrangères qataries, Lolwah Alkhater, a qualifié la mort d’Abu Aqleh de « terrorisme israélien ». « Ce terrorisme israélien parrainé par l’État doit CESSER, le soutien inconditionnel à Israël doit CESSER », a écrit Alkhater dans un tweet.

Al Jazeera a accusé les forces israéliennes d’avoir tué « de façon délibérée » et de « sang froid » sa journaliste vedette.

« Nous appelons la communauté internationale à condamner et demander des comptes aux forces d’occupation israéliennes », a déclaré le radiodiffuseur basé au Qatar.

À la suite de la mort d’Abu Aqleh, de hauts responsables israéliens ont déclaré qu’Israël avait proposé de mener une enquête conjointe sur le meurtre aux côtés de l’Autorité palestinienne, ce que Ramallah a refusé.

« Comme nous l’avons dit, les Palestiniens ont refusé [notre proposition]. Je m’attends à ce qu’ils coopèrent et n’entreprennent aucune opération susceptible d’entacher l’enquête », a déclaré mercredi le Premier ministre Naftali Bennett lors d’un discours à la Knesset.

Le ministre de la Justice Gideon Saar a regretté que « les Palestiniens, comme d’habitude, s’empressent de diffamer l’armée israélienne ».

Un haut responsable de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Sheikh, nie qu’Israël ait jamais tendu la main pour mener une enquête conjointe.

« Nous nions ce que le Premier ministre du gouvernement d’occupation a dit au sujet de l’envoi d’une missive à l’Autorité palestinienne au sujet d’une enquête conjointe sur l’assassinat [d’Abu Aqleh] », a indiqué al-Sheikh dans un tweet.

Al-Sheikh a promis que Ramallah porterait l’affaire d’Abu Aqleh devant la Cour pénale internationale, qui a ouvert l’année dernière une enquête sur les crimes de guerre en Cisjordanie et à Gaza.

Selon l’armée israélienne, les soldats sont entrées dans le camp de réfugiés de Jénine et dans la ville voisine de Burqin pour procéder à l’interpellation de suspects de terrorisme. Face aux nombreux attentats qui ont frappé les villes israéliennes [ces dernières semaines], l’armée a redoublé d’activité en Cisjordanie afin de lutter contre le terrorisme.

« Au cours de l’opération dans le camp de réfugiés de Jénine, les suspects ont tiré énormément de coups de feu sur les soldats et lancé des engins explosifs. Les soldats [israéliens] ont riposté », a déclaré l’armée dans un communiqué.

« Les coups ont été identifiés », a ajouté l’armée, bien qu’il n’y ait eu aucune information concernant des victimes palestiniennes autres que les deux journalistes.

L’armée a déclaré « étudier la possibilité que les journalistes aient été blessés par des tirs palestiniens ». Dans une vidéo de la scène, on voit des hommes armés palestiniens tirer des balles ; à un moment donné, un Palestinien dit qu’un soldat israélien a été touché.

Le journaliste palestinien Ali Samoudi, producteur de Shireen Abu Aqleh blessé par balle, a déclaré à l’Associated Press qu’elle et lui faisaient partie d’un groupe de sept journalistes partis couvrir le raid, tôt dans la journée de mercredi. Il a indiqué qu’ils portaient tous un équipement de protection les identifiant clairement comme journalistes, et passaient à proximité des soldats israéliens pour être vus de ces derniers.

Il a expliqué que le premier tir les a manqués, qu’un deuxième l’a frappé et que le troisième a tué Abu Aqleh. Il a assuré qu’il n’y avait pas de Palestiniens armés ni d’autres civils dans le quartier, seulement les soldats et eux.

Samoudi a affirmé que l’explication de l’armée israélienne selon laquelle ils avaient été abattus par des Palestiniens armés était un « mensonge absolu ».

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