Après sept ans de fermeture, le mémorial des déportations rouvre à Marseille
19 panneaux retracent la vie de personnes déportées et qu'un "mur des noms" rappelle la mémoire des enfants, femmes et hommes arrêtés puis transférés vers des camps
Sept ans après sa fermeture, le « Mémorial des camps de la mort », rebaptisé « Mémorial des déportations », rouvrira ses portes vendredi à Marseille avec une nouvelle scénographie pour raconter le sort tragique de Marseillais arrêtés pendant la Deuxième Guerre mondiale.
L’ancien blockhaus construit par les Allemands en 1943 pour en faire une infirmerie au pied du fort Saint-Jean, qui marque l’entrée du port de Marseille, était devenu mémorial en 1995, pour le cinquantenaire de la rafle du Vieux-Port les 23 et 24 janvier 1943.
Il avait été fermé en 2012 en raison des travaux du Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), au grand dam des associations de déportés.
Ce mémorial aura une « mission commémorative et éducative », a assuré le maire (LR) de Marseille, Jean-Claude Gaudin lors de son inauguration jeudi.
Il sera désormais un « lieu de mémoire et de recueillement » pour les juifs, les non juifs déportés « par l’ignoble Bousquet » (René Bousquet, chef de la police nationale française ndlr) qui, en accord avec les Allemands, avait décidé de l’évacuation de 20 000 personnes et de la destruction de tout un quartier, St-Jean, en bordure du Vieux-Port, a ajouté M. Gaudin.
Dix-neuf panneaux retracent la vie de personnes déportées tandis qu’un « mur des noms », appelé à être complété, rappelle la mémoire des enfants, femmes et hommes arrêtés puis transférés vers des camps.
Lors de l’inauguration, l’un d’entre eux, Lucas Simos, 91 ans d’origine grecque, déporté avec son père lorsqu’il avait 14 ans le 24 janvier 1943, regarde avec émotion le récit du parcours de son père, Michel. Ouvrier au chantier naval de Marseille, « il faisait des sabotages sur les navires allemands qui venaient en réparation », se souvient-il. Lui-même sera relâché mais pas son père, envoyé dans un camp de travail dans le nord de la France.
« Je ne reviendrai plus ici, à quoi ça sert? C’était horrible, il ne faut pas que cela recommence », dit-il tout en saluant le projet de mémorial.
Le père d’Antoine de Germano, Alphonse, d’origine italienne, avait 17 ans lorsqu’il a été envoyé à Fréjus (Var), première étape avant Drancy puis les camps de la mort d’Allemagne ou de Pologne. Antoine regrette qu’il n’y ait « rien dans le mémorial sur les 12 000 Marseillais déplacés à Fréjus ».
D’origine corse, Francine Graziani, avait six mois lors de la rafle de janvier 1943. « On nous appelait les pestiférés du Vieux-Port, ils voulaient soi-disant attraper les voyous alors que nous étions de petites gens ».
Selon elle, la rafle et la destruction « était un problème immobilier ». Ils ont raflé les gens pour ne pas payer d’indemnisation, « c’est le ressenti des Marseillais ».