Après des retards et des accords politiques, l’élection des grands rabbins a enfin lieu
Les résultats de l'élection des chefs religieux ashkénazes et séfarades pour les 10 prochaines années seront annoncés dimanche soir. Les postes étaient vacants depuis juillet
Cent-quarante personnes – chefs religieux et civils – votent aujourd’hui dimanche à Jérusalem pour élire les deux grands rabbins d’Israël qui officieront les dix prochaines années. Ces postes officiellement vacants depuis juillet dernier ont fait l’objet de féroces batailles politiques qui ont émaillé le cours de la campagne et retardé à plusieurs reprises le vote.
L’élection se déroule en personne à l’hôtel Ramada de Jérusalem de 14 heures à 19 heures, avec des résultats attendus peu de temps après.
Des mois de désaccords politiques ont empêché le déroulement normal de la succession des précédents grands rabbins – le rabbin ashkénaze David Lau et le rabbin séfarade Yitzhak Yosef – depuis l’expiration de leur mandat de 10 ans, le 1er juillet dernier.
À l’origine de l’impasse, le refus du Grand Rabbinat d’exécuter les décisions de justice lui ordonnant de permettre la nomination de femmes au sein de l’une des catégories de son assemblée électorale, qui compte 150 membres.
La Cour Suprême a fini par déclarer que, bien qu’elle soit toujours attachée à l’ouvrerture du système à la « diversité », l’élection pouvait malgré tout légalement se tenir sans la catégorie contestée.
Seuls 140 délégués – tous des hommes – sont donc autorisés à voter, depuis que le ministère de la Justice a demandé aux grands rabbins sortants de ne pas participer à l’élection et de ne pas nommer de délégués en leur nom, pour des questions d’éthique.
מה מחפש מנכ"ל משרד הדתות יהודה אבידן במלון רמדה ובתוך הקלפי ממש ? pic.twitter.com/MHvQGb2pgf
— הבחירות לרבנים הראשיים • תשפ''ד (@mnmdwd770) September 29, 2024
Selon les termes de la loi, 80 délégués sur les 150 doivent être des rabbins : 10 d’entre eux sont nommés intuitu personae par les grands rabbins sortants et 70 sont des rabbins municipaux affiliés au Grand Rabbinat.
Les 70 délégués qui ne sont pas rabbins sont maires, députés, ministres ou exercent d’autres fonctions publiques.
Cinq candidats se disputent le poste de grand rabbin ashkénaze :
* Le rabbin Moshe Chaim Lau, rabbin de la communauté de Netanya issu d’une célèbre dynastie et dont le frère, Rabbi David Lau, vient de terminer son mandat de grand rabbin et dont le père, Rabbi Israel Meir Lau, avait lui aussi été grand rabbin d’Israël et grand rabbin de Tel Aviv.
* Le rabbin Micha Halevi, grand rabbin de Petah Tikva, candidat radical soutenu par le parti HaTzionout HaDatit de Betzalel Smotrich et le Shas ultra-orthodoxe d’Aryeh Deri. Considéré comme l’un des principaux candidats, il a récemment fait l’objet d’une publicité négative en raison d’un scandale impliquant la supervision de la cacherout à Petah Tikva. On lui a également reproché de se présenter alors qu’il avait promis de ne pas le faire.
* Le rabbin Eliezer Igra, dayan expérimenté (juge dans un tribunal religieux juif) qui a siégé à la plus haute cour religieuse du rabbinat et était auparavant le chef du beit din (tribunal rabbinique) de Beer Sheva. Vétéran de la guerre du Kippour de 1973, il fait également partie d’un organisme délibérant sur les questions de loi juive et de la guerre entre Israël et le Hamas.
* Le rabbin Meir Kahana, chef du tribunal religieux juif d’Ashkelon, a reçu le soutien de plusieurs éminents rabbins du courant sioniste religieux. Ex-parachutiste et considéré comme relativement modéré, il a également été impliqué dans le mouvement Hesder Yeshiva, qui combine les services de Tsahal avec l’étude de la Torah. Il était initialement prévu qu’il soit soutenu par Smotrich, mais ce dernier a préféré apporter son soutien à Halevi.
* Le rabbin Kalman Bar, rabbin ashkénaze de la ville de Netanya qui, en dépit de ses liens profonds dans le Bnei Akiva et les mouvements sionistes religieux, a reçu le soutien de Degel HaTorah, un parti ultra-orthodoxe.
Trois candidats s’affrontent pour le poste de grand rabbin séfarade :
* Le rabbin David Yosef, dont le frère le rabbin Yitzhak Yosef a récemment terminé son mandat à ce poste et dont le père, le défunt rabbin Ovadia Yosef, avait lui aussi occupé ces fonctions. Yosef est rabbin de Har Nof, quartier religieux de Jérusalem, et un estimé professeur de la Torah qui s’est attiré les faveurs du Shas.
* Le rabbin Shmuel Eliyahu, grand rabbin de Safed, est une figure populaire d’extrême droite dont les déclarations controversées font régulièrement la une des journaux en Israël et ailleurs dans le monde. Le père d’Eliyahu, le défunt rabbin Mordechai Eliyahu, a été grand rabbin séfarade.
* Le rabbin Michael Amos, juge religieux actuellement à la tête du plus haut tribunal religieux juif d’Israël, a effectué l’intérim du poste de grand rabbin séfarade pendant sa vacance.
Selon certaines sources, le chef du parti HaTzionout HaDatit, Smotrich, et celui du Shas, Aryeh Deri, ont accepté le principe de soutiens croisés. Deri souhaite s’assurer que le Shas conserve son emprise traditionnelle sur le poste de grand rabbin séfarade, et Smotrich entend en finir avec l’emprise traditionnelle de la communauté ultra-orthodoxe sur le poste de grand rabbin ashkénaze en élisant une figure issue de la communauté sioniste religieuse.
Le Grand Rabbinat, organisme centenaire, supervise les lois matrimoniales, les rites funéraires, les tribunaux rabbiniques, les certifications casher, les conversions juives et d’autres aspects de la vie familiale et religieuse juive en Israël.