Quelque 40 000 habitants d’Ashkelon n’ont toujours pas d’abri anti-bombe adéquat
Alors que la ville du sud absorbe le plus gros des tirs de roquettes de Gaza, des milliers de famille n'ont pas accès à des zones protégées lorsque retentissent les sirènes
Cet article a été rédigé avant l’accord de cessez-le-feu.
Au troisième jour de l’opération Aube, les rues d’Ashkelon étaient pratiquement désertes, alors que les alertes à la roquette semblaient incessantes. Pourtant, dans certains coins de la ville, une communauté souterraine a émergé dans les abris anti-bombes municipaux.
Les occupants de ces abris qui ont parlé au Times of Israel dimanche ont déclaré qu’ils auraient préféré être dans leurs propres maisons. Mais ils ont tous été contraints de choisir entre le confort et la sécurité, car ils font partie des quelque 40 000 habitants d’Ashkelon qui, bien qu’ils ne se trouvent qu’à une dizaine de kilomètres de la frontière nord de la bande de Gaza, n’ont toujours pas accès à un abri contre les roquettes digne de ce nom.
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S’il existe plusieurs options pour se protéger contre les tirs de roquettes en provenance de Gaza – dont les mamad [pièce fortifiée] dans les appartements, les cages d’escalier renforcées, les abris communs au sein des immeubles ainsi que les abris publics dans les différents quartiers – ces résidents ont déclaré que leur accès à l’une ou l’autre de ces options n’était pas toujours convenable. Avec seulement quelques secondes pour se mettre à l’abri lorsqu’une sirène d’alerte à la roquette retentit, même la minute requise pour quitter un immeuble et courir à découvert dans la rue vers un abri peut être trop longue.
Assise dans le coin qu’elle a revendiqué dans un abri municipal, Ksenia, 49 ans, raconte qu’elle a déjà passé deux semaines ici en mai dernier, pendant l’opération Gardiens des murs.
« J’ai de l’asthme, j’étais aux soins intensifs à cause du coronavirus », a déclaré cette femme originaire de Russie qui a refusé de donner son nom de famille. « Je ne peux pas courir du quatrième étage jusqu’au bas de la cage d’escalier en sept secondes. De plus, nous n’avons pas d’abri digne de ce nom. »
Dans un autre abri, Markab Kiflum, 37 ans, et ses deux sœurs sont allongées, épuisées, dans des coins séparés. Leurs 12 enfants courent, rampent et se bousculent autour d’elles. Lorsqu’une étrangère entre, la petite de Kiflum qui a 4 ans la méprend pour son institutrice de maternelle et l’accueille chaleureusement en la serrant doucement autour de ses genoux.
Ksenia, Kiflum et plusieurs autres personnes ont déclaré qu’elles avaient passé la plupart du temps dans les abris publics, beaucoup d’entre elles avec leurs jeunes enfants, pendant toute la durée des combats entre Israël et le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza contrôlée par l’autre groupe terroriste du Hamas vendredi.
Étendus sur des matelas en mousse, entourés de sacs en plastique contenant de l’eau et des en-cas, trébuchant sur les jouets des enfants et les chargeurs de téléphones portables, elles ont dit qu’elles étaient restées tout le temps là, ne prenant le risque de rentrer que pour manger et se doucher.
Ce sont les habitants d’un quartier appelé Shimshon, dans la partie la plus ancienne de cette ville moyenne du sud d’Israël. Beaucoup d’entre eux sont des olim [nouveaux immigrants], des personnes âgées ou des personnes financièrement défavorisées. Selon la mairie d’Ashkelon, la majorité du quart des 150 000 habitants d’Ashkelon qui n’ont pas de logement adéquat vivent ici.
Près de 1 000 roquettes ont été tirées sur Ashkelon pendant le conflit de 2021 entre Israël et le Hamas, faisant d’Ashkelon la municipalité la plus touchée par les tirs pendant les onze jours de combat. Dimanche soir, plus de 110 roquettes avaient été tirées en direction de la ville au cours du dernier cycle, en 30 volées distinctes, dont chacune a déclenché les sirènes.
Un porte-parole du maire Tomer Glam a déclaré que plusieurs promesses de financement par l’État d’abris supplémentaires ne se sont jamais concrétisées, notamment une allocation de 320 millions de shekels pour améliorer les abris dans le quartier de Shimshon. La ville et le commandement du Front intérieur de l’armée israélienne sont encore en train de réfléchir au type d’abris à fournir, ce qui contribue à l’impasse.
Selon le bureau du maire, Glam a contacté le bureau du Premier ministre Yair Lapid après le déclenchement des derniers combats afin d’obtenir un financement accéléré et une solution immédiate.
Tout le monde n’a pas la force mentale nécessaire pour vivre dans des abris municipaux, dont la qualité et la propreté varient. Un abri installé au bord de la route, à l’extérieur d’un immeuble d’habitation en ruine que le Times of Israel a visité, était devenu une maison de squatters et contenait des excréments humains.
Certaines familles choisissent de rester dans leurs maisons, même si leurs immeubles d’habitation n’offrent que peu de protection.
« Je suis seule avec deux enfants, je ne peux même pas sortir faire mes courses. Je dois réfléchir avant de prendre une douche », a déclaré une mère célibataire qui a demandé à être identifiée uniquement comme P. « Nous n’avons aucun endroit pour nous protéger. L’abri ici ne convient pas parce qu’il est rempli de ballons de gaz », a-t-elle déploré, expliquant pourquoi elle et ses voisins se rassemblent sur le perron devant la cage d’escalier du bâtiment. Avec un grand hall ouvert sans porte, la cage d’escalier semble apporter un confort psychologique plutôt qu’une protection réelle.
« Ce sont de vieux quartiers ignorés de la ville, et il y a des bâtiments encore pires que celui-ci. Même s’ils voulaient y installer des abris, ils ne peuvent pas, il n’y a pas de place », a déclaré P.
« C’est stressant », a-t-elle ajouté, en regardant ses deux jeunes enfants qui jouent sous le portique de l’immeuble.
Puis elle a regardé l’immeuble d’habitation au coin de sa rue. En 2018, dit-elle, quelqu’un est mort dans son lit lorsqu’une roquette a frappé son appartement.
Shai Naga, 38 ans, a emménagé dans cet immeuble récemment réhabilité, après le départ de plusieurs familles suite à la frappe directe de roquettes.
Venant de la ville de Netivot, ravagée par les roquettes, la situation à Ashkelon lui semble être une amélioration, même si, ajoute-t-il, sa femme et ses enfants sont toujours nerveux.
Travaillant à l’extérieur malgré le bourdonnement constant des interceptions du Dôme de fer au loin, Naga fait un geste vers l’immeuble d’habitation.
« Ils ont tout rafistolé ici, tout le côté gauche du bâtiment avait été entièrement détruit. Mais, là, on peut encore voir les éclats d’obus », dit-il en montrant le mur.
Si plusieurs habitants du quartier insuffisamment protégé ont dit qu’ils y étaient « habitués », ou qu’ils n’avaient pas les moyens de déménager, ou qu’ils ne voulaient pas quitter un quartier où vivent leurs familles très soudées, ils ont tous dit qu’ils voulaient que la ville et l’État améliorent leur sécurité. Et l’état de leurs nerfs.
« Je ne pense pas que ce soit bien, qu’ils nous tirent des missiles depuis Gaza et qu’il y ait une opération », dit le fils de P., 8 ans, avant de se retourner pour dessiner avec sa craie.
Ksenia, lisant sur son téléphone, a dit que ses mains avaient recommencé à trembler.
« Chaque fois que j’entends une sirène, je tremble », a-t-elle dit, ajoutant que cela s’est aggravé au fil des ans, depuis que les terroristes basés à Gaza ont commencé à tirer des roquettes sur Ashkelon.
« J’aimerais avoir un abri », a-t-elle dit.
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