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Après une méprisante réprimande, un journaliste Juif défend Trump contre les accusations d’antisémitisme

Jake Turx a estimé que "ce qu’on a dit de lui est très injuste et je comprends pourquoi il est sur la défensive". Il a également expliqué que la réponse de Trump "lui donnait de l’espoir" de la part de celui a parlé d'"holocauste nucléaire"

Le journaliste juif Jake Turx s'exprime sur Fox News  le 17 février 2017 (Capture d'écran : YouTube )
Le journaliste juif Jake Turx s'exprime sur Fox News le 17 février 2017 (Capture d'écran : YouTube )

Le journaliste ultra-orthodoxe qui a été réprimandé par le président américain Donald Trump lors d’une conférence de presse, jeudi, l’a ultérieurement défendu d’avoir eu une quelconque intention antisémite.

« Ce qui a été fait contre lui et très injuste et je comprends pourquoi il est ainsi sur la défensive. Et je suis de son côté lorsqu’il s’agit d’être indigné lorsqu’il est accusé d’antisémitisme », a expliqué Jake Turx, journaliste à Ami Magazine, à Fox News.

Des groupes juifs américains et certains législateurs ont reproché à Trump la manière dont il a traité Turx.

Interrogé sur son éventuelle colère après la réaction de Trump à son égard, Turx a répondu : « Je vais dire quelque chose qui va vous surprendre et qui va probablement surprendre un grand nombre de vos téléspectateurs, mais en fait, cela m’a donné de l’espoir car cela a montré un président engagé contre ce problème de l’antisémitisme », a-t-il dit.

« Cela l’ennuie à un niveau personnel et cela me donne l’espoir qu’il saura travailler avec la communauté pour [lutter contre le phénomène] », a-t-il ajouté.

« Il a fait des efforts sans précédent envers la communauté juive orthodoxe”, a déclaré Turx durant l’entretien. « Cela permet de comprendre pourquoi il s’est senti aussi blessé de se voir taxé d’antisémitisme ».

Le président américain Donald Trump s'exprimant lors d'une conférence de presse le 16 février 2017, à la Maison Blanche à Washington, aux Etats-Unis (Crédit : Mark Wilson/Getty Images, via JTA)
Le président américain Donald Trump s’exprimant lors d’une conférence de presse le 16 février 2017, à la Maison Blanche à Washington, aux Etats-Unis (Crédit : Mark Wilson/Getty Images, via JTA)

Dans la matinée de jeudi, Trump a fait taire deux journalistes qui l’interrogeaient sur l’antisémitisme croissant en Amérique.

Il leur a répondu « haïr » le fait d’être qualifié d’antisémite, même si aucun des deux hommes n’avait utilisé un tel adjectif à son encontre.

Trump, vers la fin d’une conférence de presse controversée qui a été donnée jeudi et a qui a été l’occasion d’aborder les multiples scandales et les mésaventures connues par sa toute jeune administration, a alors indiqué vouloir prendre la question d’un journaliste amical.

Turx s’est porté volontaire, disant : « Je suis amical ». Il a commencé sa question en précisant que sa communauté ne considérait pas Trump comme un antisémite.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un au sein de ma communauté vous accuser ou accuser qui que ce soit au sein de votre administration d‘être antisémite », a expliqué Turx. « Vos petits-enfants sont Juifs et vous êtes leur zayde », ou grand-père.

Trump a semblé comprendre ce que Turx était en train de lui dire et l’a remercié.

https://youtu.be/jL3yF9wYR3U

« Un sujet dont nous n’avons pas vraiment entendu parler, c’est celui de la hausse de l’antisémitisme et des moyens qui seront mis en oeuvre par le gouvernement pour traiter ce problème », a poursuivi Turx, citant les douzaines d’alertes à la bombe dans les centres communautaires juifs survenues ces dernières semaines.

Trump l’a alors interrompu, accusant Turx de malhonnêteté.

« Ce n’est pas une question simple et ce n’est pas une question juste », a répondu Trump. « Je suis la personne la moins antisémite qu’il vous ait été donné de rencontrer dans votre vie entière ».

Il a ajouté qu’il « était également l’individu le moins raciste ».

Turx lui a coupé la parole, disant qu’il ne pensait pas que Trump était antisémite. Ce dernier lui a alors lancé : « Silence ! Silence ! Silence ! »

« Je vous dis simplement que vous êtes des gens malhonnêtes », tempête-t-il. « Le public ne vous croit plus ! ».

« Asseyez-vous ! », lance-t-il à l’attention du journaliste qui tente une relance après sa question. « Taisez-vous ! », lâche-t-il à un autre.

« Vous voyez, il a menti, il allait se lever et me poser une question simple, vous savez ce que c’est, bienvenue dans le monde des médias », a dit Trump, comme s’il se parlait à lui-même.

« Je hais cette accusation, je la trouve répugnante, je hais même cette question », a-t-il continué.

Il a alors cité la déclaration faite par le Premier ministre Benjamin Netanyahu vingt-quatre heures auparavant lors d’une conférence de presse : « Il n’y a pas plus grand soutien du peuple juif et de l’état juif que le président Donald Trump ».

Il a paru de prime abord avoir oublié le nom du Premier ministre israélien, puis il a gardé le silence quelques secondes avant de parvenir à combiner « Bibi » et « Netanyahu », articulant « Betanyahu ».

« Vous avez entendu le Premier ministre, vous avez entendu Betanyahu hier, est-ce que vous l’avez entendu ? Bibi », a dit Trump.

« Il a dit : ‘Cela fait longtemps que je connais Donald Trump…' », a-t-il ajouté, avant de poursuivre : « Laissez tomber. Disons simplement que vous auriez dû vous souvenir de ça avant de vous lever et de me poser une question vraiment très insultante comme l’est celle-ci ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : capture d’écran YouTube/White House)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : capture d’écran YouTube/White House)

Quelques minutes après, un autre journaliste a tenté de poser une question similaire, évoquant “l’antisémitisme croissant”, avec un certain nombre d’incidents semblant se réclamer de son nom.

Trump, l’interrompant une fois encore, a répondu qu’il avait en tête un grand nombre d’exemple où ses opposants avaient tentés de l’impliquer malgré lui en se faisant passer pour ses partisans.

« Une partie de la colère est causée par l’autre bord », a-t-il dit. « Ils ne peuvent pas se réclamer de moi. Ce sont des gens de l’autre bord politique qui mettent des gens comme vous en colère ».

Il s’est défendu en affirmant que les divisions dans le pays existaient déjà bien avant son arrivée, et que l’union faisait partie de son programme.

Turx sur Twitter a indiqué qu’il espérait que la Maison Blanche avait compris que sa question avait été à l’origine d’un malentendu entre lui et le président.

Après quatre semaines au pouvoir, Donald Trump a donc laissé éclater sa frustration.

Les murs de la prestigieuse « East Room » de la Maison Blanche ont tremblé jeudi sous le torrent de paroles du président septuagénaire qui s’en est pris tour à tour à la presse, à la justice ou encore aux démocrates accusés de saper ses efforts.

Combatif mais visiblement blessé aussi, semblant parfois sur le point de perdre le contrôle, le magnat de l’immobilier a défendu ses débuts au pouvoir.

Pendant près d’une heure et demie d’une conférence de presse décousue et à la tonalité totalement inédite en ces lieux, il a, entre autres, évoqué le spectre d’un « holocauste nucléaire ».

La nouvelle administration Trump fonctionne « comme une machine bien réglée », lance d’entrée le président républicain, contre toute évidence.

A tous égards, les premiers pas au sommet de l’Etat de ce novice en politique furent agités: des millions de personnes dans les rues au lendemain de son inauguration, un cinglant revers judiciaire sur son décret anti-immigration emblématique, la démission forcée de son principal conseiller diplomatique…

Assurant avoir hérité d’une situation « chaotique » il affirme, en énumérant les décrets signés dans le Bureau ovale, que jamais une présidence n’avait fait autant en si peu de temps.

« Les gens le savent, la plupart des médias, non. Ou plutôt, ils le savent, mais ils ne l’écrivent pas », ajoute-t-il, désignant le bouc émissaire du jour : la presse.

La charge, assénée sur tous les tons, est violente, colérique par moments.

L’objectif est clair. Parler à ceux qui l’ont porté au pouvoir, les prendre à témoin : « Je suis ici pour faire passer mon message directement au peuple (…) car nombre de journalistes de notre pays ne vous diront pas la vérité et ne traiteront pas les gens formidables de ce pays avec le respect qu’ils méritent ».

‘Vous êtes malhonnêtes’

Evoquant « un niveau de malhonnêteté hors de contrôle », il reprend des expressions de campagne qui faisaient mouche devant ses partisans, stigmatise les élites des côtes Est et Ouest qui vivent dans une bulle et ne comprennent rien à la vraie Amérique.

« La plupart des médias, à Washington DC, mais aussi à New York et Los Angeles, ne parlent pas pour le peuple mais pour des intérêts particuliers et pour les profiteurs d’un système qui est cassé », dit-il, index dressé.

« Je vous dis simplement que vous êtes des gens malhonnêtes », tempête-t-il un peu plus tard. « Le public ne vous croit plus ! ».

Bombardé de questions sur les liens de son équipe avec la Russie de Vladimir Poutine, et d’éventuels contacts durant la campagne avec les services secrets russes, Donald Trump s’emporte : « Je n’ai rien à voir avec la Russie ! »

Le président russe Vladimir Poutine présidant une réunion sur l'amélioration des relations budgétaires, au Kremlin à Moscou le 26 septembre 2016 (Crédit : AFP PHOTO / SPUTNIK / Aleksey Nikolsky)
Le président russe Vladimir Poutine présidant une réunion sur l’amélioration des relations budgétaires, au Kremlin à Moscou le 26 septembre 2016 (Crédit : AFP PHOTO / SPUTNIK / Aleksey Nikolsky)

« Les fuites sont réelles, les informations sont fausses », ajoute-t-il à propos de l’avalanche de révélations qui dressent chaque jour un tableau un peu plus troublant de ses relations avec le maître du Kremlin.

Un journaliste s’étonne, dans un indescriptible brouhaha, de cette étrange formule. Si les fuites sont bien réelles et portent sur des faits avérés, comment les informations peuvent-elles être fausses ?

C’est le « ton », répond, agressif, le président américain, qui dénonce « la haine » dont il fait objet, tout un épargnant, comme à chaque fois, un seul média : Fox News, la chaîne de télévision favorite des conservateurs américains.

Parfois, le président de la première puissance mondiale prend des libertés avec la réalité historique.

Il affirme, en introduction, avoir remporté la plus grande victoire en nombre de voix du collège électoral depuis Ronald Reagan ? Un journaliste lui fait remarquer que c’est faux. « C’est ce qu’on m’avait dit », balbutie-t-il en regardant ses notes avant de passer à une autre question.

Pas une mauvaise personne

« J’ai gagné, j’ai gagné », martèle-t-il un peu plus tard, comme pour exprimer sa frustration face aux critiques, avant de s’attarder longuement sur des polémiques liées à l’un de ses débats face à Hillary Clinton.

« Vous savez, je ne suis pas une mauvaise personne », glisse-t-il entre deux flèches décochées contre les membres de l’administration Obama qui disséminent de « fausses informations ».

« Ce n’est pas Donald Trump qui a divisé le pays », lance-t-il. « Nous vivions déjà dans un pays divisé ».

Même s’il répète à l’envi que les sondages ne sont pas des indicateurs fiables, Donald Trump, très sensible à son image comme tous ses prédécesseurs, garde un oeil sur ces derniers. Et les chiffres du début de sa présidence sont mauvais, très mauvais.

Selon une enquête du Pew Research Center publiée jeudi, sa popularité après un mois au pouvoir est nettement plus basse que celle des cinq hommes qui ont occupé le Bureau ovale avant lui, qu’ils soient démocrates ou républicains.

A total, 39 % seulement des Américains interrogés approuvent son action à la tête de l’Etat (56 % désapprouvent).

Samedi, le président républicain participera à un grand rassemblement à Orlando, en Floride, durant lequel il devrait, pour quelques heures, retrouver l’ambiance d’une campagne où, des primaires républicaines à son duel face à Hillary Clinton, rien ne lui aura résisté.

La candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton après avoir été battue par Donald Trump, à New York, le 9 novembre 2016. (Crédit : Jewel Samad/AFP)
La candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton après avoir été battue par Donald Trump, à New York, le 9 novembre 2016. (Crédit : Jewel Samad/AFP)

Un rendez-vous presque nostalgique qui vient renforcer le sentiment que si l’exubérant homme d’affaires a aimé la conquête du pouvoir, il a du mal à trouver un rythme, et un ton, dans l’exercice de celui-ci.

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