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Armée, Shin Bet et police coopéreront contre les violences des pro-implantations

Le chef d'Etat-major a dénoncé les agressions récentes, les qualifiant "d'impensables" et a demandé que leurs auteurs soient traduits en justice

Photo d'illustration : Des soldats israéliens regardent des habitants d'implantation masqués jeter des pierres à des manifestants palestiniens (non-visibles sur la photo) pendant une manifestation contre la construction d'un avant-poste israélien aux abords du village de Turmusaya et de l'implantation de Shilo, au nord de Ramallah, en Cisjordanie, le 17 octobre 2019. (Crédit : JAAFAR ASHTIYEH / AFP)
Photo d'illustration : Des soldats israéliens regardent des habitants d'implantation masqués jeter des pierres à des manifestants palestiniens (non-visibles sur la photo) pendant une manifestation contre la construction d'un avant-poste israélien aux abords du village de Turmusaya et de l'implantation de Shilo, au nord de Ramallah, en Cisjordanie, le 17 octobre 2019. (Crédit : JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

L’armée israélienne coopérera avec les services de sécurité du Shin Bet et la police israélienne pour retrouver les jeunes Israéliens impliqués dans l’attaque commise, samedi soir, à l’encontre de soldats aux abords de l’implantation d’Yitzhar, en Cisjordanie, a fait savoir l’armée dimanche.

Le chef d’Etat-major Aviv Kochavi a fait une déclaration, dimanche matin, qui dénonçait l’attaque, disant qu’il était « impensable » que des habitants d’implantations israéliennes s’en prennent aux soldats chargés de les défendre.

« Kochavi rejette et condamne l’attaque contre les soldats de l’armée israélienne et considère le comportement criminel qui a été constaté la semaine dernière dans la région de Samarie avec la plus grande sévérité. Le chef d’Etat-major a ordonné que tous les individus impliqués soient retrouvés et présentés devant la justice. Le chef d’Etat-major estime qu’il est impensable que des soldats de l’armée israélienne, qui travaillent jour et nuit pour protéger les habitants d’implantations, soient attaqués par ceux qu’ils défendent », a dit l’armée dans un communiqué.

Un véhicule militaire endommagé lors d’échauffourées avec des habitants d’implantation près de l’implantation de Yitzhar, le 20 octobre 2019. (Autorisation)

Samedi soir, une trentaine de résidents de l’avant-poste de Kumi Ori, à proximité d’Yitzhar, ont affronté les militaires israéliens, leur jetant des pierres et crevant les pneus de leurs véhicules.

Un soldat a été légèrement blessé par une pierre et a été soigné sur les lieux de l’incident, a fait savoir l’armée.

L’armée a répondu en utilisant des moyens de dispersion d’émeutes et en tirant en l’air.

Aucune arrestation n’avait encore eu lieu dimanche matin.

C’est le plus récent d’une série d’incidents violents survenus dans le secteur, ces dernières semaines, avec notamment des menaces proférées à l’encontre d’un officier de l’armée et l’agression présumée d’un rabbin octogénaire qui apportait son aide aux civils palestiniens durant leur récolte d’olives.

Le chef d’Etat-major de l’armée Aviv Kohavi prend la parole lors d’une cérémonie en l’honneur de réservistes exceptionnels de l’armée israélienne à la résidence du président à Jérusalem, le 1er juillet 2019. (Hadas Parush/Flash90)

Les militaires ont annoncé que Kochavi s’était entretenu avec son homologue du Shin Bet, Nadav Argaman, et le commissaire de police en titre, Moti Alon, concernant ces attaques.

« Il a été décidé de coordonner les efforts et de coopérer avec pour objectif de déraciner le phénomène grave. L’armée israélienne va travailler avec le Shin Bet et la police pour amener rapidement les émeutiers devant les magistrats », a annoncé l’armée dans un communiqué.

Le chef du commandement central de l’armée, le général Nadav Padan, a lui aussi condamné les attaques contre ses troupes.

Tentant apparemment de faire la différence entre les émeutiers et les résidents d’Yitzhar et du secteur environnant, Padan a noté que l’attaque avait été menée par « une petite poignée de jeunes délinquants contre lesquels nous devons sérieusement agir ».

Le chef du Commandement central de l’armée, Nadav Padan (C), visitant le tombeau de Joseph dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, tôt le jeudi 5 avril 2018. (Roi Hadi)

Le chef du commandement central premier responsable de la sécurité en Cisjordanie, a expliqué que ce type d’attaques « détourne l’armée israélienne de sa principale mission – la défense des citoyens et des résidents de l’Etat et la préservation du droit, de l’ordre et de la sécurité ».

L’agression, samedi soir, des militaires israéliens a été largement critiquée, depuis les organisations de gauche jusqu’aux groupes pro-implantations.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui est aussi ministre de la Défense a expliqué : « Je condamne toute attaque à l’encontre des soldats de l’armée israélienne. Il y aura une tolérance zéro appliquée à ceux qui violent la loi pour lever la main sur nos soldats. »

Le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, a qualifié l’incident de « grave », disant qu’il avait la certitude que les forces chargées de l’application de la loi « sauront le gérer avec tous les outils mis à leur disposition ».

« En tant qu’ex-chef d’Etat-major, en tant que commandant depuis des décennies, je voudrais envoyer un message à tous les soldats et officiers qui nous protègent et notamment en cette veille de fête [de Simchat Torah] : La nation israélienne vous soutient. Nous ne resterons pas à ne rien faire lorsque des soldats de l’armée israélienne sont pris pour cible et blessés. »

Le chef d’Etat-major général, le lieutenant-général Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu avant une réunion du cabinet, en novembre 2012. (crédit photo : Kobi Gideon/GPO/Flash 90).

Autre chef de parti ayant condamné l’incident, Amir Peretz, de la formation de gauche Travailliste-Gesher, qui a réclamé une « action globale et sans compromis pour appréhender les terroristes israéliens ».

« Ce n’est pas un incident isolé, c’est un rituel répété au cours duquel un groupe non-contrôlé, violent, emploie le terrorisme contre les soldats dont la mission même est de les protéger », a ajouté Peretz, qui a ajouté que Netanyahu « se rend complètement devant ces éléments extrémistes qui tentent de mettre le feu à la région » et qu’il se montre incapable de prendre les mesures appropriées contre les auteurs des violences.

Pour leur part, les groupes de gauche ont eux aussi condamné l’incident, le reliant à d’autres impliquant des habitants d’implantation présumés ayant agressé des activistes des droits de l’Homme et des Palestiniens.

« Quand on ignore les violences quotidiennes contre les Palestiniens et les activistes des droits de l’Homme, on se réveille un jour avec des violences commises à l’entre des soldats », a affirmé La Paix maintenant. « Dans l’implantation d’Yitzhar, il existe un gang terroriste dangereux et violent qui doit être démantelé. »

L’organisation a nié les affirmations faites par les responsables d’implantations que les auteurs des violences n’étaient qu’une « poignée » d’individus.

Moshe Yehudai, militant de Rabbis for Human Rights, dont l’ONG a déclaré qu’il avait été attaqué par un groupe d’habitants d’implantations masqués dans le nord de la Cisjordanie, le 16 octobre 2019. (Crédit : Rabbis for Human Rights)

Le groupe des Rabbins pour les droits de l’Homme a relié l’incident à celui au cours duquel l’un de ses membres, Moshe Yehudai, un octogénaire, a été blessé.

« L’Etat doit afficher une tolérance zéro pour les violences, qu’elles soient dirigées contre les Palestiniens ou contre les militaires », a dit l’association. « Nous souhaitons au soldat blessé un rétablissement rapide et nous espérons qu’une action forte sera entreprise à l’encontre des émeutiers. »

Pour le leader de HaBayit HaYehudi, Rafi Peretz, s’en prendre aux militaires « a franchi une ligne rouge ». Il a qualifié de « choquant » l’incident.

« Quiconque blesse un soldat ou un commandant représente un idéal qui n’a rien à voir avec l’implantation sur les terres ou le respect de la Torah, et ces gens ne représentent absolument pas les résidents d’Yitzhar et de la Samarie », a-t-il déclaré.

« Les habitants d’Yitzhar servent comme réservistes, comme bénévoles, ce sont de bons sionistes. Il est triste de constater que des émeutiers puissent souiller le nom de la communauté et nuire au mouvement pro-implantation tout entier », a-t-il continué.

Bezalel Smotrich, dirigeant de l’Union nationale, parti d’extrême-droite, a exprimé un sentiment similaire, qualifiant l’incident de « grave » et de « frustrant » – mais insistant également sur le fait que les émeutiers étaient peu nombreux et qu’ils ne représentaient pas la communauté.

« Ils doivent être attrapés et punis avec toute la force de la loi », a-t-il clamé.

Le chef du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, a condamné l’incident et clamé que les violences avaient été largement perpétrées par des adolescents qui n’habitent pas Yitzhar.

Dans un communiqué, le Conseil a déclaré que Dagan s’était immédiatement rendu à Yitzhar après avoir appris les violences, qu’il avait rencontré les soldats qui avaient été attaqués et qu’il « les a embrassés et établi clairement les sentiments de colère qui animent les habitants suite à cet acte ».

« Tous les résidents de Samarie et d’Yitzhar dénoncent le mal commis à nos chers soldats », a dit Dagan. « Cette poignée d’individus responsable de cette agression sont des adolescents, une majorité d’entre eux venant de l’extérieur de la communauté. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les expulser d’ici. »

Yigal Dilmoni, chef du Conseil de Yesha, l’organisation-cadre pro-implantations, a transmis un commentaire similaire au Times of Israel : « C’est un incident très grave. Nous méprisons toutes les violences commises à l’encontre de l’armée et des forces de sécurité ; nous remercions et nous respectons les soldats et les commandants qui nous protègent et qui permettent à notre présence de perdurer sur la terre d’Israël. Nous agirons de manière à faire partir ces criminels – dont la plupart ne vivent pas dans le secteur. »

Photo d’illustration : Les soldats israéliens regardent des habitants d’implantations masqués jeter des pierres à des manifestants palestiniens (non-visibles sur la photo) pendant une manifestation contre la construction d’un avant-poste israélien aux abords du village de Turmusaya et de l’implantation de Shilo, au nord de Ramallah, en Cisjordanie, le 17 octobre 2019. (Crédit : JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

Les résidents ont prévu une manifestation à 13 heures, qui sera organisée devant une base militaire voisine, pour soutenir l’armée et protester contre les violences contre les troupes.

« Les soldats qui ont été attaqués par surprise ont tiré en l’air et c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de morts (des deux côtés). Et un grand nombre de personnes, au sein de notre communauté, pense qu’une ligne rouge a été franchie et que nous ne pouvons pas garder le silence et continuer notre quotidien comme si de rien n’était », ont écrit les habitants dans un communiqué annonçant la manifestation.

Les violences sont intervenues après qu’un adolescent résidant d’Yitzhar a été arrêté vendredi soir sur la suspicion qu’il aurait menacé un commandant de la brigade d’infanterie de la brigade Golani de l’armée israélienne.

Le jeune avait été arrêté mercredi pour la première fois pour son implication présumée dans une altercation entre des habitants d’implantations et des Palestiniens, qui ont été séparés par la brigade Golani. Il a été libéré deux jours plus tard, et ses avocats ont affirmé qu’il avait été battu par un soldat israélien lors de son arrestation.

Deux jours plus tard, lors d’un exercice de la brigade Golani dans la zone, le commandant d’un bataillon, le lieutenant colonel Ayoub Kayouf était entré à Yitzhar dans son véhicule militaire et a été pris à partie par des résidents locaux. Plus tard ce soir-là, le jeune avait de nouveau été arrêté chez lui et a été placé en détention, pour la suspicion d’attaque.

Dans son communiqué sur l’incident, l’armée n’avait pas mentionné la moindre attaque physique sur Kayouf – seulement des menaces verbales.

« Vendredi, plusieurs résidents se sont rassemblés et ont bloqué un véhicule militaire à l’entrée de l’implantation d’Yitzhar, avait déclaré l’armée. L’un des habitants de l’implantation a ouvert la porte du véhicule et a menacé ses passagers. À ce moment-là, le commandant de l’unité, qui était dans le véhicule, est sorti et les habitants d’implantations ont quitté la zone. »

L’armée avait noté que l’incident avait fait l’objet d’une enquête en coopération avec la police israélienne et les responsables locaux, conduisant à l’arrestation du jeune.

« L’armée condamne sans équivoque toute attaque physique ou verbale contre ses soldats et considère cet incident comme étant très grave », avait ajouté l’armée.

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