Argentine: étreintes et soulagement à l’arrivée des premiers rapatriés d’Israël
L'avion spécialement affrété transportait 246 personnes, en majorité des lycéens, pour certains scolarisés, pour d'autres qui effectuaient un voyage d'études en Israël
Ovation, larmes, étreintes ont accueilli dimanche à Buenos Aires un premier vol d’Argentins évacués d’Israël, des adolescents en majorité, qui ont raconté « la peur » de devoir rester dans le pays cible des attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre.
Dans l’aéroport d’Ezeiza, à 35 km de Buenos Aires, un tonnerre d’applaudissements a salué l’atterrissage de l’avion d’Aerolineas Argentinas venu de Rome, le premier de l’opération « Retour sûr » déclenchée par le ministère des Affaires étrangères pour les Argentins ou binationaux souhaitant une évacuation d’Israël.
« Ca a été des jours tendus, d’incertitude. On a vécu ça avec beaucoup de peur », racontait à l’AFP Hernan Fray, en attendant sa fille de 15 ans, Karen. « On est venu la chercher pour lui transmettre tout l’amour qu’on essayait d’envoyer à distance avec la technologie ».
« On était très angoissés », a avoué Guillermo Bagaci, venu récupérer aussi sa fille. « Elle est petite, elle a à peine 14 ans. Peut-être qu’elle n’a qu’en partie pris conscience de ce qui se passait. Mais là, je ressens juste un soulagement ».
L’avion spécialement affrété transportait 246 personnes, en majorité des lycéens, pour certains scolarisés, pour d’autres qui effectuaient un voyage d’études en Israël. Il est le premier d’une série de vols de rapatriement pour quelque 1 500 Argentins ou binationaux qui ont demandé à être évacués.
Parmi eux, pourtant, des jeunes frustrés dans leur expérience israélienne, et qui y retourneront dès que possible. Comme la fille de Daniel Silvia Rovosky « qui ne voulait pas rentrer. Elle nous a dit qu’elle revient pour quelques semaines et qu’elle repart ».
« le bonheur d’être ici »
Le premier contingent arrivé dimanche avait fait le périple Tel-Aviv-Rome à bord d’un appareil de l’armée de l’air argentine envoyé sur place, avant d’embarquer sur un appareil de la compagnie aérienne nationale.
A leur arrivée dans un hall VIP, un peu à l’écart du terminal d’Ezeiza, plusieurs jeunes se sont précipités dans les bras de leurs parents, nombre d’entre eux les larmes aux yeux. Des cris, des étreintes, encore, dans le groupe d’où émergeaient des pancartes disant « bienvenus », et un grand drapeau azur et blanc argentin.
Loin du sud d’Israël, où le mouvement islamiste palestinien Hamas a commis un massacre dans des villages à quelques km de la bande de Gaza, les adolescents ont raconté n’avoir pas été en danger.
Mais ils disent avoir ressenti « la peur ». « On était toujours au même endroit. Les sirènes ont retenti, et à deux reprises on a dû se mettre dans des abris », après des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza. « On avait juste peur de devoir rester là-bas plusieurs jours encore, d’être là-bas », a raconté Coni, 15 ans.
« On était partis là-bas avec certaines attentes, et il nous est arrivé tout autre chose… (…) Mais là, on ressent tous le bonheur d’être ici. Quand j’ai vu mon papa, ça a été de l’émotion pure ».
La communauté juive d’Argentine, avec plus de 250 000 personnes, est la plus importante d’Amérique latine. Elle a dans sa chair vécu le terrorisme, avec l’attentat à la bombe contre une mutuelle juive qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994 à Buenos Aires, et celui de 1992 contre l’ambassade d’Israël (29 morts et 200 blessés).