Israël en guerre - Jour 371

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Après Gallant, Gantz fustige l’indécision de Netanyahu, menace de quitter le cabinet de guerre

Les membres de la coalition attaquent le ministre du cabinet de guerre, affirmant qu'il a mené des politiques "de gauche" au sein du cabinet et qu'il est libre de démissionner

Le ministre de la guerre Benny Gantz tenant une conférence de presse, à Ramat Gan, le 18 mai 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Le ministre de la guerre Benny Gantz tenant une conférence de presse, à Ramat Gan, le 18 mai 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Il y a quelque chose de profondément brisé dans la façon dont les dirigeants israéliens gèrent la guerre, a déclaré le ministre du cabinet Benny Gantz dans une déclaration télévisée samedi soir.

« Récemment, quelque chose n’a pas fonctionné », a-t-il déclaré, après avoir salué l’unité qui a permis à l’armée israélienne de remporter des succès sur le champ de bataille et de ramener plus d’une centaine d’otages à la maison. « Des décisions cruciales n’ont pas été prises. Les actions de leadership nécessaires pour garantir la victoire n’ont pas été accomplies. »

« Une petite minorité s’est emparée du pont du navire israélien et le dirige vers un mur de rochers », a accusé Gantz.

Le parti HaMahane HaMamlahti de Gantz a rejoint la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu quelques jours après l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, et a subi des pressions pour quitter le gouvernement.

Gantz a demandé samedi au Premier ministre Netanyahu de s’engager sur une vision commune du conflit de Gaza qui stipulerait qui pourrait gouverner l’enclave une fois la guerre contre le groupe terroriste palestinien achevée.

Gantz souhaite que le cabinet de guerre élabore d’ici le 8 juin un plan en six points concernant la bande de Gaza, le retour des otages, le nord d’Israël, les efforts de normalisation avec les États arabes et bien d’autres choses encore.

Si ses attentes ne sont pas satisfaites, Gantz a déclaré qu’il retirera son parti centriste, HaMahane HaMamlahti, du gouvernement d’urgence du Premier ministre.

Gantz a appelé à un changement urgent de la direction de la guerre, qui, selon lui, a dérivé en raison de la lâcheté de certains dirigeants israéliens.

« Alors que les soldats israéliens font preuve d’une incroyable bravoure sur le front, certains de ceux qui les ont envoyés au combat agissent avec lâcheté et un manque de responsabilité », a-t-il déploré, sans préciser à qui il faisait référence.

« Alors que dans les sombres tunnels de Gaza, les otages subissent les affres de l’enfer, certains sont engagés dans des activités absurdes », a souligné Gantz, en insistant sur le mot « certains ».

« Certains hommes politiques ne pensent qu’à eux-mêmes », a-t-il ajouté.

« Dans le saint des saints de la sécurité israélienne, des considérations personnelles et politiques ont commencé à pénétrer », a déploré Gantz.

« Une guerre ne se gagne qu’avec une boussole stratégique claire et réaliste », a affirmé Gantz, semblant s’en prendre à la réticence de Netanyahu à présenter un plan pour une bande de Gaza post-Hamas et à la lenteur des opérations militaires au cours des derniers mois.

« Une guerre n’est gagnée que lorsque tous les Israéliens font leur part et participent à l’effort de guerre », a-t-il ajouté, alors qu’une nouvelle loi déterminant le nombre de jeunes ultra-orthodoxes – ou haredim – à enrôler chaque année fait l’objet d’une vive polémique.

Les guerres ne peuvent être gagnées par des querelles intestines, a noté Gantz. Le changement est nécessaire ici et maintenant », a-t-il déclaré, promettant que son parti, HaMahane HaMamlahti, « fera tout ce qui est possible pour changer de cap, pour empêcher une collision avec le mur et pour s’assurer qu’Israël navigue en toute sécurité vers une véritable victoire ».

Cette déclaration intervient quelques jours après que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a averti le Premier ministre qu’il devait établir un plan d’après-guerre pour la bande de Gaza, dans un discours au cours duquel il a déclaré que les gains de la guerre étaient érodés par le manque de planification, la sécurité à long-terme d’Israël étant en jeu.

Gantz a affirmé que « l’unité doit être réelle, et non pas une façade qui dissimule l’impasse dans laquelle se trouve la direction de la guerre ». « Le blocage doit cesser », a-t-il déclaré.

Le ministre du cabinet de guerre a appelé à un changement stratégique radical, à l’abandon de la « fuite en avant, au profit de décisions courageuses et de processus décisifs ».

À ce moment critique, « les dirigeants doivent avoir une vue d’ensemble, repérer les dangers, identifier les opportunités et créer une stratégie nationale actualisée ».

Il a lancé un ultimatum.

Gantz a déclaré que le cabinet de guerre devait formuler et mettre en place « un plan d’action » d’ici le 8 juin afin d’atteindre « six objectifs stratégiques » :

1. « Ramener les otages à la maison »

2. « Renverser le pouvoir du Hamas, démilitariser la bande de Gaza et obtenir le contrôle de la sécurité israélienne [de Gaza] »

3. Parallèlement à ce contrôle sécuritaire israélien, « créer un mécanisme international de gouvernance civile pour Gaza, comprenant des éléments américains, européens, arabes et palestiniens – qui servira également de base à une future alternative qui ne soit ni le Hamas ni [le président de l’Autorité palestinienne] Abbas ».

4. « Faire revenir les habitants du nord dans leurs maisons d’ici le 1er septembre, et réhabiliter le Néguev occidental [adjacent à Gaza, pris pour cible par le Hamas le 7 octobre] »

5. « Faire progresser la normalisation avec l’Arabie saoudite dans le cadre d’un processus global visant à créer une alliance avec le monde libre et l’Occident contre l’Iran et ses alliés »

6. « Adopter un cadre pour le service [militaire/national] dans lequel tous les Israéliens serviront l’État et contribueront à l’effort national »

« Ce ne sera pas facile », a-t-il précisé, « mais ce n’est qu’en définissant les objectifs de manière claire et audacieuse que nous pourrons choisir le long chemin qui mène au sommet ».

D’après ses entretiens avec les dirigeants mondiaux et arabes, Gantz a affirmé « savoir que l’objectif stratégique est réalisable ».

« Pour être clair, nous poursuivrons le Hamas et tous nos ennemis dans toutes les situations, partout et à tout moment », a-t-il ajouté.

Gantz a souligné qu’Israël resterait seul responsable de sa propre sécurité. « Nous ne permettrons à aucune puissance extérieure, amie ou hostile, de nous imposer un État palestinien. »

Le Forum des familles des otages et disparus a ensuite publié un bref communiqué indiquant que « le temps des discussions est terminé », en guise de réponse à l’ultimatum lancé par Gantz.

« Le seul ultimatum pertinent ce soir est que le temps est compté pour les otages. Le moment est venu d’agir – de reprendre les négociations pour leur retour immédiat », a ajouté le forum.

Suite à son ultimatum adressé à Netanyahu, Gantz a aussi été interpelé par les membres de la coalition, qui l’ont dénoncé comme étant faible et ont affirmé qu’il était la raison de la lenteur des progrès à Gaza au cours des derniers mois.

Le ministre des Communications, Shlomo Karhi (Likud), a estimé que « l’hypocrisie n’ait pas de limite ».

Le ministre des Communications Shlomo Karhi arrivant à une réunion de faction du Likud à la Knesset, le 8 janvier 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Pendant de longs mois, nous avons souffert de l’attitude obséquieuse de Gantz et de ses amis, de la marche incessante vers la gauche », a-t-il déclaré. « Le cabinet de guerre, qui avait été formé dans un souci d’unité, s’est depuis longtemps transformé en un gouvernement de gauche et en un moyen d’affaiblir le Premier ministre et le gouvernement de droite élu. »

Il a suggéré à Gantz d’avancer son ultimatum « à demain » et de partir.

Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit), a qualifié Gantz de « petit chef et grand trompeur qui, dès son entrée au gouvernement, s’est surtout employé à le faire voler en éclats ».

« Il est la dernière personne à pouvoir proposer des alternatives en matière de sécurité », a ajouté Ben Gvir. « Il est temps de briser le cabinet des concepts [d’avant-guerre] et de passer à une politique résolue, puissante et décisive. »

Le député Ariel Kellner (Likud) a accusé Gantz de « toujours saper la politique du gouvernement pour faire avancer les mêmes politiques défaitistes et vouées à l’échec que vous avez défendues toute votre vie […] Vous pouvez quitter le gouvernement et nous libérer de votre présence […] Nous continuerons à vivre sans vous ».

Gantz a promis de donner au peuple d’Israël « un horizon d’espoir » et de restaurer la force d’Israël.

Il a mis en garde contre la possibilité d’une « guerre existentielle longue et dure – encore plus dure que ce que nous avons connu jusqu’à présent ».

Gantz a lancé un défi direct au Premier ministre Netanyahu : « Je vous regarde dans les yeux ce soir et je vous dis que le choix est entre vos mains. »

« Après vous avoir parlé à maintes reprises, le moment de vérité est arrivé. L’heure de la décision est arrivée. »

Gantz a déclaré qu’il connaissait Netanyahu depuis des années comme « un leader et un patriote israélien, qui sait parfaitement ce qu’il faut faire ».

« Le Netanyahu d’il y a dix ans l’aurait fait », a-t-il affirmé. « Pouvez-vous faire ce qu’il faut et ce qui est patriotique aujourd’hui ? »

Gantz a ajouté que Netanyahu devait choisir « entre le sionisme et le cynisme, entre l’unité et la division, entre la responsabilité et la négligence, et entre la victoire et le désastre ».

Son parti serait partenaire si Netanyahu choisissait « l’intérêt national plutôt que l’intérêt personnel », sur les traces de Théodore Herzl, David Ben Gurion, Menachem Begin et Yitzhak Rabin.

« Mais si vous choisissez la voie des fanatiques et conduisez l’État tout entier dans l’abîme, nous serons contraints de quitter le gouvernement », a-t-il averti. « Nous nous tournerons vers le peuple et formerons un gouvernement qui gagnera sa confiance. »

S’adressant au public, il l’a imploré de ne pas perdre espoir, même si des jours difficiles l’attendent. « Nous sommes confrontés à des défis que nous n’avons pas connus depuis la Guerre d’Indépendance. »

« Nous sommes une nation forte », a-t-il assuré. « Ceux qui ont survécu au Pharaon, à Titus et à Hitler survivront à [Yahya] Sinwar, [Hassan] Nasrallah et [Ali] Khamenei. Et pour le 100e anniversaire de l’indépendance d’Israël, l’histoire qui sera racontée sera celle d’une renaissance nationale. »

Répondant à une question d’un journaliste après son intervention, Gantz a déclaré qu’il était toujours favorable à l’avancement des élections législatives, actuellement prévues pour 2026, à une date antérieure à définir, afin de restaurer la confiance du peuple dans les dirigeants israéliens.

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