Après l’assassinat de Haniyeh, la Jordanie dit qu’Israël est un « État voyou »
Le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi appelle l'ONU à ne pas permettre à Jérusalem "d'imposer davantage de guerres et de destruction à la région"

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a qualifié jeudi Israël d' »Etat voyou » qu’il faut empêcher « d’imposer davantage de guerres et de destructions » au Moyen-Orient, en réaction à l’assassinat du chef du Hamas.
Il a ajouté que l’assassinat d’Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, était un signe clair qu’Israël avait décidé de faire échouer les pourparlers sur le cessez-le-feu soutenus par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar.
« La situation glisse vers l’abîme et la responsabilité en incombe à Israël », a-t-il averti, accusant Israël d’avoir « assassiné » le chef du groupe terroriste islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, « l’homme qui négociait un accord d’échange de prisonniers » palestiniens contre des otages israéliens retenus à Gaza.
Comment un pays qui souhaite parvenir à un accord peut-il tuer l’interlocuteur principal de ces négociations? », a-t-il ajouté, en référence aux pourparlers visant à arracher un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, où Israël traque le Hamas en réponse à l’attaque menée le 7 octobre par ce groupe terroriste sur le sol israélien.
« Lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé d’envoyer des missiles en Iran pour assassiner Haniyeh, en violation de la souveraineté d’un autre pays et dans une escalade de grande ampleur, est-ce l’acte de quelqu’un qui souhaite parvenir à un accord? », a poursuivi M. Safadi.
« Et tout le travail accompli par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis pour parvenir à un accord qui aurait abouti à un cessez-le-feu, à la libération des otages et des prisonniers, Israël a décidé de saper tout cela. »
Le chef politique du Hamas, 61 ans, a été tué mercredi à Téhéran par une frappe imputée à Israël. En réponse, le Hamas et son allié iranien ont juré de venger sa mort, faisant craindre un embrasement régional.
Israël n’a pas revendiqué ni commenté l’assassinat. L’Iran et le Hamas ont tous deux affirmé que celui-ci avait été causé par une frappe aérienne israélienne à Téhéran avant l’aube mercredi.
Le New York Times a rapporté jeudi que Haniyeh a été tué par une bombe sophistiquée et télécommandée qui a été introduite clandestinement dans la maison d’hôtes de Téhéran où il séjournait.

« Le Conseil de sécurité ne doit pas permettre à un Etat devenu un Etat voyou d’imposer davantage de guerres et de destructions dans la région », a déclaré M. Safadi lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue luxembourgeois, Xavier Bettel, à Amman.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 39 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 15 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël et le Hamas étaient en pleine négociation en vue d’un accord qui verrait la libération d’au moins une partie des 111 otages qui se trouveraient encore à Gaza en échange d’un cessez-le-feu, de la libération de prisonniers palestiniens des prisons israéliennes et d’une aide humanitaire accrue pour la bande de Gaza.
Les autorités américaines croyaient que les parties étaient sur le point de conclure l’accord, mais les deux parties se sont accusées mutuellement de gagner du temps cette semaine et il reste à voir comment la mort de Haniyeh affectera la poursuite des pourparlers.