Ashkelon, la plus touchée par les roquettes en 2021 et 2022, est toujours précaire en 2023
En quelques années, deux maisons ont été détruites par des roquettes lancées depuis Gaza ; 9 mois après la dernière escalade, de nombreux résidents n'ont toujours pas accès à des abris
Miryam Keren était dans sa cuisine lorsque la sirène d’alerte a retenti mercredi. Elle a réussi à se réfugier dans sa pièce sécurisée quelques secondes avant qu’une roquette n’explose dans son jardin. Les ondes de choc ont été si fortes que sa voiture a été projetée de l’autre côté de la rue et qu’une partie de sa maison a été complètement détruite.
« Elle a presque 80 ans. Nous envisageons de la transférer dans un hôtel », a déclaré son fils Guy, qui est venu à Ashkelon jeudi pour aider sa mère à trier les débris.
La maison de Keren est la deuxième à être touchée dans cette petite rue d’Ashkelon, par ailleurs idyllique, qui ne s’étend que sur quelques centaines de mètres et donne l’impression d’un cul-de-sac à la communauté qui l’entoure.
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La coquille évidée d’une ancienne maison, ruines d’une frappe précédente, se trouve juste à côté de sa maison. Une passoire à pâtes repose encore sur un égouttoir dans la cuisine, une souris d’ordinateur a été oubliée sur le sol et un canapé se dispute l’espace avec des fougères qui ont commencé à pousser dans l’ancien salon. Tout le mur du fond a disparu.
« On est dans la vieille ville, et ça se voit, une seule frappe et tout s’écroule », a déclaré Avishai Cohen, 42 ans, qui vit lui aussi dans ce quartier du centre-ville.
Les habitants ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la question de savoir si la deuxième maison a été touchée directement par une roquette l’année dernière ou si c’est arrivé il y a plusieurs années ; ils expliquent que leur mémoire des événements est confuse en raison des nombreux barrages de roquettes qu’ils ont subis. La famille de Keren affirme que c’était il y a cinq ans, et que c’est la première fois que sa maison avait été endommagée par une roquette, résultat de la frappe rapprochée qui a détruit la maison voisine.
Ashkelon a occupé le rang peu enviable de ville israélienne la plus touchée par les roquettes lors des conflits majeurs de 2022 et 2021 avec l’organisation terroriste de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas.
Et malgré cela, près d’un quart des habitants de la ville ne disposent toujours pas d’un abri adéquat. L’année dernière, le gouvernement précédent avait approuvé 320 millions de shekels pour renforcer la protection, dont une grande partie sous la forme de subventions aux habitants pour la construction de pièces sécurisées. Un porte-parole de la ville a confirmé que les fonds n’avaient pas encore été distribués.
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« Cette rue est un aimant à missiles », a déclaré le voisin Nissim Azoulai. Les quatre enfants et la femme de M. Azoulai étaient à la maison lorsque la roquette, lancée par le Jihad islamique palestinien dans le cadre d’une salve de 44 missiles en direction de la ville, selon le bureau du maire d’Ashkelon, a touché la maison de Keren.
« Maman voulait quitter la pièce sécurisée, mais quand elle a voulu sortir, il y a eu une onde de choc et la porte s’est refermée », a déclaré sa fille Talia, 10 ans, « c’était un boum très fort ».
Azoulai, Keren et leurs voisins, qui vivent dans des maisons indépendantes dotées de chambres sécurisées, sont, néanmoins, relativement chanceux.
À quelques tours de volant de là se trouve l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville, bordé d’immeubles d’habitation anciens et serrés les uns contre les autres. La plupart d’entre eux ne disposent pas d’un accès adéquat aux principales formes d’abris, à savoir les pièces blindées dans les appartements, les cages d’escaliers renforcées ou les abris partagés dans les immeubles, ni même d’abris publics dans les quartiers.
Assis sur un banc dans ce quartier, Moges, un immigrant éthiopien en Israël qui n’a pas souhaité décliner son patronyme, était accompagné de ses deux jeunes fils.
Lorsque les roquettes ont frappé mercredi, Moges a expliqué que sa famille s’était réfugiée dans la cage d’escalier. Comme beaucoup d’immeubles de ce quartier, elle a été construite bien avant que les terroristes palestiniens ne commencent à faire pleuvoir des roquettes sur les communautés du sud d’Israël. La cage d’escalier est entièrement à ciel ouvert.
« Nous avons eu peur », a déclaré Moges, en regardant ses enfants, à qui il avait demandé de jouer près de la cage d’escalier, qui n’offre qu’une protection dérisoire. « Ils auraient pu mettre un abri ici, il y a de la place », a-t-il ajouté, faisant signe vers le trottoir vide.
Au cours des neuf mois qui ont suivi le dernier affrontement majeur entre Israël et les terroristes de Gaza, la municipalité aurait distribué plusieurs dizaines de mini-abris, selon un porte-parole de la ville.
Certains, décorés de dessins humoristiques par les lycéens de la ville, se trouvent un peu plus loin dans la rue de Moges. Aucun n’est situé dans son quartier, et aucun n’est accessible entre le déclenchement d’une alarme et l’atterrissage d’une roquette.
Environ 40 000 habitants, soit près d’un quart de la population d’Ashkelon, se trouvent également mal protégés contre les roquettes, bien qu’ils ne se trouvent qu’à 10 kilomètres de la frontière nord de Gaza.
L’ancien député Alex Kushnir, qui a contribué à faire passer l’allocation de 320 millions de shekels par le ministère des Finances l’année dernière, a déclaré que, selon lui, l’argent est déjà passé du Trésor aux banques et qu’il n’attend plus que les approbations du ministère du Logement et de la Construction.
« Je suppose que le ministre du Logement a d’autres priorités », a-t-il déclaré avec ironie, alors qu’il visitait un centre de traumatologie à Ashkelon avec les législateurs actuels de son parti, Yisrael Beytenu. « Chaque fois qu’il y a un problème sécuritaire, les gens se souviennent qu’il y a un problème ici », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministère du Logement et de la Construction n’a pas répondu à une demande de commentaire sur le statut du financement.
« S’ils sont capables de trouver des fonds pour les préoccupations de la coalition, pour [le député Yahadout HaTorah] Gafni, alors ils devraient être capables » de financer des abris adéquats à Ashkelon, a déclaré le député du parti, Oded Forer, devant la maison en ruine de Keren.
Les politiciens sont actuellement en pleine course pour finaliser le budget biennal de l’État 2023-2024 avant la date butoir du 29 mai. 12,4 milliards de shekels de ce budget sont alloués à des promesses politiques, et notamment des milliards destinés à financer les intérêts des partis ultra-orthodoxes. Yitzhak Goldknopf, chef du parti haredi Yahadout HaTorah, dirige le ministère du Logement.
Le calme a été maintenu à Ashkelon jusque dans l’après-midi, alors que les négociations de cessez-le-feu sous médiation égyptienne se poursuivaient, et ce malgré la poursuite des tirs de roquettes et d’obus tout au long de la journée contre les communautés israéliennes les plus proches de la frontière de Gaza. Les abris municipaux se sont doucement vidés, mais les familles ont laissé derrière elles des matelas et des ventilateurs, en prévision d’un nouvel assaut soudain. Ils se sont à nouveau remplis plus tard dans la journée de jeudi, quand de nouvelles salves ont été tirées sur la ville.
En début de soirée, une roquette a touché une maison à Rehovot, faisant un mort et plusieurs blessés, dans la plus grave attaque à la roquette depuis le début des combats.
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait jamais envisagé de quitter le quartier en raison de la situation sécuritaire, Azoulai a répondu par la négative.
« J’ai vécu toute ma vie à Ashkelon », a-t-il déclaré. « Et c’est une rue extraordinaire, tranquille. Sauf quand elle ne l’est pas. »
« Toute ma famille est ici, mon travail est ici. Nous sommes habitués à cela, nous savons qu’il y aura toujours un autre cycle [de violence] », a expliqué Cohen.
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