Après des controverses, Zagreb inaugure un monument aux victimes du régime pro-nazi
Des représentants de la communauté juive locale avaient reproché aux autorités le fait que le projet négligeait le rôle crucial du régime pro-nazi croate dans les atrocités
Un monument à la mémoire des victimes de l’Holocauste et du régime pro-nazi croate, dont la réalisation a été longtemps attendue et accompagnée de controverses, a été inauguré mercredi soir à Zagreb.
Sous la forme d’un mur haut de 12 mètres composé de valises en acier – rappelant celles laissées sur les quais par les personnes déportées vers des camps de concentration -, le monument, situé à proximité de la gare ferroviaire dans le centre de Zagreb, était déjà prêt l’année dernière.
Mais des représentants de la communauté juive locale avaient reproché aux autorités de ne pas avoir été consultés au cours de sa réalisation, et aussi le fait que le projet négligeait le rôle crucial du régime pro-nazi croate dans des atrocités commises.
Car dans un premier temps, l’idée avait été de consacrer ce monument « aux victimes de l’Holocauste », sans évoquer l’existence de l’éphémère Etat indépendant croate (NDH, 1941-1945), allié des nazis.
Le chef de la communauté juive croate Ognjen Kraus avait expliqué en 2019 qu’il n’était pas possible d’accepter « un monument à six millions de Juifs tués dans le monde, comme si cela s’était produit quelque part ailleurs ».
Finalement, il a été décidé qu’il serait dédié « à la mémoire des victimes de l’Holocauste et du régime oustachi ».
Le régime oustachi avait persécuté et massacré des centaines de milliers de Serbes, de Juifs, de Roms et d’opposants croates. Environ 75 % des quelque 40 000 Juifs de Croatie ont été tués.
« Quelque 800 Juifs de Zagreb ont été déportés de cet endroit en août 1942 vers le camp de concentration d’Auschwitz », en Pologne, annonce le texte d’une plaque commémorative inaugurée près du monument par un rescapé croate de ce camp, Oleg Mandic, 89 ans, et le maire de Zagreb Tomislav Tomasevic.
« Il ne reste que peu d’entre nous qui pouvons vous raconter comment c’était lorsque le dernier espoir de salut disparaissait », a dit Oleg Mandic lors de la cérémonie.
« Je me tiens ici humblement (…) avec l’espoir que l’inauguration de ce monument contribuera à la culture de la mémoire, afin de ne pas oublier les erreurs du passé », a déclaré le maire de Zagreb.
Ces dernières années, les autorités croates sont accusées de tolérance envers les sentiments pro-nazis exprimés dans le pays.
Pour cette raison, des représentants de la communauté juive ont de nouveau boycotté la semaine dernière une cérémonie d’hommage aux victimes du camp de Jasenovac, considéré comme « l’Auschwitz croate ».