Après les attentats, des manifestations contre la réforme judiciaire en demi-teinte
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées ; des drapeaux palestiniens ont été brandis à Tel Aviv
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour la quatrième semaine consécutive pour protester contre le programme de réforme judiciaire du gouvernement, même si elles ont adopté une attitude plus modérée à la suite des attaques terroristes de ce week-end à Jérusalem.
Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu affirme que le plan visant à accroître le contrôle politique au détriment des tribunaux rétablit l’équilibre entre les pouvoirs, les critiques et les manifestants considèrent que ces mesures menacent la démocratie libérale.
A Jérusalem, lorsque les discours contre le remaniement judiciaire prévu par le gouvernement Netanyahu ont pris fin, des chanteurs ont interprété des chansons calmes.
« Nous essayons de trouver un moyen d’honorer et de témoigner du respect », a déclaré un organisateur de la manifestation. « Nous sommes représentés ici par l’ensemble du spectre politique. »
Après avoir chanté l’Hatikva, la foule a commencé à se disperser, et les organisateurs de la manifestation ont déplacé les manifestants vers la rue Azza, plus proche de la maison de Netanyahu.
Les manifestants ont d’abord défilé calmement dans les ruelles de Re’havia avant de se mettre à crier, siffler et chanter pour la démocratie.
« Nous n’accepterons pas une nation sans garanties légales », scandait la foule, debout au milieu de la rue Azza, une grande artère de la capitale.
Les médias palestiniens ont rapporté des affrontements entre Palestiniens et police israélienne dans le camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem-Est et dans le quartier de Jabel Mukaber. Des images de la zone montrent des Palestiniens lançant des feux d’artifice, apparemment vers des officiers.
Atténuée par les attaques terroristes meurtrières la manifestation de la rue Kaplan à Tel Aviv a également rapidement pris fin.
Selon la Douzième chaîne, qui s’est appuyée sur les estimations de la police, 30 000 personnes ont participé à la manifestation.
La semaine dernière, plus de 100 000 Israéliens se sont mobilisés dans cette rue pour protester contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement.
A Tel Aviv, Yarden Dor, 30 ans brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « les médecins se battent pour la vie de la démocratie ».
Cette interne en médecine a déclaré qu’elle s’était jointe à la manifestation parce qu’elle s’inquiétait de « ce qui se passe actuellement avec les déclarations [des politiciens] sur la Cour suprême », y compris les plans visant à prendre le contrôle politique des nominations judiciaires et à adopter des lois pour réduire son contrôle sur la Knesset.
« Cela a commencé comme ça et cela peut aller jusqu’à la façon de travailler dans nos hôpitaux et le type de patients à prendre en charge », ajoute-t-elle.
Contrairement à la semaine dernière, la seule musique dans la rue provenait des battements de tambour et des chants d’un mégaphone, après que les organisateurs de la manifestation ont supprimé les éléments festifs habituellement utilisés dans les manifestation à la suite des deux attaques terroristes qui ont fait sept morts dans la capitale israélienne.
« Je pense que nous devrions protester chaque semaine, même avec » les attaques terroristes, dit Dor. « Quelque chose ne va pas ici ».
Des drapeaux palestiniens ont fait leur apparition dans la rue Kaplan à Tel Aviv, alors que les manifestants « anti-occupation » défendent leur position après avoir accepté de renoncer à brandir ce drapeau lors de la manifestation de samedi dernier.
En scandant « il n’y a pas de justice et d’occupation », des dizaines d’Israéliens de gauche se sont positionnés dans un coin bien en vue.
« Ce n’est pas un truc nationaliste », estime Liam Bernheimer, 20 ans, de Petah Tikva. « Ce drapeau représente les millions de personnes qui vivent ici sous le gouvernement israélien et qui n’ont pas vraiment de droits humains. Parce que ce drapeau les représente, je le brandis. »
« Oui, bien sûr, la droite et peut-être le centre gauche diront que cela dessert la cause », a anticipé Bernheimer, surtout dans le contexte de sensibilités accrues suite aux attaques terroristes de ce week-end, « mais je pense que si nous nous battons pour un État qui n’a pas de droits pour tous, ce n’est pas une démocratie. »
A New York, plusieurs centaines de manifestants se sont également rassemblés pour dénoncer le remaniement judiciaire prévu par le gouvernement Netanyahu.
Dans le parc de Washington Square, la foule a brandi des drapeaux israéliens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « La démocratie maintenant et pour tous », « Le fascisme n’est pas acceptable » et « Israel democracy, not demockracy », un jeu de mot dénonçant un simulacre de démocratie.
Des orateurs se sont adressés à la foule en hébreu et en anglais et ont chanté « De la rivière à la mer, tous les peuples doivent être libres ».
« Nous sommes ici parce que nous avons peur pour la démocratie en Israël », a dit un orateur à la foule. « Nous avons besoin que la Cour suprême soit indépendante ».
« Il y a beaucoup d’Israéliens et d’Américains juifs ici à New York qui sont solidaires des manifestations en Israël, qui sont inquiets de la situation en Israël, de la réforme juridique que Netanyahu et ses alliés essaient d’avoir », a dit Omer Lubaton Granot.
« Nous sommes inquiets pour la démocratie et nous essayons de faire notre part ».
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.